Alors que la conférence sur le climat à Lima au Pérou prend fin aujourd’hui, la situation reste tendue en la matière. D’un côté, plusieurs milliers de personnes ont manifesté sous le slogan « Changez le système, pas le climat » et de l’autre, des projets de texte ont été présentés aux dirigeants.
Evo Moralès, président de la Bolivie, un des leaders de la lutte pour la protection de la nature.
Alors que les manifestants ont tenté de faire pression sur les dirigeants pour que des décisions concrètes soient prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, les négociateurs continuaient à débattre sur les contributions nationales.
Celles-ci pourraient être des réductions absolues où des engagement sur la forme d’une baisse par point de PIB, par habitant, par secteur d’activité, par rapport à un scénario de « laissez faire »… La durée d’engagement est aussi en débat, celle-ci pourrait aller jusqu’en 2025 ou 2030. Mais il est certains que les pays devront annoncer des objectifs clairs et définir leurs stratégies pour les atteindre.
Une décision en vue
Au cours d’un point presse, la secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Christiana Figueres, a annoncé que deux projets de documents ont été présentés et contiennent une seule décision qui sera prise au Pérou cette année, et une autre qui contient les projets d’éléments pour l’accord en 2015 à Paris.
Christiana Figueres a expliqué que « le texte de décision qui va devenir la principale décision de Lima », celle-ci « sera formellement adoptée par l’ADP (Groupe de travail ad hoc sur la plate-forme de Durban pour une action renforcée) ».
L’axe central de cette dernière semaine de négociation aura été « le contenu possible des contributions nationales », c’est-à-dire les engagements de chaque pays, au courant 2015, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. « C’est le point important de Lima », a expliqué Laurence Tubiana, principale négociatrice française.
Une décision par consensus doit être adoptée sur ce sujet vendredi soir. Cependant, « l’examen du texte sur les contributions nationales progresse très lentement », a regretté Todd Stern, le principal négociateur américain. « Cela ne me préoccupe pas plus que ça à ce stade », a-t-il ajouté, en soulignant toutefois qu’il fallait “absolument” qu’une décision soit entérinée.
« Changez le système, pas le climat »
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté afin de défendre « la terre-mère » dans le centre de Lima, mercredi 10 décembre. Cette manifestation a tenté de mettre la pression sur les responsables politiques des 195 pays réunis depuis le 1er décembre, dans le cadre de la 20e Conférence des parties de la convention des Nations unies sur les changements climatiques (COP20).
Mouvements indigènes et paysans, organisations écologistes, étudiants et syndicats de travailleurs ont répondu à l’appel des organisateurs du Sommet des peuples face au changement climatique. Ce sommet a réunit jusqu’au 11 décembre des dizaines d’associations et mouvements de la société civile, afin de faire front commun face aux décisions des dirigeants.
« C’est la manifestation de toutes les voix de la résistance », a expliqué Ibis Fernandez, membre de la Confédération générale des travailleurs du Pérou (CGTP) et de l’organisation, à l’Agence France Presse. « Tous sont venus pour exiger des pays réunis à la COP20 qu’ils approuvent des politiques d’adaptation et d’atténuation du changement climatique » a précisé ce dernier, qui a regretté que les négociations aient lieu à Lima « dans le dos du peuple sans aucune transparence ».
« Arrêtez de nous arnaquer, on veut des décisions concrètes », ont scandé les manifestants, dont les pancartes demandaient à « agir maintenant pour une justice climatique ». Pour de nombreux représentants d’organisation non gouvernementales, comme WWF, « c’est ici, à Lima, qu’on sauvera le climat ».
Beaucoup souhaitent qu’au cours de cette conférence « se produisent des changements politiques importants mais on espère surtout que des fonds soient débloqués pour l’atténuation du changement climatique », a expliqué Juliana Godoy, de l’association Pro Nature.