Retour sur la conférence de Copenhague

350 ppm : la condition de la survie des îles fixe la limite à ne pas dépasser pour toute l’humanité

24 décembre 2009, par Manuel Marchal

Depuis lundi, ’Témoignages’ a commencé à reproduire les discours prononcés à la tribune de la Conférence de Copenhague par les chefs d’États et de gouvernement des îles. Ces dernières se sont regroupées dans une organisation appelée AOSIS. Dès le début de la conférence de Copenhague, l’AOSIS a reçu le soutien de nombre d’ONG, et d’autres groupes tels que le G77+Chine et l’Alliance bolivarienne des peuples des Amériques. L’AOSIS avait en effet présenté un projet visant à créer les conditions de la survie des îles : ne pas dépasser 350 ppm, afin que la température du globe ne dépasse pas 1,5 degré. L’’Accord de Copenhague’ qu’ont tenté d’imposer les pays riches prévoit théoriquement bien plus, soit 450 ppm. C’est pourtant ce texte que les pays sont invités à signer.

350 : c’est la concentration de CO2 en parts par million dans l’atmosphère qu’il ne faut pas dépasser pour que les îles et les peuples des littoraux puissent vivre dignement. 350 ppm, c’est aussi le plafond à ne pas franchir pour que les peuples du continent africain ne voient pas leur environnement connaître une dégradation irréversible. 350 ppm : au-delà de cette valeur se pose la question de l’existence durable des glaciers en Amérique du Sud et en Asie. 350 ppm est en effet la limite à ne pas dépasser pour que la température moyenne de la Terre n’augmente pas de plus de 1,5 degré par rapport à son niveau d’avant l’industrialisation de l’Occident. C’est la condition de la survie des pays insulaires, dont 43 sont regroupés dans l’AOSIS, et des peuples des littoraux.
« Nous sommes sur la ligne de front du changement climatique », n’a cessé d’affirmer la négociatrice en chef de l’AOSIS, Dessima Williams, de Grenade, et il est clair que « nous n’accepterons jamais un accord prévoyant une hausse des températures de plus de 1,5 degré, et une concentration en CO2 supérieure à 350 ppm ».
Une hausse de la température supérieure à 1,5 degré, c’est la noyade assurée pour Tuvalu, les Maldives, une part importante du Bangladesh et d’autres îles et pays côtiers. Mais cela signifie aussi une menace pour la survie des coraux. Cela veut dire également des cyclones plus violents et plus fréquents.

Exprimée en premier lieu par les îles, cette limitation de la hausse de la température à +1,5 degré est aussi une revendication du G-77+Chine, ainsi que de l’ALBA. Exprimée en premier lieu par les représentants des îles, la revendication de 350 ppm est soutenue par les représentants d’une grande majorité de la population mondiale.
Elle est aussi soutenue par les ONG présentes à la Conférence de Copenhague, et dans les mots d’ordre des milliers de manifestations qui ont eu lieu le 12 décembre dernier, lors de la journée mondiale de mobilisation sur le Climat.

Manuel Marchal


Au-delà de 350 ppm : l’Afrique et l’Amérique du Sud risquent de très grandes souffrances

Regroupant plus de 120 pays, et notamment ceux d’Afrique, le G-77 avait pour négociateur en chef l’ambassadeur Lumumba Ah-Pine. Ce dernier a expliqué à de multiple reprise pourquoi il ne fallait pas que la hausse de la température soit supérieure à 1,5 degré. L’Afrique, a-t-il dit, est déjà confrontée au changement climatique. Et une hausse de deux degrés de la température moyenne de la Terre signifie pour l’Afrique une hausse de 3,5 degrés. La conséquence, ce sont des sécheresses plus intenses, et une diminution des rendements des terres cultivées pendant que la population ne cesse d’augmenter.
Pour les peuples qui tirent une partie importante de leur existence de l’eau douce fournie par les glaciers, 1,5 degré est la limite à ne pas dépasser. Cela explique pourquoi l’ALBA (Alliance bolivarienne des peuples des Amériques) en fait une exigence, car dès maintenant les peuples de la cordillère des Andes voient fondre les glaciers qui apportent l’eau toute l’année.


Les pays riches plus près de 700 que de 350 ppm

Ne pas dépasser 350 ppm : cet objectif peut être atteint. Il suffit que les pays riches admettent leur responsabilité historique dans le déclenchement et l’amplification du changement climatique. Cette reconnaissance implique donc des mesures de réparations de plusieurs ordres.
Ce sont tout d’abord des mesures drastiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre : -40% au moins d’ici 2020, et -95% d’ici 2050.
C’est ensuite la paiement par les pays riches de la "dette climatique" sous forme de la constitution d’un fonds de solidarité de plusieurs centaines de milliards de dollars par an. Ce fonds servira à financer les plans d’adaptation au changement climatique des pays du Sud, frappés par cette catastrophe déclenchée par le Nord.
Il est d’ailleurs à noter que les documents officiels de négociation publié par plusieurs organes de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique prennent en considération ces mesures.
Mais tout le monde a pu constater qu’au lieu d’assumer leur responsabilité, les dirigeants des pays riches ont essayer d’imposer une contre-proposition qui ne les engage à rien. Ce texte dit "Accord de Copenhague" se donne comme objectif une hausse de 2 degrés, soit 450 ppm. Mais puisque ce texte ne fixe aucune contrainte aux pays riches, ils s’autorisent donc à polluer comme bon leur semble. Et selon plusieurs sources, l’"Accord de Copenhague", cela signifie plus de 700 ppm. Autant dire que pour préserver les intérêts de quelques privilégiés, c’est la survie de nombreux États que les dirigeants des pays riches sont prêts à sacrifier à court-terme.

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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