La Déclaration finale du congrès

Changement climatique et biodiversité : Le message de La Réunion

12 juillet 2008

Jean-Philippe Palasi-UICN, Frédérico Cardigo-Gouvernement des Açores, Evelyne Tarnus-Forum des Jeunes chercheurs, Henri Hoarau-président du Conseil général des jeunes de La Réunion, ont lu le Message de La Réunion. Nous en publions aujourd’hui les recommandations. Ce document rassemble les conclusions de cinq jours de travail d’environ 450 personnes venues de plus de 40 pays représentant tous les océans.
Stuart Stevenson, président de l’Intergroupe Environnement du Parlement européen appelle tous les participants au congrès à se saisir de ce message pour en faire un des enjeux des prochaines élections européennes l’an prochain. « La balle est dans votre camp », a-t-il conclu, en soulignant que le plus important Intergroupe du Parlement européen va dorénavant s’appeler ’Adaptation au changement climatique et protection de la biodiversité’.

(photo MM)

Les participants à la conférence "L’Union européenne et l’outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de biodiversité" réunie à l’Île de la Réunion du 7 au 11 juillet 2008 :

- Expriment leur profonde gratitude à l’égard du Conseil régional et des habitants de la Réunion pour la généreuse hospitalité qu’ils leur ont offerte pendant la conférence. En outre, ils rendent hommage aux efforts pionniers de la Réunion dans le double domaine du changement climatique et de la perte de biodiversité, en particulier en établissant l’objectif ambitieux d’atteindre en 2025 l’autonomie énergétique en matière de production électrique.
- Expriment leur gratitude à l’égard de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) et de l’UICN qui ont collaboré étroitement et efficacement afin d’organiser la première Conférence majeure rassemblant tous les PTOM et RUP européens, les représentants d’autres îles ainsi que les Etats-membres de l’Union, les institutions européennes, des scientifiques, la société civile et des organisations internationales,
- Expriment enfin leur gratitude envers la Présidence française de l’Union européenne pour le généreux soutien qu’elle a accordé à cette conférence,
- Reconnaissent le caractère unique du patrimoine naturel des PTOM et RUP européens, ainsi que les menaces qui pèsent sur celui-ci et les opportunités durables qu’il peut offrir,
- S’accordent sur des recommandations visant des interventions pour toutes les parties prenantes ;des PTOM et RUP européens,

- Invitent toutes les parties prenantes des PTOM et RUP européens (les institutions de l’Union européenne, tous les Etats-membres de l’Union européenne et en particulier les gouvernements français, britannique, néerlandais, danois, espagnol et portugais, les autorités des RUP et des PTOM et les autres organisations concernées) à mettre en oeuvre les recommandations en notant que :
Les questions concernant la perte de biodiversité et le changement climatique ne peuvent être traitées efficacement que si le lien entre biodiversité et climat est reconnu, ce qui exige la participation des décideurs politiques, de la société civile, des scientifiques, du secteur privé et du public.

Les changements à faire

Des scénarios spécifiques d’évolution du climat doivent être développés pour chaque RUP et PTOM, s’appuyant sur une modélisation à l’échelle régionale ; en conséquence, il convient de conduire des évaluations de la vulnérabilité au changement climatique et d’élaborer des plans d’adaptation dans tous les PTOM et les RUP, en tenant compte et en impliquant l’ensemble des secteurs concernés, en adaptant les outils et méthodologies existants ; enfin, ces mesures d’adaptation doivent être mises en œuvre et suivies.
La qualité et la surface des aires protégées doivent être augmentées pour prendre en compte les impacts du changement climatique, l’approche par écosystème doit être appliquée en-dehors des aires protégées et le niveau de menace exercé par d’autres facteurs directs d’érosion de la biodiversité doit être réduit ;
L’impact environnemental de l’invasion d’espèces exotiques est bien plus important dans les PTOM et RUP de l’UE qu’en Europe continentale. La biodiversité insulaire est tout particulièrement vulnérable à l’invasion en raison de l’isolement prolongé des écosystèmes insulaires au cours de l’évolution. Les espèces exotiques envahissantes dans les PTOM et les RUP ont donc un impact très élevé dans les PTOM et les RUP, qui affecte fortement la biodiversité européenne au sens large. Les impacts socio-économiques sont aussi plus élevés dans des territoires lointains où les conditions de vie, la culture et les possibilités économiques dépendent souvent de services liés à la biodiversité et aux écosystèmes. On prévoit que le changement climatique, associé à d’autres pressions environnementales, aggravera la situation en perturbant le fonctionnement des écosystèmes et en modifiant la répartition des espèces,
L’expertise économique est une (mais pas la seule) voie importante pour influencer les stratégies de développement et les décisions. La place de l’expertise économique doit être renforcée et des processus efficaces pour la diffusion des résultats doivent être développés. Les outils doivent être adaptés aux PTOM et aux RUP.
Il y a un besoin urgent :
- Que les Etats membres de l’Union européenne et la Commission européenne, conjointement avec les RUP et les PTOM européens, établissent un dispositif volontaire de protection des espèces et des habitats, s’inspirant de l’approche Natura 2000. Ce dispositif devrait être flexible, adapté aux situations locales, prendre en compte de manière équilibrée les besoins de conservation et de développement et s’appuyer sur les mécanismes et outils existants. La mise en œuvre du dispositif devrait être basée sur un engagement local et un financement partagé,
- De souligner le besoin de protection, au niveau des espèces, en-dehors des aires protégées. La priorité devrait être donnée aux espèces mondialement menacées. L’élaboration des plans de restauration et de gestion est seulement une première étape dans le processus, et doit être suivie de sa mise en œuvre efficace.
- De reconnaître le besoin d’une mise en réseau des gestionnaires des parcs nationaux et des autres aires protégées, de manière à mettre en cohérence les programmes de suivis, échanger sur les meilleures pratiques, et mettre en commun les données
- L’Union européenne, les Etats-membres concernés et les RUP et PTOM devraient être encouragés à adopter les recommandations et à les intégrer dans leurs stratégies pour l’action lorsque cela s’avère pertinent,
- Des actions devraient être lancées sans tarder pour le développement rapide d’un réseau de parties prenantes,

