Financement du fonds de solidarité mondial de lutte contre le changement climatique

Changement climatique : l’Occident doit plus de 20 milliards de dollars par an à la communauté internationale

18 septembre 2021

Le fonds de solidarité créé en 2009 à Copenhague est un outil de justice : les pays qui ont contribué le plus lourdement aux émissions de gaz à effet de serre depuis 1850 se sont engagé à verser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour financer des actions de lutte contre les effets du changement climatique dans les pays en développement qui sont bien moins responsables de la pollution de l’atmosphère. Mais l’Occident éprouve les pires difficultés à payer cette dette. En 2019 il manquait encore 20 milliards de dollars et il y a fort à parier que la crise COVID sera utilisée pour justifier le non-respect de l’accord.

Lors de la 15e Conférence des Parties (COP15) de la CCNUCC à Copenhague en 2009, les pays développés se sont engagés à un objectif collectif de mobilisation de 100 milliards de dollars US par an d’ici 2020 pour l’action climatique dans les pays en développement. Cet objectif a été formalisé lors de la COP16 à Cancun, et, lors de la COP21 à Paris, il a été réitéré et prolongé jusqu’en 2025. Selon les dernières données diffusées par l’OCDE, l’Occident est encore loin d’avoir payé sa dette, il manque encore plus de 20 milliards de dollars par an.

Les financements climatiques fournis et mobilisés par les pays développés pour les pays en développement ont totalisé 79.6 milliards de dollars US en 2019, soit une hausse de 2 % par rapport aux 78.3 milliards de 2018, selon les nouveaux chiffres de l’OCDE.

Cette légère hausse s’explique par une augmentation des financements publics pour le climat fournis par les institutions multilatérales, tandis que les engagements en financements publics bilatéraux pour le climat ont diminué, tout comme les financements pour le climat mobilisés auprès de sources privées.

100 milliards de dollars par an promis

Financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés : tendances agrégées mises à jour avec les données de 2019 est la quatrième évaluation par l’OCDE des progrès accomplis en vue de la réalisation de l’objectif de la CCNUCC consistant à mobiliser 100 milliards de dollars US par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement à faire face et à s’adapter au changement climatique.

« Le financement climatique a continué de progresser en 2019, mais il manque encore 20 milliards de dollars US aux pays développés pour atteindre l’objectif de mobilisation de 100 milliards de dollars US en 2020 », a déclaré Mathias Cormann, Secrétaire général de l’OCDE.

« Les progrès limités des volumes globaux de financement climatique entre 2018 et 2019 sont décevants, en particulier à l’approche de la COP26. Bien que les données correctement vérifiées pour 2020 ne seront pas disponibles avant le début de l’année prochaine, il est très probable que le financement du climat restera bien en deçà de son objectif. Il est nécessaire d’en faire davantage. Nous savons que les pays donateurs le reconnaissent avec le Canada et l’Allemagne faisant désormais avancer un plan de mise en œuvre pour mobiliser le financement complémentaire nécessaire pour atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars US par an. »

La moitié des fonds pour l’énergie et le transport

Le rapport constate que les financements climatiques publics des pays développés ont atteint 62,9 milliards de dollars US en 2019. Les financements climatiques publics bilatéraux ont représenté 28,8 milliards de dollars US, en baisse de 10 % par rapport à 2018, et les financements climatiques publics multilatéraux attribués aux pays développés ont représenté 34,1 milliards de dollars US, en hausse de 15 % par rapport à 2018. Le niveau des financements climatiques privés mobilisés a baissé de 4 %, à 14,0 milliards de dollars US en 2019, contre 14,6 milliards de dollars US en 2018. Les crédits à l’exportation liés au climat sont restés faibles, à 2,6 milliards de dollars US, ne représentant que 3 % du financement climatique total.

Le rapport montre également que sur l’ensemble du financement climatique en 2019, 25 % sont allés à l’adaptation au changement climatique (contre 21 % en 2018), 64 % aux activités d’atténuation du changement climatique (contre 70 % en 2019), et le reste à des activités transversales. Plus de la moitié du financement climatique total a ciblé l’infrastructure économique – principalement l’énergie et les transports – et la plupart du reste est allée à l’agriculture et à l’infrastructure sociale, notamment l’eau et l’assainissement.

Baisse des financements pour les îles

L’Asie a été le principal bénéficiaire du financement climatique sur la période 2016-19 avec 43 % du total en moyenne, suivie par l’Afrique (26 %) et les Amériques (17 %). Alors que le financement climatique pour les pays les moins avancés (PMA) a fortement augmenté en 2019 (+27 % par rapport à 2018), le financement pour les petits États insulaires en développement (PEID) est retombé au niveau de 2017 (de 2.1 milliards de dollars US à 1.5 milliards de dollars US) après une augmentation en 2018.

Ces données confirment que les PEID sont confrontés à des difficultés spécifiques pour accéder au financement du climat. La communauté internationale doit envisager un financement pour le climat qui soit adapté aux défis auxquels les PEID sont confrontés, moins fragmenté, plus facile d’accès, prévisible et à long terme.

M. Cormann souligne : « Il est plus urgent que jamais que les pays développés intensifient leurs efforts pour fournir des financements en faveur de l’action climatique dans les pays en développement, en particulier pour aider les pays pauvres et vulnérables à renforcer leur résilience face aux impacts croissants du changement climatique. »

A la Une de l’actuAccord de Paris sur le climatConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique COP26

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