L’AIE annonce un inquiétant record de pollution

30.600 millions de tonnes de gaz à effet de serre rejetés en 2010

31 mai 2011

Après une baisse de 300 millions de tonnes en 2009 liée au ralentissement économique provoqué par la crise financière, les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse l’an dernier : 30.600 millions de tonnes de plus. Cette dramatique augmentation est provoquée en grande partie par les centrales thermiques destinées à la production d’électricité.

Dans son édition d’hier, le "Guardian" révèle une estimation de l’Agence internationale de l’énergie. Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint en 2010 un niveau record dans l’Histoire : 30.600 millions de tonnes émises dans l’atmosphère. Cette hausse rapide signifie que l’objectif de limiter la hausse des températures à un niveau inférieur à 2 degrés est juste « une gentille utopie » selon Fatih Birol, économiste en chef à l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Cette hausse en 2010 montre que la plus grande récession des 80 dernières années n’a eu qu’un impact minimal sur les émissions, contrairement aux prévisions. En 2008, 29.300 millions de tonnes avaient été émises, et 29.000 millions en 2009, une baisse imputable à la crise économique et la récession. « Nous nous attendions à un rebond, mais pas à ce point », dit en substance l’expert de l’AIE.
L’an dernier, ce sont les carburants brûlés dans les moteurs des automobiles et des centrales thermiques qui sont les principaux responsables d’une hausse de 1.600 millions de tonnes de gaz à effet de serre.
« Je suis très inquiet. C’est la pire nouvelle au sujet des émissions de gaz à effet de serre », a indiqué Fatih Birol au "Guardian". Cela devient un véritable défi de maintenir le niveau des températures en dessous d’une hausse de 2 degrés par rapport à la température moyenne de l’époque pré-industrielle.
Si les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter, alors la hausse moyenne des températures ne sera pas de 2 mais de 4 degrés d’ici 2100.
« Ce réchauffement pourrait perturber la vie et les moyens de subsistance de centaines de millions de personnes à travers le monde, conduisant à des migrations de masse et des conflits », explique le responsable de l’AIE.
L’Agence internationale de l’énergie a estimé que si le monde veut échapper aux effets les plus dommageables du réchauffement climatique, les émissions de gaz à effet de serre ne doivent pas dépasser 32.000 millions de tonnes d’ici 2020. Cette année, la hausse a été telle que cette limite sera atteinte neuf ans plus tôt que prévu.
John Sauven, directeur exécutif de Greenpeace Grande-Bretagne, dit qu’il est plus que temps d’agir. « Maintenant plus que jamais, les responsables politiques à tous les niveaux doivent ouvrir les yeux sur le risque considérable lié à la poursuite de l’extraction des dernières réserves de carburants fossiles », a-t-il expliqué en substance.
Environ 80% des centrales qui seront probablement en service en 2020 sont déjà construites ou alors en chantier, indique l’AIE. La plupart d’entre elles sont des centrales thermiques au fuel, et elles vont continuer à polluer sans doute jusqu’au milieu du siècle.
À cela s’ajoute la remise en cause de programmes de centrales nucléaires dans des pays comme le Japon et l’Allemagne. Comment faire pour que la transition vers une production à 100% énergie renouvelable puisse se faire sans augmenter la pollution liée aux centrales thermiques ?
La semaine prochaine, les gouvernements ont rendez-vous à Bonn pour des discussions sous l’égide de l’ONU dans le but d’arriver à signer un accord sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Des progrès seront-ils au rendez-vous ?


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