Nouvelle période d’engagement post-2012, aide d’urgence pour l’adaptation et transferts de technologie

Cancún : position commune du Brésil, de l’Afrique du Sud, de l’Inde et de la Chine

8 décembre 2010

Lundi en fin d’après-midi à Cancún, lors d’une conférence de presse commune, les ministres du Brésil, de l’Afrique du Sud, de l’Inde et de la Chine regroupés dans le groupe BASIC ont réaffirmé les points non négociables qui devront figurer dans l’accord, et donné leur position sur l’offre des États-Unis et la déclaration du Japon qui souhaite remettre en cause le Protocole de Kyoto.

Lundi, le groupe BASIC s’est exprimé à Cancún. BASIC rassemble plus du tiers de la population du monde avec le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine. Les ministres de ces quatre pays ont tenu une conférence de presse commune au premier jour du segment de haut-niveau de la Conférence de Cancún sur le climat. C’est en effet lors de l’arrivée des ministres que le travail mené par les négociateurs peut être validé et déboucher sur des engagements politiques.
En préambule, le ministre Ramesh de l’Inde rappelle que les quatre pays constituant le BASIC ne forment pas un groupe de négociation. Ils sont intégrés dans le G77, mais ils ont des spécificités économiques et politiques qui les rapprochent. Avant de s’exprimer devant la presse, les ministres du BASIC ont échangé avec leurs homologues du groupe Afrique, de l’AOSIS (États insulaires en développement), et d’autres groupes reconnus dans les négociations.
Les ministres du Brésil, de l’Afrique du Sud, de l’Inde et de la Chine sont conscients du besoin d’un accord solide à Cancún, mais ils font valoir trois points sur lesquels il n’est pas possible de transiger.
Tout d’abord, c’est l’absolue nécessité d’une seconde période d’engagement suivant le Protocole de Kyoto. Autrement dit, les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre devront continuer après 2012, et cela, dans l’esprit du Protocole de Kyoto qui met en avant le principe de la responsabilité commune, mais différenciée.
Ensuite, c’est l’accélération de la mise en œuvre de l’aide d’urgence promise à Copenhague. Obtenue en dernière minute à Copenhague, ce fonds de 10 milliards de dollars par an entre 2010 et 2012 abondé par les pays riches doit servir à financer des travaux d’adaptation au changement climatique chez les pays vulnérables à ces phénomènes. Les ministres du BASIC réitèrent qu’ils ont dit volontairement qu’ils ne sont pas candidats au bénéfice de ce fonds. Ces 30 milliards de dollars doivent aller vers les pays les plus vulnérables, qui se situent notamment en Afrique, qui sont les pays insulaires en développement, et les pays dits "les moins avancés".
Enfin, le groupe BASIC revendique la nécessité d’un mécanisme de transfert de technologies vers les pays les plus vulnérables, afin que ces derniers puissent se protéger des effets du changement climatique en s’adaptant, et en produisant de l’électricité à partir des énergies renouvelables.
Telles sont donc les bases à partir desquelles pourra se développer un accord, selon les représentants du tiers de la population de la planète. La balle est donc dans le camp des Occidentaux, et notamment des négociateurs des États-Unis. À lui seul, ce pays est en effet responsable du plus du quart des émissions de gaz à effet de serre depuis 1850.

Manuel Marchal


Le Japon doit continuer ses efforts

Le Japon est un des trois pays à avoir affirmé qu’il ne voulait pas s’engager sur des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour l’après-2012. Le Japon ne veut pas de successeur au Protocole de Kyoto qui doit s’arrêter à cette date. Interrogé sur cette question, Xie Zhenghua, chef de la délégation de la Chine, a dit en substance que BASIC souhaite que le Japon ne renie pas tous les efforts qu’il a déjà faits dans le passé pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et fait part du souhait que cette politique de réduction puisse se poursuivre à l’avenir.


L’offre des États-Unis : 0% de réduction

Les ministres du groupe BASIC ont donné leur position sur l’offre des États-Unis : une diminution de 17% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 en référence au niveau de 2005. Le ministre Ramesh explique la profonde déception qu’inspire cette proposition, qui est un projet de loi annoncé par Barack Obama.
Les États-Unis sont responsables de 26% des émissions de gaz à effet de serre entre 1850 et 2005, un accord sans les États-Unis n’aurait pas de sens, précise-t-il. L’offre du gouvernement Obama équivaut en réalité à une diminution de 4% par rapport au niveau de 1990, qui est la date de référence des engagements des signataires du Protocole de Kyoto, que le gouvernement US a refusé de ratifier.
Mais ce sont désormais les amis de George Bush qui sont majoritaires à la Chambre des représentants. Ce qui rend quasi-impossible l’adoption d’une législation visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans ces conditions, les ministres du groupe BASIC estiment que les États-Unis ne pourront faire mieux qu’une réduction de 14% en référence aux émissions de 1990. Cela équivaut à 0% de réduction par rapport au niveau de 1990.

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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