Témoignages - Journal fondé le 5 mai 1944
par le Dr Raymond Vergès

Cliquez et soutenez la candidature des Chagossiens au Prix Nobel de la Paix

Accueil > Développement > Changement climatique

Changement climatique : faire entendre la voix de l’Afrique

Au Parlement panafricain

mardi 19 octobre 2010


Deux thèmes ont été abordés en séance plénière mercredi de la session ordinaire du Parlement panafricain (PAP) : les changements climatiques et l’état d’avancement de la mise en œuvre des Objectifs du millénaire pour le développement. Concernant le premier point, l’objectif est d’adapter la stratégie de l’Afrique avant la Conférence de Cancún en décembre 2010 et harmoniser les politiques africaines en matière environnementale. Compte rendu par l’agence panafricaine de presse.


S’adressant à l’assemblée, M. Abebe Hailé-Gabriel, directeur par intérim du département de l’Économie rurale et de l’Agriculture à la commission de l’UA, a d’abord rappelé que la réponse politique internationale aux changements climatiques a commencé avec l’adoption en 1992 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Entrée en vigueur en 1994, celle-ci compte actuellement 194 États-parties.
En décembre 1997, les participants à la Conférence de Kyoto, au Japon, sont convenus d’un protocole, par lequel les pays industrialisés et les pays en transition vers une économie de marché s’engageaient à atteindre les objectifs de réduction des émissions à effets de serre. Ils ont convenu de réduire, entre 2008 et 2012, leurs émissions totales de gaz de serre, d’environ 5,2% de moins par rapport à leur niveau de 1990. Rappelons que le Protocole de Kyoto est entré en vigueur en février 2005 et qu’il compte actuellement 190 États-parties.
La Conférence de Bali, en Indonésie, en décembre 2007, a abouti à l’adoption du Plan d’action de Bali, qui a mis en place le groupe de travail ad hoc pour une action concertée à long terme et dont le mandat consiste à mettre l’accent sur les principaux éléments identifiés de la coopération à long terme : atténuation, adaptation, finances, technologie et renforcement des capacités. Notons que ce groupe de travail a, entre autres, pour objet d’obtenir l’adhésion des pays ne faisant pas partie du protocole de Kyoto, comme les États-Unis d’Amérique.
Contrairement aux autres groupes comme l’UE qui se sont réunis à partir d’une position commune bien définie, l’Afrique n’avait pas de plate-forme commune, ce qui a empêché ses négociateurs de faire entendre leur voix.

Construction d’une position africaine

Pour pallier cette faiblesse, la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN) a demandé l’élaboration d’une position africaine commune devant être appuyée par les dirigeants politiques du continent.
Ainsi, la 12ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, tenue à Addis-Abeba, en Éthiopie, en février 2009, a adopté la décision relative à la position africaine commune sur le changement climatique. Avec comme principaux éléments la nécessité que les négociations sur le changement climatique permettent à l’Afrique d’exiger et d’obtenir des compensations pour les dommages causés à son économie par le réchauffement climatique ; et la nécessité pour l’Afrique d’être représentée par une délégation qui a le pouvoir de négocier au nom de tous les États membres.
Plus tard, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, tenue à Syrte, Libye, en juillet 2009, a adopté des décisions visant à renforcer et à améliorer les décisions précédentes. Puis, le Conseil exécutif a prévu la création d’une Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur le changement climatique.
Petit à petit, l’Afrique est devenue une force avec laquelle il fallait compter, car, à elle seule, elle représente 53 pays des 194 et 190 États-parties, respectivement de la Convention et du Protocole de Kyoto. Ce qui lui permet d’influencer le processus de négociations, a indiqué Abebe Haile Gabriel.
Il a ajouté que le continent africain a été représenté à la Conférence des Nations Unies sur le Changement climatique tenue à Copenhague, Danemark, du 7 au 19 décembre 2009.
En février 2010, le Premier ministre éthiopien, M. Meles Zenawi, a présenté son rapport sur la conduite et les conclusions de la Conférence de Copenhague sur le changement climatique à la 13ème session ordinaire de la Conférence des chefs l’État et de gouvernement de l’UA. Ainsi, la République démocratique du Congo (RDC) et le Nigéria ont été choisis respectivement comme président du groupe des négociateurs africains et coordinateur.

L’échéance 2011

De Copenhague à Cancún au Mexique à Tianjin en Chine, les pourparlers sur les conséquences du changement climatique n’ont pas cessé, mais à ce jour, aucun instrument juridique n’a vu le jour en raison d’absence de progrès en matière d’adoption des conclusions de conférences par certains pays, notamment les États-Unis d’Amérique.
Toutefois à la Conférence de Cancún qui se tiendra début décembre 2010, il est possible de parvenir à certaines décisions sur la mouture de la mise en œuvre à savoir, la mise en place d’un fond sur le climat, l’élaboration d’un cadre d’adaptation et la création d’un mécanisme technologique. Si l’on en croit M. Hailé-Gabriel, les possibilités d’un accord juridique contraignant devront être repoussées à la Conférence sur le Changement climatique qui se tiendra en Afrique du Sud en 2011. En attendant, l’Afrique devra revoir sa stratégie sur la base des leçons tirées des anciens processus et conclusions.


Contribution de l’Afrique du Sud

Au cours de cette séance plénière au PAP, l’expérience sud-africaine en matière de lutte contre les changements climatiques a été exposée par Sylvester Mpandeli, conseiller spécial sur l’Adaptation au changement climatique, représentant S.E Mme Buyelwa Patience Sonjica, présidente du Conseil des ministres africains de l’Eau et ministre sud-africaine de l’Eau et de l’Environnement. M. Mpandeli a souligné que son pays a adopté un plan pour sauvegarder et protéger la terre, la flore et l’être humain. L’Afrique du Sud affrontera de sérieux problèmes surtout sur sa partie occidentale menacée par la sécheresse, et sur sa partie orientale qui risque d’être touchée par l’humidité. C’est pour ces raisons que le gouvernement sud-africain a pensé à augmenter le nombre des ministères en créant les départements de l’Agriculture, de la Pêche, et des Forêts, ainsi qu’une taxe sur le carbone s’appliquant aux véhicules depuis septembre 2010.


La question des terres

Rappelant que l’un des plus grands dangers en matière de ressources naturelles reste celui de l’accaparement des terres, Augustin Iyamuremye, président de la Commission permanente de l’Économie rurale, de l’Agriculture, des Ressources naturelles et de l’Environnement, a été très clair : « Le PAP, en tant qu’organe constitué d’élus des peuples africains, doit défendre les intérêts de leurs terres » ! Ce serait une grande avancée si l’on parvenait à harmoniser les politiques environnementales et rurales en Afrique ; ce qui ne devrait pas poser de problème alors que le PAP s’apprête, dès l’année prochaine, à devenir une institution dotée de pouvoirs législatifs dans des domaines limités parmi lesquels l’environnement.
Par anticipation, un parlementaire a déjà demandé que la culture du cannabis soit criminalisée sur le continent, rappelant que « cinq ans après, le sol sur lequel il a été cultivé devient stérile, ce qui appauvrit de plus les populations rurales, déjà en manque de terres arables ».


Un message, un commentaire ?

signaler contenu


Facebook Twitter Linkedin Google plus