Des gouvernements n’ont pas tenu leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre

3,7°C d’ici 2100

22 novembre 2013, par Céline Tabou

Selon le bilan de Climate Action Tracker, publié le 20 novembre à Varsovie, la Terre se prépare à une hausse de température de 3,7°C au-dessus des moyennes de l’époque préindustrielle à l’horizon 2100, au lieu d’une hausse de 3,1°C.

Pour la généralisation des énergies renouvelables, il faudra investir 1.000 milliards de dollars par an, estime l’Agence internationale de l’énergie.
(photo d’archives Toniox)

Ce rapport met directement en cause, les gouvernements qui n’ont pas tenu leurs promesses de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Cette annonce en marge de la 19e conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques contraste avec l’absence d’engagement de réduction d’émissions de CO2 pris en 2009 lors du sommet des Nations unies sur le climat à Copenhague, par les pays pollueurs.

« Risque sérieux de spirale »

Le seuil de 2°C, fixé les gouvernements dans le cadre des négociations climatiques, ne devrait pas être tenu, d’autant que les engagements pris à Copenhague ne sont pas tenus. Ceux-ci sont désormais insuffisants et ne pourront plus contenir le réchauffement à 3,1°C. « Il y a un risque sérieux de spirale vers le bas. Certains gouvernements renient complètement leurs engagements. D’autres ne retiennent plus que la fourchette basse des objectifs qu’ils s’étaient fixés » , s’est indignée Niklas Höhne, un des porte-parole de Climate Action Tracker, réseau d’instituts scientifiques spécialisé dans l’évaluation des politiques climatiques.

Les ONG "vertes" se plaignent du flou qui règne en matière d’aide à apporter aux pays en développement pour les aider à réduire leurs émissions. « On ne voit pas de feuille de route pour le financement, seulement des sommes anciennes dans un nouvel emballage ou de l’argent réorienté en provenance d’autres budgets », a expliqué à l’“Agence France Presse”, Dipti Bhatnagar, de l’ONG Friends of the Earth International.

Des disparités persistent entre pays riches et pays pauvres. De nombreux pays riches ont mis l’accent sur leur relance économique et préférant mettre de côté la note du réchauffement . « On ne peut pas avoir un système avec une compensation automatique chaque fois qu’un événement climatique sévère se produit quelque part sur la planète », a justifié de son côté, la commissaire européenne chargée du Climat, Connie Hedegaard.

Cependant, les pays industriels ont promis d’augmenter les sommes allouées à l’aide aux pays en développement pour la porter à 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2020, contre 10 milliards sur la période 2010-2012. Le typhon Haiyan est un exemple même de l’importance d’un fonds commun pour l’aide à la reconstruction et aux aides d’urgence.

Les négociateurs internationaux ont créé le "Green Climate Fund", destiné à accueillir une partie des 100 milliards de dollars, mais ce fonds est vide et ne sera pas alimenté avant le second semestre 2014. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé que des investissements supplémentaires de 1.000 milliards de dollars par an seront nécessaires à l’horizon 2020 pour le seul secteur énergétique afin qu’il se réoriente vers des sources d’énergie plus propres.

Bons et mauvais élèves

Deux pays sont désignés, le Japon et l’Australie. Le premier a annoncé que ses émissions de CO2 augmenteraient de 3,8 % d’ici à 2020, contre une diminution promise de 25%. Niklas Höhn a expliqué que « l ’accident de Fukushima ne peut justifier ce changement. Nous avons calculé que remplacer toutes les centrales nucléaires par des centrales à charbon, n’expliquerait qu’un tiers de ce nouvel objectif ». Pour le second, le gouvernement a décidé d’abandonner son système de taxation du carbone. « Ces signaux négatifs tendent à l’emporter sur les signaux positifs » comme par exemple l’interdiction des centrales au charbon dans certaines zones en Chine, a indiqué le rapport.

Malgré des efforts annoncés ces derniers mois, la Chine et les États-Unis, restent les deux plus gros pollueurs de la planète. Ces derniers devront mener une politique plus offensive pour respecter leurs objectifs. Les États-Unis ont promis de réduire leurs émissions de 17% par rapport à 2005 et la Chine de réduire le contenu en carbone de sa croissance de 40 à 45% d’ici à 2020.

A contrario, l’Union européenne fait partie des bons élèves, avec un objectif de réduction de 20% qui devrait être atteint d’ici à 2020. Cependant, pour l’organisation Carbon Action Tracker, l’Europe « ne pourra pas se contenter des politiques actuelles et devra faire des efforts importants si elle veut parvenir à réduire de 80% ses émissions d’ici à 2050 ». Il est à noter toutefois que le projet de Nouvelle Route du Littoral pourrait donner un mauvais point à la France, alors que celle-ci s’est engagée à protéger l’environnement. L’Inde, le Brésil et la Norvège font également partie des rares pays à être classés parmi les bons élèves, a expliqué “Le Monde”.

Céline Tabou


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