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par le Dr Raymond Vergès

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Changement climatique : le cri d’alarme des îles

Assemblée générale des Nations Unies

samedi 24 septembre 2016


Les chefs d’État et de gouvernement ainsi que les ministres se succèdent actuellement à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies. Parmi eux, des représentants des îles lancent un cri d’alarme. Car la lutte contre le changement climatique est une question de survie pour leurs peuples. Voici les extraits de résumé de plusieurs interventions.


Voici le type de dégât provoqué par un cyclone tropical très intense, c’est un véritable tsunami. La conséquence, c’est qu’il faut tout reconstruire comme ici aux Philippines. (Photo : Eoghan Rice - Trócaire / Caritas)

Taneti Maamau, Président de la République de Kiribati, a déclaré que la question des changements climatiques était un défi mondial qui requiert des transformations à l’échelle mondiale. « Le futur des plus vulnérables, tels que mon peuple et mon pays, est en jeu », a-t-il insisté, tout en appelant à un changement de mentalité, de paradigme de développement et de principes économiques.

Chaque année, a rappelé M. Maamau, son pays lance à l’Assemblée générale de l’ONU « un appel à l’aide pour mettre fin au réchauffement climatique » et aider les États les plus vulnérables à s’adapter à ses conséquences. « Il est pénible de constater que notre peuple continue de faire face à La menace de la montée du niveau des mers, aux tempêtes et aux catastrophes naturelles telles que le cyclone Pam et le cyclone Winston, contre leurs maisons, leurs parcelles agricoles et leurs moyens de subsistance », a-t-il déploré. La fréquence croissante de ces incidents, a-t-il dit, exacerbe leurs effets sur la population. Il a ajouté que, dans certaines parties du pays, des villages entiers ont dû être déplacés en raison de la sévérité de l’érosion côtière et des inondations, sans parler de la destruction des cultures et de la contamination des sources d’eau potable par l’eau de mer.

Faire face à la sécheresse

Par ailleurs, le Président de Kiribati a indiqué que l’apparition du phénomène climatique La Niña augurait d’une période de sécheresse pour son pays, dont les effets risquent de se faire sentir en matière d’éducation, de santé et d’hygiène publique. C’est pourquoi, il a appelé les Nations Unies à aider son pays à faire face à ce danger imminent, danger qui exige, selon lui, une ratification rapide de l’Accord de Paris sur le climat.

À cet égard, M. Maamau a indiqué qu’il avait déposé, la veille, l’instrument de ratification de l’Accord. Il a appelé « les grands frères de notre famille », y compris la Chine et les États-Unis, à s’engager dans cette lutte, notamment pour venir en aide aux pays insulaires et archipellagiques de faible altitude, comme le sien.

S’agissant des objectifs de développement durable, M. Maamau a particulièrement insisté sur le transfert des ressources technologiques des pays les plus riches vers les pays les moins avancés pour permettre à ces derniers d’atteindre le développement durable.

Appel à la solidarité

Hilda Heine, Présidente des Îles Marshall, a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’Accord de Paris sur le climat afin qu’il puisse entrer en vigueur avant la fin de cette année. Cet Accord n’est certes pas parfait, mais nous devons tout faire pour maintenir le niveau de température terrestre en-deçà de 1,5 degré Celsius, afin de permettre notre survie, a-t-elle plaidé. Le législateur entend également interdire les sacs faits à base de matière plastique et les Îles Marshall entendent aussi réduire leur dépendance au pétrole afin de privilégier les sources d’énergie renouvelables.

Bruno Rodríguez Parrilla, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a réitéré sa solidarité avec les petits États insulaires en développement, en particulier dans les Caraïbes, qui sont les plus affectés par les changements climatiques, et pour lesquels il a demandé un traitement juste, spécial et différencié.

Luis Guillermo Solís Rivera, Président de Costa Rica, a regretté le fait que la communauté internationale n’ait pas accordé suffisamment d’attention à la tragédie des milliers de migrants traversant l’Amérique latine du sud au nord.

