Rapport du GIEC

Climat : ne pas agir pourrait coûter

14 avril 2014, par Céline Tabou

La synthèse du nouveau rapport sur « l’atténuation du changement climatique » du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a été publiée, dimanche 13 avril à Berlin. Selon le GIEC, les Etats doivent tenir compte de l’objectif de limiter la hausse moyenne des températures mondiales à 2°C d’ici la fin du siècle.

Les dirigeants devront dès maintenant déployer des politiques d’envergure allant au-delà des initiatives prises jusqu’à présent. Ce « résumé pour les décideurs » du rapport du GIEC est destiné à éclairer les gouvernements dans leurs choix politiques vis à vis du climat. Le but est de faire un état des connaissances sur les possibles scénarios de décarbonisation de l’économie mondiale. Près de 1.200 projections ont été analysées et 235 scientifiques de 57 pays ont participé à sa rédaction.

L’échec des politiques publiques

Sept ans après le précédent rapport, le GIEC a confirmé l’échec des politiques publiques mises en œuvre jusqu’à présent, car les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont atteint des niveaux sans précédent. De plus, la croissance de ces GES n’a jamais été aussi rapide qu’au cours de la dernière décennie, ont rappelé les experts.

Entre 2000 à 2010, les émissions ont augmenté de 2,2% par an contre 0,4% en moyenne au cours des trois décennies précédentes. Cette hausse rapide s’explique par l’utilisation massive de charbon, remettant en cause les progrès réalisés dans le secteur énergétique avec notamment le développement des énergies renouvelables.

A ce rythme de croissance, le seuil des 2° C sera franchi dès 2030, ont averti les experts. « Le message de la science est clair », a pour sa part averti l’allemand Ottmar Edenhorfer, un des trois vice-présidents de ce troisième volume. Car « pour se mettre à l’abri d’interférences dangereuses avec le système climatique, il faut sortir de la routine habituelle ».

Les experts proposent de limiter d’ici la fin du siècle la concentration de GES dans l’atmosphère à 450 parties par million (ppm). Il s’agit d’une valeur associée par les scientifiques à un réchauffement de 2°C. Cela suppose donc de réduire les émissions mondiales entre 40% et 70% d’ici 2050 et de les ramener à un niveau « proche de zéro », d’ici la fin du siècle.

Un défi mondial

Actuellement, la production d’énergie représente 35% des émissions, l’agriculture et la forêt 24%, l’industrie 21%, les transports 14% et le bâtiment 6%. Le CO2 est de loin (76%) le principal gaz à effet de serre, a expliqué à l’Agence France Presse, Youba Sokona, co-président du groupe auteur du rapport. Ce dernier a indiqué : « Nous faisons face à des défis mais il n’est pas trop tard pour agir », mais « plus nous attendons, plus ce sera coûteux et plus les défis seront grands ».

Il s’agit pour les dirigeants de s’engager à diminuer les GES dans plusieurs secteurs comme l’énergie, les transports, l’habitat, l’agriculture. Ces secteurs devront connaitre « une révolution », a expliqué le journal Le Monde. Cette révolution passe par la réalisation de « rapides progrès dans le domaine de l’efficacité énergétique, parvenir à tripler voire quadrupler l’énergie neutre en carbone produite à partir des énergies renouvelables, du nucléaire, des agrocarburants ». Mais aussi, développer massivement les techniques de séquestration et de stockage du CO2 et les programmes à grande échelle de reforestation afin de créer des puits de carbone.

De son côté, le président du GIEC, Rajendra Pachauri, a expliqué à Berlin que « La lutte contre le changement climatique réclame une coopération internationale sans précédent ». Il a averti que « le train de l’atténuation doit quitter la gare maintenant et toutes les sociétés du monde devront embarquer ».

"La transformation des modes de vie"

Le rapport du GIEC insiste sur « la transformation des modes de vie » accompagnant les changements profonds de production et de consommation. Youba Sokona a expliqué que l’objectif de 2°C est « un objectif politique adopté par les Etats » lors de la conférence des Nations unies sur le climat en 2010 à Cancun (Mexique). Le rapport du GIEC « dit clairement que si les gouvernements y tiennent, il est encore possible de l’atteindre avec les technologies existantes. Mais plus ils attendent, plus ce sera coûteux ». D’ailleurs, « plus ils seront dépendants de solutions dont les risques sont mal maîtrisés ou les conséquences par exemple sur la sécurité alimentaire potentiellement importants ».

