Changements climatiques

8 juillet 2008

Que recouvre la notion « d’adaptation aux changements climatiques » qui semble faire une certaine unanimité dans les conclaves internationaux et entre les organisations qui œuvrent à la sensibilisation du public en général et en particulier des populations des zones les plus sensibles, et souvent les plus démunies au monde ?

La question de "l’adaptation" était au cœur de la première session de la matinée d’hier, animée par le journaliste et consultant scientifique Vincent Tardieu.
Les réponses apportées par les différents intervenants ont fait voir que ces mesures d’adaptation préconisées depuis la Conférence de Bali (décembre 2007), balaient des champs très larges, allant des campagnes de sensibilisation et d’information des populations, jusqu’à des programmes gouvernementaux construits sur des objectifs très volontaristes, en passant par la constitution de “réseaux” de partage des outils d’observation, par exemple pour améliorer la résistance des écosystèmes.

La constitution de tels réseaux semble être l’aspiration la plus partagée par les participants à ce Sommet qui, après l’annonce de la consolidation d’un “réseau cétacés” hier, verra vendredi la signature pour la constitution d’un autre réseau de la COI. Ce type d’organisation permet d’organiser la circulation, autour d’une région ou d’une problématique - en l’occurrence l’Océan Indien - d’une multitude de documents et d’informations.
Ainsi, le premier document à faire le point sur les impacts du changement climatique (CC) dans l’outre-mer européen a été réalisé par 120 contributeurs. Il a fait hier l’objet d’une présentation par Jérôme Petit, chargé de recherche pour le Programme outremer européen de l’UICN.
Il en ressort deux messages essentiels. Le premier affirme que le changement climatique n’est plus de l’ordre du futur (même proche) mais s’affronte au présent et qu’il a déjà des effets très prononcés sur les écosystèmes de l’outremer européen. Les scientifiques en rapportent de nombreux exemples, depuis les menaces qui pèsent sur l’ours du Groenland, ou la détérioration des récifs coralliens, jusqu’à la disparition de 30% des phytoplanctons dans certaines zones du Pacifique, alors que ces organismes réalisent la moitié de la photosynthèse mondiale. Le second message des scientifiques est que le changement climatique affecte aussi les populations, dans leurs conditions socio-économiques, en désorganisant principalement le tourisme, la pêche et l’agriculture et en favorisant la prévalence de certaines maladies, comme la dengue.
Rocio Lichte, responsable du programme “Adaptation, technologie et Science” de la CCNUCC (Convention du Protocole de Kyoto) a montré comment l’organisation des réseaux et des financements déjà existant permettent de lancer des actions - les National Adaptation Programme of actions (NAPA) - concourant à aider les populations à s’adapter au changement climatique. Depuis la conférence de Bali, ils sont aussi destinés à encourager des programmes d’adaptation dans les pays les moins développés. Mais il en est de ces programmes comme de l’aide au développement : ils risquent de n’être jamais suffisants.
Dans la zone Caraïbe, le Caribbean CC Centre de Bellize, présenté par Carlos Fuller, est un réseau anglophone qui travaille à des études de modèles, d’outils d’observation et de mesures permettant d’améliorer la résistance des écosystèmes. Déjà ouvert aux territoires ultramarins britanniques, ce Centre souhaiterait aussi étendre ses relations de réseau aux îles francophones de la zone.
Enfin, l’exemple des Canaries, présenté par José Ignacio Gato Fernandez, témoigne d’un fort volontarisme du gouvernement canarien (RUP espagnole), qui se donne pour objectif d’annuler ses émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2015. Le programme canarien d’adaptation, publié il y a deux mois, est en phase finale de présentation au public des 153 mesures qui, de l’énergie aux transports et d’autres nombreux domaines sectoriels, se propose d’obtenir le "consensus social" des Canariens sur l’objectif à atteindre (Zéro GES en 2015). Là encore, le besoin d’échange avec les autres RUP - sur des modélisations météo, par exemple, les modélisations européennes étant inadaptées - motive les Canaries à être « un laboratoire de recherches pour d’autres Pays ou territoires d’outremer ».

P. David

Climat et biodiversité

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