- L’Union européenne, ainsi que le cas échéant les États-membres, les organisations internationales concernées et les PTOM et RUP devraient renforcer leur implication dans les efforts régionaux de coopération.
- Les RUP et les PTOM devraient identifier, sur la base de leurs propres expériences, des actions innovantes visant à affronter les défis liés du changement climatique et de la perte de biodiversité, en partageant leurs expériences et meilleures pratiques avec leurs voisins.
- Les États-Membres concernés et l’Union européenne devraient accorder davantage d’attention aux défis auxquels les RUP et les PTOM font face, dans les négociations internationales sur le changement climatique et la biodiversité,
- L’Union européenne et les Etats membres devraient faire une référence plus forte aux PTOM et RUP dans le Livre blanc de la Commission européenne sur l’adaptation au changement climatique et inclure les PTOM dans l’Alliance pour le changement climatique mondial. L’attention doit être portée sur le fait que les RUP et les PTOM peuvent être des avant-postes pour la recherche et l’observation sur le changement climatique et ses impacts, notamment sur la biodiversité,
- L’Union européenne, les RUP, PTOM, pays ACP et les Petits états insulaires en développement devraient s’unir face au changement climatique et la perte de biodiversité, en participant activement à des initiatives internationales telles que le Partenariat insulaire mondial (GLISPA) conclu sous l’égide de la Convention sur la Diversité Biologique à sa huitième Conférence des Parties de Curitiba en 2006, et le Programme de travail sur les Îles adopté par la CDB à sa neuvième Conférence des Parties réunie à Bonn en mai 2008.

L’énergie est au coeur de la politique de développement comme du changement climatique. La manifestation d’un appui politique fort est essentiel pour mobiliser toutes les parties prenantes. Il est vital de satisfaire la demande d’énergie et d’assurer que le public y ait accès dans des économies insulaires lorsque le niveau de vie s’élève rapidement. Pour être efficace, l’engagement des populations insulaires est une condition nécessaire. L’impact du transport et de l’urbanisme est considérable. La coopération régionale, avec l’établissement et l’utilisation de mécanismes financiers, permettra de prendre des mesures essentielles pour relever ce défi.

Il est nécessaire de renforcer les liens et d’offrir des possibilités d’échange entre les différents acteurs travaillant dans les RUP et les PTOM, en particulier ceux qui s’expriment en leur nom et/ou en leur faveur. Compte tenu de l’existence de plusieurs plates-formes fonctionnelles, un outil ou levier doit être identifié pour assurer une meilleure coordination et apporter de la valeur ajoutée.

La coopération régionale est maintenant reconnue par l’ensemble des acteurs à la fois comme une opportunité et une responsabilité. Les enjeux de la perte de biodiversité et du changement climatique sont par nature régionaux. Certains de ces enjeux sont traités plus efficacement au niveau régional, et la coopération régionale peut créer de nombreuses opportunités (échange de bonnes pratiques, partage des ressources, économie d’échelle, synergie, etc...) tout en renforçant la voix des RUP et des PTOM au niveau mondial. Les politiques et les actions de l’Union européenne et de tous les autres acteurs devraient donc faciliter et soutenir une telle coopération.

Les zones côtières et marines des RUP et PTOM européens méritent d’être intégrées dans une vision géo-stratégique à long terme. Considérant leur large répartition, les zones marines et côtières des PTOM et RUP donnent à l’Union européenne et ses Etats-membres un éventail d’écosystèmes remarquables et parfois uniques. Une bonne surveillance de l’environnement marin, sur la base d’une banque de données cohérente à l’échelle de toute l’Europe, est essentielle pour la gestion durable des ressources naturelles et le développement de stratégies d’adaptation au changement climatique.

Les RUP et PTOM européens se trouvent aussi dans une situation privilégiée vis-à-vis de la coopération régionale et du co-développement, qui doit être élargie afin de mieux développer les réseaux nécessaires pour la conservation et la gestion durable des zones marines et côtière des RUP et PTOM. La diversité des statuts des RUP et PTOM ne doit ni empêcher la mise en œuvre efficace des politiques les concernant, ni rendre plus difficile la coopération avec les politiques conduites conjointement avec les pays ACP.

Il y a un besoin de financement supplémentaire dédié pour la conservation de la biodiversité. Les fonds disponibles actuellement pour la protection de l’environnement ne sont pas suffisamment orientés vers la biodiversité.

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