Aux Vanuatu, le cyclone Pam n’a laissé que des ruines

330 km/h à La Réunion, que restera-t-il après un cyclone comme Pam ?

16 mars 2015, par Manuel Marchal

Dans la nuit de vendredi à samedi, le cyclone Pam a traversé l’archipel des Vanuatu. Les vents ont soufflé à 330 km/h. Cela s’est accompagné de vagues énormes et de pluies torrentielles. 90 % des bâtiments de Port-Vila, la capitale, sont touchés. Les observateurs comparent les dégâts à ceux d’un bombardement. Quand un cyclone aussi violent touchera La Réunion, que restera-t-il ? Toutes les mesures de sécurité doivent être donc réévaluées, tandis que la vulnérabilité de la nouvelle route en mer dite NRL est de nouveau démontrée. Pourquoi continuer à jeter l’argent dans la mer ?

Les propriétaires de ces bateaux imaginaient-ils que les vagues de Pam allait briser les amarres ? (photo Care Australia)

En 2013, le cyclone Haiyan avait durement frappé les Philippines. Il était alors le plus puissant ouragan jamais mesuré. Deux ans plus tard, Pam a ravagé les Vanuatu, il était encore plus intense. Des vents à plus de 330 km/h, des vagues énormes et des pluies diluviennes ont laissé derrière elles un champ de ruines. La capitale des Vanuatu a subi un tel choc que les premiers secouristes arrivés sur place d’Australie ont cru survoler une ville bombardée. Même une partie du toit de l’hôpital a été emportée. Pam est une catastrophe à l’échelle du Pacifique, avec des dégâts importants dans des pays touchés par la queue du cyclone. Aux Kiribati, la principale route-digue a été submergée par les vagues. En Nouvelle-Calédonie, les îles du nord ont dû faire face à des fortes pluies.

La Réunion concernée

La Réunion partage au moins un point commun avec les Philippines et Vanuatu : elle est située sur la trajectoire des cyclones. Haiyan et Pam appartiennent à une nouvelle classe de ces phénomènes. Jamais de telles tempêtes n’ont été observées. Dans son histoire, La Réunion a connu des cyclones intenses. Celui de 1948 avait rayé de la carte la ville de Saint-Leu, transformée en un lit de rivière d’où émergeaient quelques cases. Plus tôt en 1932, un autre avait quasiment détruit l’usine sucrière de l’Éperon. À ce moment, La Réunion comptait 250.000 habitants. Le moyen de transport principal était le train. Entre Saint-Denis et La Possession, il n’a pas eu à subir d’interruption, car il passait sous un tunnel. Depuis 1948, la population de La Réunion est passée à près de 900.000 habitants. L’urbanisme s’est développé sur les pentes et dans les lits majeurs de plusieurs ravines. Une seule est canalisée jusqu’à son embouchure, c’est la rivière des Galets.

Depuis 1948, les cyclones ont gagné en intensité. Le changement climatique s’est aggravé au cours des dernières décennies. Difficile de croire qu’il ne soit pas sans influence dans la formation de ces nouveaux super-cyclones. Si un météore comme Pam passait sur La Réunion, que restera-t-il ? Quels sont les bâtiments qui peuvent résister à des vents de 330 km/h ? Quels sera l’état des routes après de telles pluies ?

Le danger de la NRL

Aussitôt se pose alors la question de l’impact sur la nouvelle route du littoral. Ses partisans disent qu’elle pourra résister à une houle centennale. Mais ont-ils prévu le choc des nouveaux super-cyclones qui n’existaient pas au moment où tout a été calculé ?

À la fin de l’année se tient la conférence de Paris sur le climat. François Hollande a souhaité la lancer depuis les Philippines, parce que ce pays a pris de plein fouet un super-cyclone. Après Pam, la mobilisation va encore monter. Dans ce contexte, la priorité est la protection de la population et des investissements. La France soutiendra-t-elle encore longtemps un projet aussi dangereux que la nouvelle route en mer dite nouvelle route du littoral ou NRL ?

A la Une de l’actuRoute du littoralAccord de Paris sur le climatCyclones et ouragans

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus