La dette climatique de l’Occident

400 milliards de dollars par an : le prix d’une responsabilité historique

16 décembre 2009, par Manuel Marchal

Le réseau Jubilee South et la délégation de la Bolivie ont tenu lundi une conférence de presse lors de laquelle ils ont précisé le concept de dette climatique et de réparation. Les émissions de gaz à effet de serre par les pays riches ont été comparées à un crime contre l’humanité par Jubilee South.

24.000 milliards de dollars, c’est le coût de la dette écologique des pays riches estimé par le réseau Jubilee South, « c’est quelque chose que le Nord ne rendra plus, il doit aider le Sud à s’adapter ». Avec la délégation de Bolivie, cette organisation a tenu lundi une conférence de presse où a été précisé ce que signifie le concept de la dette climatique du Nord, et celui de la réparation.
Pablo Solon, Ambassadeur de la Bolivie à la Conférence de Copenhague, explique que cette dette de l’Occident est de trois ordres : dette pour les émissions, dette pour l’adaptation des pays du Sud, dette envers la Terre-mère.
C’est tout d’abord la dette pour les émissions de gaz à effet de serre. Le seul moyen de payer cette dette est une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre des pays riches. L’espace utilisé par les pays du Nord pour polluer est également un espace pris au développement des pays du Sud.

Réparer les dégâts infligés à la Terre-mère

C’est ensuite la dette pour l’adaptation qui est décrite par Pablo Solon. « Nous avons besoin de construire des écoles, des hôpitaux, et il faut aussi financer des mesures d’adaptation, nous n’avons pas les moyens pour tout, que faisons-nous ? », dit-il en substance. Les pays riches ne connaissent pas en effet ces problèmes d’équipement, ils ont déjà des écoles, des hôpitaux, des infrastructures. « Les pays développés ont créé le problème, ils doivent payer », ajoute-t-il. Ce fonds de 400 milliards de dollars par an serait administré par l’Organisation des Nations Unies (ONU).
C’est enfin la dette pour la Terre-mère, c’est là que se situe la question de la réparation. Car avec les émissions de gaz à effet de serre, les pays du Nord ont pollué la Terre, « ils ont endommagé notre maison, la Terre-mère », indique Pablo Solon, qui précise une autre revendication : la Déclaration des droits de la Terre-mère.

Jubilee South fustige l’attitude des pays riches. Il prend l’exemple de l’Espagne, dont le gouvernement est celui qui respecte le moins les engagements du Protocole de Kyoto. « Nous devons traîner ce gouvernement devant un Tribunal international pour crime écologique, crime environnemental », ajoute l’organisation. Et de souligner que les émissions de gaz à effet de serre des pays riches peuvent être comparées à un crime contre l’humanité.

Payer la dette climatique

Des êtres humains décèdent, des peuples sont touchés, des écosystèmes sont irrémédiablement touchés, c’est le résultat des souffrances infligées par les pays riches à travers le changement climatique, insiste Jubilee South.
Les dommages envers la nature doivent être réparés, et pour payer sa dette, l’Occident a la possibilité de financer les mesures d’adaptation des pays du Sud au changement climatique.
Au cœur des revendications de la manifestation de samedi, la dette climatique est un concept qui rassemble les représentants de 80% de l’humanité, ces 80% qui ont eu à souffrir de la colonisation et qui, maintenant, subissent de plein fouet les effets d’un changement climatique déclenché et amplifié par les gouvernements des pays riches.

Manuel Marchal


L’Europe peut mieux faire

La proposition d’un fonds de 10 milliards de dollars par an pour financer les mesures d’adaptation du Sud est jugée insuffisante par Jubilee South. L’organisation constate que des sommes énormes ont été englouties pour sauver Wall Street, et dans la guerre en Irak. Pourquoi l’Occident ne veut-il pas prendre un engagement à la hauteur de la crise et de ses responsabilités ? Quant à la proposition européenne de 30 milliards sur quatre ans, elle est qualifiée de « provocation ». Jubilee South estime que l’Europe est un des plus gros pollueurs du monde. L’UE propose 30% de réduction d’ici 2020, son engagement doit être d’au moins 40%, précise Jubilee South.


« Nous n’irons pas en arrière pour 30 pays »

Interrogé sur l’interruption des négociations de lundi après-midi, Jubilee South s’est déclaré pleinement solidaire du G-77. « Ce que nous voyons à travers la manière dont sont conduites les négociations, c’est une intention de compromettre les engagements du Protocole de Kyoto ».
Le Protocole de Kyoto a signifié de grandes avancées pour les pays du Sud, et Jubilee South appelle à continuer sur cette dynamique : « nous n’irons pas en arrière pour protéger les intérêts de 30 pays ».

Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus