Protégeons la population des effets du changement climatique

Anticipons maintenant pour sauver La Réunion demain

25 mai 2011, par Manuel Marchal

Dans son dernier rapport, UN-HABITAT explique les conséquences que peuvent avoir le changement climatique sur les zones à forte densité de population que sont les villes. En tant qu’île tropicale, La Réunion est concernée par ces prévisions, car la population se concentre sur le littoral.

Dans l’édition d’hier, il a été question d’un aspect de la version 2011 de Rapport sur “Les établissements humains” de UN-HABITAT. Pour cette institution internationale, construire des routes du littoral est devenu un non-sens. La montée du niveau de la mer condamne en effet ce type d’infrastructure à de coûteux travaux d’entretien.
Plus généralement, ce sont tous les équipements proches des littoraux qui sont concernés. UN-HABITAT annonce le déplacement de 200 millions de personnes des zones côtières vers l’intérieur des terres au cours des 40 prochaines années sur la base de scénarii actuels. Or, la tendance est à l’aggravation et donc à l’accélération de ces phénomènes.
Pour La Réunion, c’est l’aménagement du territoire qui est en question.

Des choix opposés à la réalité

Depuis le milieu du siècle dernier, notre île a connu une forte croissance de population, passant de 250.000 à plus de 800.000 habitants. Cette augmentation ne s’est pas uniformément répartie. Ce sont les zones à basse altitude qui ont vu la pression humaine augmenter considérablement. Ce sont de véritables villes nouvelles qui sont sorties de terre dans l’Ouest.
Les équipements ont suivi cette tendance. Au lieu d’être implanté dans la plaine de La Possession, l’aéroport a été transféré en bordure de mer sur les terres à cannes de Gillot et Maperine. Les conséquences des choix parisiens ont aussi fait migrer vers le littoral des installations nécessitant une haute sécurité. Malgré tous les efforts accomplis, notre île reste fortement dépendante du charbon et des hydrocarbures. En torpillant la géothermie et le photovoltaïque, l’UMP créé les conditions du renforcement de cette pollution. Résultat : la plus grosse centrale thermique de l’île est en construction à quelques mètres de l’océan tandis que les immenses cuves des importateurs d’hydrocarbures sont tout aussi proches de la mer.
Lorsqu’il s’est agi de choisir un itinéraire pour construire une route rapide entre le Nord et l’Ouest, Paris a choisi la liaison par le littoral plutôt que le développement des zones à mi-pente. La conséquence, c’est une route impossible à sécuriser totalement.
Suivant donc ce mouvement, l’urbanisation s’est concentrée près de la mer. Or c’est là que se situe la zone de tous les dangers.

Des enseignements oubliés

Si nos aînés ont décidé de construire plutôt à mi-pente que sur le littoral, ce n’est pas uniquement pour se protéger des moustiques vecteurs du paludisme. C’est également parce que l’océan Indien est un élément que l’être humain ne peut pas contrôler. Les plus anciens d’entre nous se souviennent de la vague qui avait submergé l’Ermitage pour s’arrêter à Bruniquel.
Si à Saint-Leu ou à Saint-Paul les vieilles maisons en dur ont l’entrée au-dessus d’un escalier de quelques marches, cela répond à une cause bien réelle : le danger des inondations. Mais au cours de ces dernières décennies, tous ces enseignements ont été perdus, et c’est là où se situe le danger que vit la plus grande partie de la population.
L’urgence est donc la mise en œuvre de l’adaptation. Et comme le rappelle l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) dans son dernier rapport "Villes et adaptation au changement climatique", « les coûts d’adaptation sont relativement moins élevés lorsque les politiques sont anticipées ».

Manuel Marchal

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