Initiative de Paul Vergès : le président du GIEC invité à Bruxelles

Changement climatique : débats sur un enjeu de civilisation

17 septembre 2005

Mercredi et jeudi derniers, le président du Groupe intergouvernemental d’experts du climat (GIEC), Rajendra Pachauri était invité au Parlement européen à l’initiative du président de l’ONERC, Paul Vergès. Il a participé à deux jours de conférence et d’audition sur le changement climatique.

Le changement climatique était cette semaine parmi les sujets à l’honneur à Bruxelles. Deux jours de débat et d’audition avaient lieu mercredi et jeudi. Ils ont été marqués par la participation du président du Groupe intergouvernement d’experts sur le climat. Ceci est dû à l’initiative du député réunionnais au Parlement européen Paul Vergès. En effet, le président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) a proposé à Rajendra Pachauri, le président du GIEC, d’apporter son éclairage sur un sujet qui doit être pris en compte dans toutes les politiques. Ce dernier a accepté immédiatement l’invitation. Cela témoigne de la qualité des relations et de la confiance qui existe entre l’ONERC et le GIEC, la plus importante institution mondiale sur le réchauffement climatique.

150 participants à la conférence

Le groupe parlementaire GUE/NGL (Gauche Unitaire Européenne-Gauche Verte Nordique) dont fait partie Paul Vergès a organisé mercredi dernier une "réception-conférence" en l’honneur du président du GIEC, Rajendra Pachauri. Le thème abordé était "changement climatique, enjeu de civilisation". 150 personnes ont répondu à l’invitation du groupe, dont de nombreux leaders des partis verts européens ainsi que les agences de presse européenne. Francis Wurtz, président du groupe, Paul Vergès et Rajendra Pachauri se sont succédés à la tribune.
Francis Wurtz a chaleureusement remercié Paul Vergès pour son action éminente dans la lutte contre le changement climatique tant en France qu’au Parlement européen et d’avoir rendu possible cette manifestation. Il a rappelé qu’une délégation du groupe GUE avait eu la possibilité de rencontrer le Dr Pachauri à La Réunion en février dernier. Une rencontre instructive, a-t-il précisé.

Dialogue élus-scientifiques

Paul Vergès a souligné les relations de confiance tissées avec le GIEC et la contribution éminente du groupe intergouvernemental à une meilleure connaissance du phénomène du réchauffement climatique. Le président de l’ONERC a indiqué que le changement climatique combiné aux effets des évolutions démographiques mondiales est un véritable enjeu de civilisation. Les éléments de déstabilisation des sociétés et des économies liés à ces phénomènes sont tels que Paul Vergès s’est interrogé sur la sérénité dans de nombreux milieux qui traduit encore une absence de réelle prise de conscience. Ceci explique l’importance de ces initiatives. Elles visent à améliorer la connaissance des enjeux et œuvrent à un dialogue renforcé entre les élus et la communauté scientifique.

Les efforts de La Réunion soulignés

Le Dr Pachauri a rendu un hommage appuyé à l’action de Paul Vergès. Il l’a chaleureusement remercié de son invitation. Le chercheur indien a souligné l’importance pour les scientifiques d’être au contact des élus. Il a axé son propos sur la nécessité de poursuivre les efforts en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais également sur l’importance d’adapter d’ores et déjà les territoires aux impacts du changement climatique.
Il a insisté sur la liaison entre politique de l’énergie et risques climatiques, soulignant les efforts réalisés à l’Île de La Réunion en faveur du développement des énergies renouvelables.
Enfin, le Dr. Pachauri a répondu aux nombreuses questions posées par les participants à la rencontre, notamment sur le cyclone Katrina. D’après lui, si on ne peut avec certitude dire que Katrina est le résultat du réchauffement planétaire, on peut dire en revanche que le changement climatique a pour conséquence une multiplication des cyclones d’une intensité exceptionnelle.
Il a à cet égard indiqué que le changement climatique aurait des conséquences dans toutes les régions du monde mais que ce sont "les plus pauvres des pauvres" qui en paieront le plus lourd tribut.