Les effets des changements climatiques aggraveront cette vague complexe de migration, a prévenu le Président. Les inondations, les sécheresses et la montée du niveau des océans pousseront de nombreuses populations à se déplacer ou à migrer. Ces défis exigent un nouvel ordre de tout l’écosystème de la mobilité humaine à travers un dialogue entre les différents acteurs, mécanismes et organisations.

La « pire des crises humanitaires »

Baron Divavesi Waqa, Président de Nauru, a rappelé que son pays avait été l’un des premiers à ratifier l’Accord de Paris. Toutefois, il a fait part de sa profonde inquiétude face aux effets du réchauffement de la planète. « La montée du niveau des mers risque d’occuper notre pays de la même façon que le ferait une armée », a-t-il dit, tout en ajoutant que, du point de vue des petits États insulaires du Pacifique, les changements climatiques sont la « pire des crises humanitaires ».

Par conséquent, M. Waqa a appelé les États Membres à appuyer la proposition des petits États insulaires en développement du Pacifique de créer un poste de représentant spécial de l’ONU sur le climat et la sécurité.

Ce sont les Fidji qui assurent la présidence de l’assemblée générale de l’ONU qui se tient jusqu’à lundi à New York.

Josaia Voreqe Bainimarama, Premier Ministre des Fidji, a déclaré que les Fidji sont venues à cette réunion pour lancer un appel aux États qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris sur le climat. Il s’est félicité que les Fidji aient été le premier pays au monde à le faire. Il s’est dit inquiet des prévisions scientifiques, expliquant que l’objectif visant à maintenir l’élévation de la température terrestre à moins de 2 degrés Celsius ne suffira pas à sauver l’humanité. Il a rappelé qu’il y a sept mois, les Fidji ont eu un aperçu de ce qui les attend quand Winston, le plus puissant cyclone tropical jusqu’ici a frappé, faisant 44 morts et des milliers de sans-abri. Les Fidji, a-t-il avoué, vivent dans la peur d’un scénario cauchemardesque, tout comme les autres petits États insulaires en développement (PEID) dont les économies risquent d’être détruites, rendant impossible la réalisation des objectifs de développement durable. Le Premier Ministre a donc plaidé pour une élévation de température qui ne dépasserait pas le seuil de 1,5 C.

Des pays menacés de disparition

Peter Christian, Président des États fédérés de Micronésie, a rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) avaient appelé l’attention du monde sur la nécessité de lutter contre les changements climatiques il y a 25 ans déjà. Il a souligné que les pays océaniques étaient toujours menacés de disparition et que les voix de ces pays n’avaient été entendues que partiellement. Nous avons observé un « progrès glacial », a-t-il estimé, avant de rappeler que les PEID demandaient depuis longtemps que cette question du climat devînt un point permanent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, eu égard à sa dimension sécuritaire. Il a demandé que l’ONU fasse l’objet d’une réforme dynamique pour mieux refléter la réalité géopolitique contemporaine.


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Messages

  • Je ne suis pas très optimiste quant à la prise de conscience des pays riches car il se trouve encore, en France même, des leaders politiques pour minimiser la réalité des activités humaines sur le réchauffement climatique. C’est le discours que les gens aiment entendre : éviter d’avoir à faire des efforts pour diminuer leur impact sur la nature.
    Ils ne le feront que lorsqu’il ne sera plus possible de faire autrement.
    A moins que d’ici là une autorité forte impose des règles à respecter par tous les pays.
    Mais pour l’instant elle n’existe pas. L’ONU est incapable d’imposer ses résolutions puisqu’il suffit qu’un seul pays appose son véto pour qu’elles ne soient pas appliquées.
    C’est de la mobilisation des citoyens du monde entier que peut venir la solution, à condition qu’ils soient correctement informés du danger imminent qui les guette, ce que la presse, qui appartient chez nous à des milliardaires, se garde bien de faire. .


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