L’agriculture intensive et le réchauffement climatique impacte les oiseaux

800 millions d’oiseaux ont disparu en 40 ans en Europe

22 mai 2023

Selon une étude des chercheurs du CNRS et de l’université de Montpellier, le nombre d’oiseaux a notamment baissé de 57 % en milieu agricole. Le réchauffement climatique joue un rôle certain dans la réduction des populations de ces animaux, tout comme "l’intensification de l’agriculture", c’est-à-dire "l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectare".

Depuis 1980, près de 800 millions d’oiseaux ont disparu de notre ciel, ce qui équivaut à 20 millions de volatiles chaque année, selon une étude du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) et de l’université de Montpellier publiée le 15 mai dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

"Le nombre d’oiseaux a décliné de 25 % en 40 ans sur le continent européen", a précisé un communiqué de presse des chercheurs, et le chiffre atteint même "57 % pour les oiseaux des milieux agricoles".

Cette étude cite comme principale responsable "l’intensification de l’agriculture", c’est-à-dire "l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectare". Ainsi, le nombre d’oiseaux a particulièrement diminué chez les espèces d’oiseaux insectivores, notamment à cause de ces produits qui perturbent la chaîne alimentaire.

L’augmentation des températures liée au réchauffement climatique a également eu un fort impact sur les populations d’oiseaux, selon les chercheurs. Le nombre d’oiseaux forestiers a également diminué de 18 % et les oiseaux urbains de 28%.

Pour mener cette étude, les scientifiques ont travaillé sur "le jeu de données le plus complet jamais réuni”, affirme le CNRS, soit “37 ans de données de 20 000 sites de suivi écologique dans 28 pays européens, pour 170 espèces d’oiseaux différentes".

Il faudrait commencer par changer de modèle d’agriculture, pour enrayer cet effondrement. Or "on continue à être dans une vision industrielle du monde agricole", associant recours massifs à la mécanisation et à la chimie, a déploré Vincent Devictor.

"On n’est toujours pas sorti de ce paradigme de l’après deuxième guerre mondiale", a indiqué le chercheur, citant l’augmentation de mégafermes en France au détriment des petites surfaces.

Outre l’agriculture, d’autres facteurs liés à l’activité humaine ont aussi des effets sur les populations d’oiseaux : le changement climatique. Il touche durement les espèces préférant le froid (40% d’oiseau en déclin), comme la mésange boréale, mais n’épargne pas non plus les espèces amatrices de chaleur (18% de déclin).

Enfin la progression de l’urbanisation a aussi fait des victimes parmi les martinets ou encore les hirondelles. "On fait des territoires qui sont de plus en plus hostiles, y compris l’intérieur du milieu urbain", a souligné Vincent Devictor, qui a travaillé avec deux collègues basés en France, le doctorant Stanislas Rigal et Vasilis Dakos du CNRS.

Ce dernier a expliqué que "des espèces aimaient bien nicher dans des anfractuosités, être dans des endroits où il y a encore des insectes dans les milieux urbains. Avec les modes de bétonisation aujourd’hui, couplés à la disparition des insectes, cela devient hostile même pour eux".

Le CNRS alerte sur le sort de plusieurs espèces, dont le moineau friquet, le tarier des prés et le pipit farlouse, dont les populations ont baissé de 75%. Les conclusions de l’étude "démontrent l’urgence de repenser le mode de production alimentaire actuel", a conclut le communiqué de presse.


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