La capitale de l’Indonésie cherche à se protéger de la montée du niveau de la mer

35 kilomètres de digue pour protéger Jakarta

18 septembre 2015, par @celinetabou

En octobre 2014, la capitale indonésienne a lancé la construction d’une « grande muraille » dans la mer pour lutter contre les inondations. Cette digue sera la plus grande du monde et devrait éviter à Jakarta d’être submergé par les eaux à chaque mousson.

Inondations en 2013 à Jakarta. La montée du niveau de la mer entraîne de gigantesques travaux d’adaptation.

La ville de Jakarta s’enfonce de 12 centimètres par an, et certains quartiers sont déjà plusieurs mètres en dessous du niveau de la mer. Selon certains experts, si aucune mesure n’est prise rapidement, la ville pourrait être engloutie par la mer d’ici 10 ans et causer de sérieux dégâts humains et matériels.

Un enjeu de vie ou de mort

En 2014, Purba Robert M. Sianipar, responsable du ministère de l’Économie, a expliqué à l’AFP, qu’il s’agit d’une « situation de vie ou de mort », car de nombreuses habitations ont déjà été dévastées lors de précédentes inondations et d’autres risqueraient d’être complètement englouties.

Les autorités ont commencé à s’alarmer en 2007, lorsque des quartiers entiers se sont retrouvés sous les eaux, parce que les digues construites pour contenir l’eau de la mer avaient cédé pour la première fois par la marée haute.

Plusieurs hypothèses avaient été évoquées à cette époque pour expliquer la submersion des digues. Mais beaucoup se sont accordés à dire que le pompage massif de la nappe phréatique pour les besoins de la population avait provoqué un affaissement des sols. Ce phénomène est d’ailleurs visible à Ho Chi Minh Ville et à Bangkok, où la banlieue de la ville avait été engloutie par les eaux, en 2011.
A Jakarta, la situation est d’autant plus dramatique, car de nombreux quartiers sont construits sur de l’argile molle et s’enfoncent donc chaque année, de près de 14 centimètres, laissant craindre la disparition de ces derniers.

Des responsables impliqués dans le projet de la « grande muraille » avaient expliqué à l’AFP que l’affaissement inexorable de ces zones habitables, signifiait que les 13 rivières ou fleuves de la ville pourraient également se retrouver en dessous du niveau de la mer et donc cesser de s’écouler. Augmentant ainsi les risques d’inondations.

Des îles et une « grande muraille » pour résoudre les problèmes

La digue devrait s’étendre sur 35 km le long de la baie de Jakarta sur la côte nord de la ville, avec 16 mètres sous la mer et 7 mètres au-dessus. Ce projet est estimé à plus de 35 milliards d’euros. Pour pouvoir réaliser cet ouvrage, il est prévu d’aménager 17 nouvelles îles, afin d’y loger 1 million d’habitant sur les 10 millions qui vivent dans la capitale actuellement et où la pression immobilière reste très forte.

Le chantier a déjà débuté. Des navires équipés de grues, des bulldozers et des pelleteuses ont déjà commencé la construction, qui ne s’élève pour le moment qu’à trois mètres de haut. Une fois terminé, la digue devrait ressembler à une grande muraille, qui bloquera la marée dans un sens, tout en laissant s’écouler les rivières et l’eau de pluie dans l’autre.

Cependant, des voix se sont élevées contre le président sortant en octobre 2014, Susilo Bambang Yudhoyono, qui a voulu à tout prix lancer ce projet avant de passer la main. Des groupes de défense de l’environnement ont dénoncé les risques liés à sa réalisation pour les animaux marins, la faune et la flore ainsi que toute la biodiversité de la zone.

Certains hauts fonctionnaires responsables de l’aménagement urbain ont fait par de leur mécontentement parce qu’ils n’avaient pas été suffisamment consultés, ni même écoutés. Sur le plan financier, des doutes persistent quant à la possibilité pour les autorités de débourser plus de 35 milliards d’euros, alors que le pays connaît un ralentissement de son économie.

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