En effet, le troisième volet du rapport publié fin mars fait état des conséquences sur la Planète et sa population : catastrophe naturelle extrême, accroissement de la pauvreté et pénurie alimentaire. Des défis que les Etats pourraient connaitre au cours de ces vingt prochaines années.

Les scientifiques pointent à nouveau du doigt, le coût économique de l’inaction, car plus les décisions tardent à venir, plus la charge sera lourde pour les générations futures. Les générations futures devront faire face à un climat extrême et incertain, ajouté à un modèle économique inadapté et créateur d’inégalité.

Des chiffres ont été mis en avant dans le « résumé pour les décideurs » concernant l’évolution de la consommation mondiale : -0,06% sur une croissance anticipée de 1,6 à 3% par an d’ici 2100. Jean-Charles Ourcade, du Cired (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement) a expliqué au Monde que « les économistes doivent en priorité réfléchir aux moyens de concilier lutte contre le changement climatique et emploi ».

Cependant pour Christian Gollier de l’Université de Toulouse 1 et co-auteur du rapport : « La balle est dans le camp des politiques. Des choix de société doivent être faits. Combien sommes-nous prêts à payer pour ne pas laisser ce fardeau aux générations futures ? La science ne peut pas répondre à cette question » de l’emploi.

Céline Tabou

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Messages

  • Très bonne information, c’est pour cela qu’il urgent qu’on ait notre NRL car la route actuelle bientôt ne sera plus utilisable !
    Je constate que mes post ne sont diffusés, est-ce parce que je suis pour la NRL ?

  • Coupables devant les générations futures

    Avec les dernières révélations du Giec publié le 13 avril, il est maintenant le temps de faire cesser les actions des personnes et des États qui augmentent la création de gaz à effet de serre pour des raisons financières. L’exploitation des sables bitumineux au Canada est une des causes qui font actuellement disparaître des pays du tiers-monde sous le niveau de la mer. Les changements climatiques en cours ont déjà fait des milliers de décès et menacent la vie de millions de personnes sur cette planète.

    Le troisième rapport du Giec répète avec encore plus d’insistance ce que les deux précédents ont dit. Maintenant, la probabilité que le réchauffement climatique soit dû aux activités humaines est supérieure à 95 % et les émissions de CO2 doivent diminuer de 40 à 70 % d’ici 2050. Il serait donc normal de s’attendre des décideurs de la planète qu’ils s’entendent pour là sauver. Or les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent des niveaux sans précédent et leur croissance n’a jamais été aussi rapide. De 2000 à 2010, en dépit des alertes publiées, les émissions ont augmenté passant à 2,2 % par année alors qu’elles étaient en moyenne de 0,4 % depuis 30 ans. Les avertissements n’ont visiblement pas réussi à faire entendre la voix des pays du tiers-monde et des personnes en danger aux producteurs de CO2. Il n’y a plus de doute face au fait qu’actuellement, la lutte contre les changements climatiques est une question de volonté mondiale et non de capacité.

    Le coût économique de l’inaction doit être chargé à ceux qui travaillant contre l’instauration de normes plus contraignantes ou la mise en place de taxes basée sur les émissions de carbone. Ils devraient en être tenus responsables devant les générations futures. Les impacts des changements climatiques menacent plus que la stabilité mondiale. Ils confirment l’échec des politiques publiques mises en œuvre jusqu’à présent et montrent que la génération actuellement au pouvoir sacrifie sciemment le bien-être de ses enfants et de populations de la terre entières pour conserver son niveau de vie. Les résidents de Kitimat, en Colombie-Britannique, viennent de voter contre la proposition de projet d’oléoduc Northern Gateway. Le nouveau premier ministre du Québec, Philippe Couillard, devrait penser à son serment d’Hippocrate et réexaminer le dossier du pipeline qui amène le pétrole des sables bitumineux vers l’est du Canada.

  • Jori, lisez le rapport du GIEC, et vous apprendrez que toutes les routes sur le littoral sont condamnées, alors ne parlez pas de la route en mer de la Région, elle est déjà sous l’eau avant même que les travaux commencent.

  • Je vous remercie et vous présente mes excuse pour la fin de mon post.


Témoignages - 80e année


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