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+4 degrés : la plus grande catastrophe est devant nous

Coup de tonnerre à 7 jours de la Conférence de Doha sur le climat

mercredi 21 novembre 2012, par Manuel Marchal


Le rapport publié par la Banque mondiale pousse les dirigeants du monde à accélérer la transition vers l’autonomie énergétique à partir des énergies renouvelables. Il montre la sous-estimation de la crise environnementale avec des prévisions bien plus pessimistes. À La Réunion, la sous-estimation est encore plus grande, car au moment où le monde prend connaissance du rapport de la Banque mondiale, une entreprise extérieure au pays peut tranquillement annoncer qu’elle va augmenter ses émissions de gaz à effet de serre.


(photo Imaz Press Reunion)

À une semaine de l’ouverture de la 18ème Conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, une étude publiée par la Banque mondiale confirme la sous-estimation de la crise. Si tous les pays respectent leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, alors la hausse de la température sera de 4 degrés à la fin du siècle. D’ici là, les coraux auront quasiment disparu, la moitié de la population du monde connaîtra des pénuries d’eau et la sécheresse sera devenue la norme à La Réunion.

La plus grande catastrophe de l’Histoire de l’humanité est devant nous, elle se réalisera si les dirigeants du monde sont incapables de remettre en cause le système responsable de la crise environnementale.

Grave sous-estimation

Cette sous-estimation est encore plus criante à La Réunion, où la population n’est pas informée des graves problèmes qui vont arriver.

Cette sous-estimation est illustrée par l’annonce d’EDF. Au moment où la Banque mondiale publie ce rapport qui exhorte les responsables politiques à rompre avec les énergies fossiles, Electricité de France annonce tranquillement dans la presse qu’elle a lancé une consultation pour la construction d’une nouvelle centrale au fioul à La Réunion. C’est comme si certains essaient de faire croire que La Réunion sera miraculeusement préservée de tous ces changements. Or, le rapport publié par la Banque mondiale montre précisément que ce sont les pays situés dans la zone intertropicale, et en particulier les îles, qui seront les plus touchés par les effets du changement climatique.

Pour des décisions de rupture

Une telle annonce découle de la solidarité de classe des conservateurs de droite comme de gauche qui ont permis à Didier Robert de prendre la Direction de la Région et de casser le projet d’autonomie énergétique.

Les 40 mégawatts qu’EDF compte tirer de la combustion des énergies fossiles sont une énorme pollution. Elle est évitable, car La Réunion ne manque pas d’énergies renouvelables. Dans le sous-sol du volcan, ces 40 mégawatts auraient pu être largement trouvés et exploités si Didier Robert n’avait pas stoppé les recherches sur la géothermie.

À l’échelle du monde, la Banque mondiale estime que la situation peut s’améliorer si des décisions politiques sont prises. Si tel est le cas, elles amèneront une rupture avec un modèle qui fonctionne grâce aux énergies fossiles ou fissiles, et qui tente de se perpétuer avec le gaz de pétrole de schiste.

À La Réunion, c’est également la rupture qui nous permettra d’en finir avec ces énergies polluantes qui nous coûtent si cher sur tous les plans. C’est ce que propose l’autonomie énergétique.

Manuel Marchal

Dr. Jim Yong Kim, Président de la Banque mondiale

« Le changement climatique influe sur tout »

« J’ai l’espoir que ce rapport nous fasse un choc tel qu’il nous pousse à agir. Même pour ceux d’entre nous qui sont déjà impliqués dans la lutte contre le changement climatique, j’espère que ce rapport les fera travailler avec un sentiment d’urgence encore plus fort.

Ce rapport décrit ce que sera le monde si le réchauffement climatique atteint 4°C, et selon les prévisions quasi-unanimes des scientifiques, c’est ce qui se produira avant la fin du siècle en l’absence d’un changement drastique de politique.

Les scénarios d’élévation de 4°C de la température sont accablants : inondation des villes côtières, menaces sur la production alimentaire menant à une hausse des taux de sous-alimentation et de malnutrition ; désertification accrue des régions sèches, humidification accrue des régions humides ; vagues de chaleur sans précédent dans de nombreuses régions, en particulier sous les tropiques ; aggravation substantielle de la pénurie d’eau dans de nombreuses régions, augmentation de la fréquence des cyclones tropicaux de grande intensité ; perte irréversible de biodiversité, avec notamment la disparition des récifs coralliens.

Et, plus grave encore, une planète à +4°C serait si différente de celle que nous connaissons actuellement qu’elle susciterait de grandes incertitudes et que de nouveaux risques menaceraient les capacités de prévision et de planification indispensables à notre adaptation à ces nouvelles exigences.

Si des mesures ne sont pas prises pour lutter contre le changement climatique, non seulement l’accession à la prospérité de millions d’habitants des pays en développement sera compromise, mais les efforts de développement durable déployés depuis des décennies seront remis en cause. (…)

Nos efforts en faveur d’une croissance verte et solidaire ont montré qu’une utilisation plus efficace et plus intelligente de l’énergie et des ressources naturelles ouvre de nombreuses possibilités de réduction drastique de l’impact du développement sur le climat, sans pour autant freiner ni la lutte contre la pauvreté, ni la croissance économique.

Ce rapport nous rappelle avec force que le changement climatique influe sur tout. Les solutions ne se trouvent pas uniquement dans le financement des interventions climatiques ou les projets climatiques. Il faut aussi les chercher dans la gestion efficace des risques et s’assurer que tous nos efforts, toutes nos réflexions intègrent la menace d’une planète à +4°C. Le Groupe de la Banque mondiale se montrera à la hauteur de ce défi. »

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