Ivan ravage la Caraïbe

Anticiper les changements climatiques

14 septembre 2004

Depuis la semaine dernière, la Caraïbe subit les assauts d’un violent cyclone. Les météorologues estiment qu’il s’agit de la plus puissante dépression enregistrée dans la région depuis un demi-siècle. Or, avec les bouleversements climatiques, ce phénomène est amené à devenir plus fréquent dans les régions tropicales. La Réunion est directement concernée.

Jour après jour, le cyclone Ivan poursuit son itinéraire dans la Caraïbe. Après le Venezuela, Trinidad et Tobago, la Grenade, la République dominicaine, la Jamaïque et les îles Caïmans, il menaçait hier la plus grande île de la région, Cuba et ses 11 millions d’habitants.
Derrière lui, le météore laisse un sillage de désolation. Les pertes matérielles sont considérables, les pertes humaines encore davantage avec plus de 40 morts. Par exemple à la Grenade, le pays est détruit à 90%, 17 morts sont à déplorer. À la Jamaïque, Ivan laisse au moins 19 morts et des milliers de sans-abri, alors que dans les îles Caïmans, des vents à 240 km/h ont arraché les toits.
Cela faisait un demi-siècle que la Caraïbe n’avait pas connu un tel phénomène. D’après le Centre national des ouragans des États-Unis, Ivan a une intensité comparable au cyclone Mitch qui, en 1998, avait tué 10.000 personnes en Amérique centrale.
Par ailleurs, la pression atmosphérique mesurée dans l’œil du cyclone était de 912 hectopascals : la sixième pression la plus basse jamais enregistrée dans l’Atlantique.
Ce phénomène est inquiétant car il pourrait devenir la norme au cours de ce siècle. En effet, les scientifiques sont d’accord pour dire que la hausse de la température moyenne du globe va créer des conditions propices pour la multiplication d’événements climatiques exceptionnels, tel que celui que connaît actuellement la Caraïbe. Un phénomène qui, en quelques minutes, peut réduire à néant plusieurs années de travail, sans compter les pertes humaines.

L’exception devient la règle

Or le climat de la Terre s’emballe, et les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère apportent leur contribution à ce dérèglement dont nous vivons actuellement les prémices. C’est une tendance sur le long terme qui est amorcée.
Et si les dirigeants des pays responsables de cette pollution font véritablement de la lutte contre les gaz à effet de serre une priorité, en rompant avec un modèle de développement basé sur les sources d’énergies fossiles, le résultat de cette volonté politique ne se fera sentir que dans plusieurs décennies, comme le montre l’expérience de la lutte contre le trou d’ozone. En effet, entre le moment où tous les produits contribuant à la destruction de cette couche protectrice de l’atmosphère ont été interdits et le retour à la situation antérieure, il se sera écoulé plus de 50 ans.

Réduire les gaz à effet de serre

Devant ce constat, la première urgence est de créer les conditions pour atténuer les conséquences de ces événements climatiques exceptionnels. Sur ce plan, La Réunion est en première ligne car sous les tropiques, la manifestation du changement climatique se traduira par une augmentation de la fréquence de cyclones très intenses, comparables à Ivan.
En conséquence, il est nécessaire d’anticiper dans de nombreux domaines, en particulier dans la construction des logements ou des voies de communication tout en poursuivant une politique visant à aller vers les objectifs du protocole de Kyoto, c’est-à-dire réduire les gaz à effet de serre.
Cela explique pourquoi un projet de développement réunionnais doit anticiper sur les conséquences des changements climatiques. Les ravages d’Ivan sont là pour nous le rappeler.

M.M.


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