Réfugiés climatique

50 millions de personnes pourraient migrer dans le monde d’ici à 2010

6 février 2009, par Risham Badroudine

Les habitants des Maldives épargnent. Désormais, chaque année, une partie des fonds générés par le tourisme sera mise de côté. Pour quoi faire ? Acheter des terres, notamment en Inde, au Sri Lanka et en Australie. L’archipel, dont 80% des terres se situent à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, est menacé à très court terme. Le paradis de touristes refuse de devenir un enfer pour la population. Tuvalu, petit Etat de l’océan Pacifique composé d’îles, dont le sommet culmine à 4 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, est de plus en plus souvent inondé par les eaux salées. L’archipel se vide aujourd’hui de sa population. Dans d’autres zones du monde, le réchauffement climatique aggrave la désertification ou encore favorise les cyclones ou ouragans. Les réfugiés climatiques seront dans un avenir proche plus nombreux que les réfugiés économiques ou politiques.

A cause de l’avancée de l’océan Indien, consécutive au réchauffement climatique, les Maldives, archipel de l’océan Indien de 300 km carrés et de 380.000 habitants, est menacé de disparition. Près de 80% des terres sont situés à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer.
Inquiet, le président des Maldives, Mohamed Ani Nasheed, a annoncé la création d’un « fonds souverain » pour acheter de nouvelles terres en cas de submersion totale. Les recettes liées au tourisme alimenteront ce fonds inédit. L’Inde, le Sri Lanka ou l’Australie pourraient vendre une partie de leur territoire aux Maldiviens.
Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), d’ici à la fin du siècle, le niveau moyen des eaux s’élèverait de 18 à 59 cm, sachant que l’archipel ne culmine qu’à 2,3 mètres. Cela pourrait atteindre 1 mètre avant cette échéance et les Maldives sont loin d’être les dernières touchées par ce phénomène, selon les chercheurs.

Un déménagement forcé

Grâce aux séjours des 650.000 touristes par an, le pays engrange plus de 250 millions d’euros chaque année. Le gouvernement souhaite utiliser cette somme pour acheter des terres en Inde, au Sri Lanka ou en Australie, afin de permettre aux Maldiviens de s’installer ailleurs ? Un déménagement forcé par le réchauffement climatique a déjà débuté sur certaines îles. A Hulu Male, près de la capitale, les habitants des zones les plus proches de l’eau se sont réfugiés à l’intérieur des terres. 80% d’entre elles sont situées à moins d’un mètre du niveau de l’eau.

Une étude publiée par les Nations Unies avait déjà tiré la sonnette d’alarme. La moitié de l’île de Bhola, au Bangladesh, avait été engloutie il y a deux ans. Bilan : 500.000 réfugiés. L’Institut pour la sécurité environnementale et humaine de l’Université des Nations Unies à Bonn estime que la dégradation de l’environnement et les changements climatiques obligeraient 50 millions de personnes à migrer dans le monde d’ici à 2010. Faute d’instances internationales dédiées, certains pays devront pourtant accueillir les réfugiés climatiques qui frapperont à leurs portes.

Tuvalu se vide de sa population

Des populations qui fuient les conséquences du réchauffement climatique, c’est déjà une réalité en de nombreux endroits de la planète. La montée du niveau des mers, notamment, pousse des milliers de personnes à quitter leur pays. Une étude européenne a passé en revue 22 zones sensibles. L’Université de Liège a coordonné le travail et s’est penchée sur le cas très préoccupant et très emblématique de l’archipel de Tuvalu. Ce denier est un petit chapelet d’îles de l’océan Pacifique, dont le sommet culmine à 4 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer. De plus en plus souvent inondé par les eaux salées, l’archipel se vide de sa population. Le flux migratoire est relativement important entre Tuvalu et la Nouvelle-Zélande puisqu’à peu près un tiers de la population tuvaluane habite déjà aux alentours d’Oakland en Nouvelle-Zélande.
Selon certaines estimations, en 2050, le réchauffement climatique pourrait être responsable du déplacement de 150 à 200 millions de personnes.
Dans d’autres zones du monde, le réchauffement climatique va aggraver la désertification ou encore favoriser les ouragans. Les réfugiés climatiques seront dans un avenir proche plus nombreux que les réfugiés économiques ou politiques.

Risham Badroudine


Les manchots empereurs menacés d’extinction

Les manchots empereurs risquent l’extinction d’ici la fin du siècle en raison du réchauffement de la planète. Si le changement climatique continue de faire fondre les glaces dans l’Antarctique au rythme prévu dans le dernier rapport du Groupe inter-gouvernemental d’experts sur le changement climatique (GIEC), la population d’une grande colonie de manchots empereurs en Terre Adélie va probablement passer de 3.000 aujourd’hui à seulement 400 couples capables de se reproduire, estiment ces chercheurs.
Selon les chercheurs qui ont effectué un suivi démographique d’une colonie de manchots empereurs située en Terre Adélie, prenant en compte les variations à venir de l’étendue de la banquise en Antarctique, le résultat est quasi sans appel, les manchots empereurs de Terre Adélie pourraient disparaître d’ici 2100 si la banquise continue à fondre comme annoncé. Le manchot empereur est extrêmement sensible aux variations de la banquise. Il en dépend pour la mue en été et la reproduction en hiver. La plate-forme assure également sa nourriture à base de calmars, de poissons et de crevettes. Deux fonctions vitales pour la survie de l’espèce, l’alimentation et la reproduction, sont donc altérées.
Une fluctuation de température suivie par une forte réduction de la superficie de la banquise dans les années 70 en Terre Adélie ont entraîné une réduction d’environ 50% de la population des manchots empereurs, rappellent les auteurs de l’étude.
Ces fluctuations deviendront de plus en plus fréquentes avec le réchauffement du climat au cours des 100 prochaines années.
Lors des 50 dernières années, le changement climatique a été plus prononcé dans la péninsule antarctique où se trouve la Terre Adélie.
Dans les prochaines décennies, la Mer de Ross pourrait bien être le dernier sanctuaire antarctique des manchots empereurs, selon les auteurs de cette étude.

R.B

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