Un réel intérêt et un public nombreux

La visite au Parlement européen de Rajendra Pachauri, président du GIEC, s’est déroulée dans un contexte particulier. Elle intervenait quelques jours après que l’avis de Paul Vergès sur "le changement climatique planétaire" ait été adopté à l’unanimité par la Commission développement du Parlement européen (voir encadré) .
Elle s’inscrivait aussi dans la continuité de la rencontre internationale sur le climat réunissant les experts du GIEC. Cette rencontre, présidée par le Dr. Pachauri, s’était tenue à La Réunion en février dernier. Rappelons qu’elle avait débuté le jour même de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto. Cette rencontre avait connu un grand retentissement aussi bien à La Réunion qu’à l’étranger.
Par ailleurs, aujourd’hui et dans les mois à venir, il est beaucoup question dans l’actualité des effets du réchauffement climatique et des choix énergétiques : le cyclone Katrina a submergé une grande partie du Sud des États-Unis, provoquant des dégâts considérables ; le monde connaît une hausse importante des cours du pétrole ; en décembre prochain se déroulera à Montréal une conférence internationale sur la mise en œuvre du protocole de Kyoto.
Ce contexte explique pourquoi la venue du président du GIEC à Bruxelles a suscité un réel intérêt, tant auprès des nombreux députés européens qui ont assisté aux rencontres, que des journalistes et des ONG présentes à Bruxelles.


Plaidoyer pour le co-développement

Jeudi, le président du GIEC, Rajendra Pachaury, a été auditionné par le Commission Environnement de l’Assemblée parlementaire conjointe ACP-Union Européenne. Rappelons que cette instance rassemble des élus des pays ACP et de l’Union européenne. C’est Paul Vergès qui présidait jeudi la réunion de cette commission. qui regroupe les parlementaires tant des pays ACP que de l’Europe. Cette commission s’est réunie sous la présidence de Paul Vergès.
Parmi les importantes questions soulevées jeudi : l’impact des catastrophes naturelles sur le développement des pays pauvres. Sur ce point, le président du GIEC a insisté sur l’aide nécessaire qu’il convenait d’apporter à ces pays pour qu’ils s’adaptent aux effets du changement climatique. Des effets qui vont entraîner une aggravation globale de la situation, notamment en Afrique (pandémies, famine, sécheresse, inondations, conséquences sur l’agriculture etc).
Au regard des problèmes d’énergie, le Dr. Pachauri a rappelé que les transferts de technologie et l’innovation sont deux conditions indispensables pour que les pays du Sud ne commettent pas les mêmes erreurs commises par les États hautement industrialisé. Selon le président du GIEC, l’Union européenne peut jouer un rôle de chef de file. Tout doit être fait selon lui pour favoriser le développement de solutions alternatives et peu coûteuses aux combustibles fossiles.


Rajendra K. Pachauri est président du GIEC. Il était président et directeur de l’International Association for Energy Economics et, depuis 1992, il est président de l’Asian Energy Institute. Rajendra Pachauri s’est vu attribuer le prix Padma Bhushan, l’une des distinctions les plus prestigieuses en Inde qui récompense les services rendus à la nation, pour sa contribution dans le domaine de l’environnement.
Le 16 février 2005, date de l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, il participait à une réunion de travail du GIEC qui se déroulait à La Réunion. À cette occasion, il avait expliqué les trois orientations prioritaires qu’il veut fixer au GIEC : "identifier les problèmes, quantifier l’impact des changements climatiques sur la nature en prenant en compte la diversité géographique et culturelle et aussi livrer une réflexion prospective" (“Témoignages” du 17 février 2005).


Un avis adopté à l’unanimité

Dans notre édition du 31 août dernier, nous rendions compte de l’adoption à l’unanimité de l’avis de Paul Vergès sur les changements climatiques par la Commission développement du Parlement européen.
Cette adoption faisait suite au rapport soutenu le 14 juillet dernier par le député réunionnais au Parlement européen. Soulignant que l’avis de Paul Vergès "est une contribution dans l’action globale des institutions européennes pour "vaincre le changement climatique planétaire”", le secrétariat parlementaire de l’élu réunionnais rappelait à cette occasion que "cette action de Paul Vergès au Parlement européen s’inscrit dans la logique et la continuité de son engagement tant au niveau régional que national pour faire face au défi que constitue le réchauffement de la planète".


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus