Conférence de Copenhague : discours de Apisai Ielemia, Premier ministre de Tuvalu

« Aucune somme d’argent ne peut acheter notre futur »

22 décembre 2009

’Témoignages’ revient sur différentes interventions importantes de la Conférence de Copenhague. Priorité est donnée aux représentants des pays les plus menacés par le changement climatique. Le premier discours que ’Témoignages’ a choisi de publier est celui de Apisai Ielemia, Premier ministre de Tuvalu, prononcé le 16 décembre à la tribune de la séance plénière. Le 19 décembre, à 3h14 précise, Tuvalu faisait basculer la Conférence en refusant de cautionner le texte présenté par les pays riches. Ce pays de 10.000 habitants démontrait que la puissance militaire, financière et médiatique peut s’incliner face à une juste cause.

« M. le Président, Chefs d’État, Chefs de gouvernement, Ministres, Excellences, Mesdames et Messieurs, et, surtout les jeunes et les dirigeants de demain.

C’est un très grand plaisir d’être dans cette merveilleuse ville de Copenhague, et c’est un très grand honneur de parler au nom du peuple de Tuvalu dans ce moment très spécial. Car les gens sont sans aucun doute conscient que Tuvalu a été assez mis en évidence dans les journaux et les médias au cours de la dernière semaine. C’est pour une très bonne raison. Car nous sommes les pays le plus vulnérable du monde à l’impact du changement climatique, il est important que cela nous concerne tous.

À travers vous, M. le Président, au nom de toute la population de Tuvalu, je veux tous vous remercier, les nombreuses personnes qui ont offert leur soutien à Tuvalu durant toute la dernière semaine, durant toute cette année. Je suis extrêmement reconnaissant pour l’extraordinaire expression de sollicitude a propos de la fragile existence de Tuvalu dans le monde, provoquée par le changement climatique. Du fond de mon cœur, je vous remercie.

Mr le Président,
Il y a six mois, Tuvalu a présenté trois accords juridiquement contraignants afin qu’ils soient discutés par les Parties à cette conférence.
Le premier était une série d’amendements au Protocole de Kyoto. Ces amendements sont simples et justes. Ils établissent une nouvelle période d’engagement, et ouvrent de nouvelles opportunités pour le financement d’un fond d’adaptation au changement climatique.
Le second visait à fournir une immunité aux personnes qui siègent au sein de divers organismes dans le cadre du Protocole de Kyoto.
Le troisième était un nouveau protocole pour rendre concret le Plan d’action de Bali. Ce nouveau protocole voudrait établir des objectifs afin de garantir que la température moyenne de la Terre se stabiliserait à une température de +1,5 degré comparée au niveau d’avant l’industrialisation. Il voudrait établir une stabilisation des gaz à effet de serre au maximum à 350 parts par million d’équivalent CO2. Il garantirait que le monde lancerait une action collective pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

D’autres éléments clés de notre proposition de nouveau protocole incluraient des actions de réduction de émissions de gaz à effet de serre de la part des pays développés et en voie de développement, incluant des actions relatives pour réduire les émissions en luttant contre la déforestation et la dégradation de la forêt. Cela comprend des règles pour le respect des droits des peuples indigènes. Cela établit un programme ciblé d’adaptation pour aider les pays les plus vulnérables du monde à l’impact du changement climatique. Il propose de nouvelles possibilités de financement et des possibilités pour le transfert de technologie et la construction de savoir-faire.

Ce nouveau protocole ne remplacerait pas le Protocole de Kyoto. Nous croyons fermement que le Protocole de Kyoto doit continuer. Le Protocole de Kyoto fournit la base légale forte pour que les pays industrialisés réduisent leurs émissions, et pour qu’ils reconnaissent l’existence de leur responsabilité historique.

M. le Président,
Je souhaite, comme beaucoup de dirigeants du monde qui sont venus à Copenhague, écrire mon nom sur un accord de portée légale. Nous voulons signer pour une nouvelle période d’engagements pour le Protocole de Kyoto. Et comme nous l’avions fait à Kyoto, nous sommes venus ici pour signer le Protocole de Copenhague, en l’honneur de la grande ville où nous nous réunissons.

M. le Président,
Le monde nous regarde. C’est le moment de prendre la décision et d’inscrire nos noms sur cet accord légalement contraignant. Je ne viens pas de l’autre côté du monde pour souscrire à de simples décisions de la COP, ou à un accord politique creux. Nous ne sommes pas ici pour maquiller un échec. Nous sommes ici pour signer sur la ligne pointillée, rien d’autre.

Nous savons qu’il y a des offres pour un fond d’urgence. Mais aucune somme d’argent d’un financement à court terme ne peut acheter notre futur sur le long terme. Nous avons besoin de concrétiser un accord de portée légale pour garantir notre futur.

M. le Président,
Le futur de Tuvalu, et le futur de millions de personnes, repose sur un résultat véritablement juridiquement contraignant à Copenhague. Nous sommes prêts, des millions de personnes qui nous regardent sont prêtes. Ensemble, créons un moment historique et signons. Pour le bénéfice de Tuvalu et pour le bénéfice de l’humanité, allons sceller l’accord, ici et maintenant.

Je vous remercie.

Tuvalu more Atua [1] »

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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