Conclusion de la première Conférence scientifique publique mondiale sur la météorologie

« Ce n’est que le début du changement climatique »

25 août 2014, par Céline Tabou

La première Conférence scientifique publique mondiale sur la météorologie a eu lieu au Palais des congrès de Montréal au Canada, du 16 au 21 août 2014, avec pour thème principal : « Les prévisions continues du système terrestre : de quelques minutes à plusieurs mois ». Le but de cette conférence est de définir l’avenir de la Météo, dans un monde sujet aux changements climatiques.

Les conclusions de cette conférence a mis en évidence un scénario apocalyptique de la météo pour les prochaines décennies. Les spécialistes mondiaux ont évoqué une recrudescence des turbulences aériennes, des épisodes polaires et caniculaires toujours plus extrêmes, des vagues géantes dans les océans, qui viendront s’ajouter aux impacts reconnus du changement climatique.

Une première mondiale

Sous le thème central « La météo, quel avenir ? », la Conférence scientifique publique mondiale sur la météorologie (WWOSC) a rassemblé pour la première fois l’ensemble de la communauté météorologique et des groupes d’usagers. L’objectif est de mettre en exergue les avancées en la matière et les « moyens de les mettre au service de la société », note le communiqué de presse du WWOSC.
Placé sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), du Conseil international pour la science (CIUS), d’Environnement Canada et du Conseil national de recherches Canada (CNRC), la conférence s’est consacrée « aux phénomènes météorologiques à fort impact tels que les vagues de chaleur ou de froid, les sécheresses, les précipitations extrêmes, les inondations, les tornades et les ouragans, qui font bien trop souvent la une de l’actualité ».
Alan Thorpe (du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme) et Michel Béland (ancien président de la Commission des sciences de l’atmosphère de l’OMM), coprésidents du Comité d’organisation international, ont expliqué que « la météorologie est à l’apogée de son importance et s’apprête à connaître des percées décisives. Elle est absolument indispensable à la société, qui est extrêmement vulnérable aux incidences des conditions météorologiques ».

« Il faut que l’on s’adapte »

Le changement climatique est « irréversible et la population mondiale continue d’augmenter, il faut que l’on s’adapte », a affirmé Jennifer Vanos, de l’Université Texas Tech. Les scientifiques sont parvenus à prouver qu’au cours de la première décennie du 21ème siècle, la température moyenne de la surface de la planète a augmenté de 0,47°.
Ces derniers ont averti qu’une hausse d’1 degré génèrerait 7% de plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère. Cette évaporation est le moteur de la circulation des flux dans l’atmosphère, entraînant une accélération des phénomènes météorologiques. Les récentes données montrent une hausse de 2 degrés de la température moyenne à la surface de la Terre d’ici à 2050.
« Les nuages vont se former plus facilement, plus rapidement et les pluies vont être plus fortes », conduisant à davantage d’inondations soudaines, a expliqué Simon Wang, de l’Université Utah State, à la presse. D’après ce dernier, la hausse des températures va avoir « un effet d’amplification sur le climat tel qu’on le connaît actuellement ».
Les épisodes climatiques, comme la sécheresse, les vagues de froid, les pluies, seront plus marqués, plus extrêmes, tout comme les vagues de chaleur et les périodes de sécheresse, a expliqué le chercheur. Le défi pour les météorologues sera d’inclure la « force additionnelle » créée par le réchauffement climatique dans des modèles de prévision toujours plus complexes, a expliqué Simon Wang.

Plus de turbulences

Paul Williams, météorologue à l’Université britannique de Reading, a étudié les impacts du réchauffement climatique sur les courants d’airs rapides situés à une dizaine de kilomètres d’altitude, où les avions de ligne évoluent. Son analyse est sans appel : « le changement climatique donne plus de force à ces courants. (...) D’ici 2050, vous passerez deux fois plus de temps en vol dans des turbulences ».
Le chercheur a expliqué qu’actuellement en moyenne, seulement 1% du temps de vol des avions commerciaux subit des turbulences. Cependant, si la concentration de dioxyde de carbone augmente de façon de manière accrue dans les prochaines années, « on ne sait pas comment les avions vont réagir » à ces masses d’air très agitées.
Au même titre, le transport maritime va être très risqué, car des vagues monstrueuses sur les océans sont attendues. « Les compagnies de transport maritime rencontrent toujours plus de vagues énormes », dont certaines font 40 mètres de hauteur contre 20 mètres précédemment.
« Ce n’est que le début du changement climatique, car les océans auront beaucoup plus d’impact en libérant davantage de chaleur et davantage de vapeur », a averti Simon Wang. D’autant plus que la calotte glaciaire du Groenland a commencé à fondre, pouvant à terme d’ici le 22ème siècle, engendrer une hausse de six mètres du niveau des océans, a indiqué Eric Brun, chercheur chez Météo-France.
Face à l’ampleur de la situation, Jennifer Vanos a assuré qu’« il y a urgence à modifier l’urbanisme des villes et les modes de vie en fonction de cette nouvelle réalité, afin de tenter de protéger les populations ».

Céline Tabou

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