Des États détenteurs de l’arme atomique impuissants devant l’aggravation

Changement climatique : une priorité s’impose

11 août 2010, par Manuel Marchal

Plusieurs phénomènes environnementaux montrent l’incapacité de grands pays à faire face à des désastres. L’existence à La Réunion d’une saison cyclonique indique que notre île est également vulnérable à des épisodes climatiques extrêmes. L’aggravation des effets du changement climatique amène alors à un changement de priorité. Comme dans tout pays vulnérable, la protection de la population face aux colères de la nature devient une préoccupation chaque jour plus importante.

Voici quelques années, qui aurait pu croire qu’il fallait plusieurs mois aux Etats-Unis pour boucher la fuite d’un puits de pétrole, qui aurait pensé que la Russie serait dans l’incapacité d’éteindre de gigantesques incendies liés à une canicule hors normes, qui aurait cru que des inondations pouvaient provoquer plus de 15 millions de sinistrés comme au Pakistan… et qui aurait imaginé que des phénomènes comparables à des cyclones allait balayer la France ?
Les images des actualités dans le monde accordent une large place aux conséquences de phénomènes climatiques extrêmes. Ils se déroulent au moment où les services de la météo annoncent que les six premiers mois de l’année 2010 ont été les plus chauds depuis que les relevés des températures existent.

De grands États impuissants

Et devant ces phénomènes, des États détenteurs de l’arme nucléaire sont impuissants. Ainsi, le Pakistan est touché par des inondations qui produisent la pire crise humanitaire que l’ONU n’ait jamais connue. Car pour les observateurs, les dégâts infligés par les pluies diluviennes concernent 15 millions de personnes, soit bien plus que les sinistrés du tsunami de 2004. Les conséquences de ces pluies concernent aussi la Chine et l’Inde. Plus d’un millier de personnes y ont disparu.
En Russie, c’est la canicule qui favorise de gigantesques incendies. Les conséquences sont également dramatiques, avec une multiplication par deux du taux de mortalité, la perte de récoltes, et le risque d’une relance de la pollution créé par l’accident nucléaire de Tchernobyl voici 25 ans.
Aux Etats-Unis, il a fallu des mois de lutte acharnée pour colmater la fuite d’un puits de pétrole. La superpuissance est désormais confrontée à une très grave pollution, provoquée par une activité humaine.
En France, l’actualité indique que l’État commence à racheter les maisons des sinistrés de Xinthia. Cela rappelle que la France a subi les assauts d’un phénomène comparable à un cyclone tropical, et que son impact a entrainé un déplacement définitif de population.

Un changement d’échelle et de priorité

Tout cela ne doit pas échapper à la vigilance de la population. En effet, La Réunion est une île tropicale. Elle se situe donc sur la trajectoire de phénomènes climatiques particulièrement violents, les cyclones.
Leur intensité va être plus importante à cause du changement climatique. En effet, le volume d’eau présent dans l’océan est plus important à cause du réchauffement climatique, et la température de l’eau est plus élevée. Or, c’est cette température qui est un des "moteurs" des cyclones.
Lorsque l’on constate que des États puissants ont aujourd’hui les pires difficultés à faire face à des phénomènes liés au changement climatique, qu’en sera-t-il alors de La Réunion en cas de cyclone comparable à celui de 1948 ?
Les ouragans du passé ont démontré la vulnérabilité de notre pays. Plusieurs fois, le centre-ville de Saint-Paul a été totalement submergé. À l’Hermitage, un raz de marée a déjà atteint l’ancienne usine de Bruniquel, noyant tout sur son passage. À Saint-Leu, si des équipements tels que le collège ou la gendarmerie ont d’abord été construits dans le quartier du Piton, c’est parce que la ville des bas a été plusieurs fois inondée par des tempêtes. L’eau est même montée jusqu’en haut du socle de la statue située en bas de la Salette.
Depuis cette époque, une seule infrastructure capable de protéger la population a été construire, c’est l’endiguement de la rivière des Galets.
Partout ailleurs, si la population a augmenté considérablement depuis 1948, il n’y a pas eu d’équipements construits pour mettre tous les habitants du littoral à l’abri des inondations.
Il reste trois mois avant le début de la nouvelle saison cyclonique, et les images des actualités décrivent l’ampleur des dégâts que notre île pourrait subir du fait d’un manque de protection de la population.
Car une urgence commence de plus en plus à s’imposer, c’est celle qui est liée aux conséquences du changement climatique. Elle fait peser une telle menace que les clivages politiques ne peuvent pas y résister. C’est un changement d’échelle, de priorité et de perspective.

Manuel Marchal

Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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