Le G7 poussée à faire face à l’urgence climatique

Climat :"Nous sommes déterminés à éviter tout retour en arrière"

19 avril 2023

Les ministres de l’Energie, du Climat et de l’Environnement du G7 se sont réunits le 15 avril à Sapporo, au nord du Japon, pour d’ultimes et "difficiles" négociations, à l’issue desquelles ils ont publié une déclaration commune.

Le club des principaux pays industrialisés est sous pression pour faire preuve d’unité et renforcer son action après le dernier rapport de synthèse alarmant du groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), publié en mars.

Selon le Giec, le réchauffement de la planète causé par l’activité humaine atteindra 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle dès les années 2030-2035. Or, l’accord de Paris sur le climat de 2015, que tous les membres du G7 assurent vouloir défendre sans relâche, vise à limiter l’augmentation des températures à ce niveau, ou à défaut nettement en dessous de 2°C.

Le G7 doit donner le ton contre le réchauffement climatique avant les prochaines échéances importantes de 2023 : le G20 en Inde et la COP 28 à Dubaï, dont le président est Ahmed al-Jaber.

Le Japon et sa transition écologique controversée

De nombreuses ONG craignaient que cette réunion ministérielle du G7 n’entraîne une régression sur le front de l’urgence climatique, en raison des positions conservatrices du Japon. Très dépendant de ses importations d’énergies fossiles, le Japon voulait profiter de l’occasion pour appeler à de nouveaux investissements en amont dans le gaz, dans un contexte de crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine.

Tokyo a souhaité faire reconnaître par le G7 sa stratégie controversée de transition énergétique, consistant en partie à utiliser de l’hydrogène et de l’ammoniac comme co-combustibles pour ses centrales à gaz et à charbon.

"La situation énergétique est différente d’un pays à l’autre", c’est pourquoi il faut "avancer vers la neutralité carbone par divers chemins" a déclaré le ministre japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti) Yasutoshi Nishimura.

Le Japon paraît cependant plutôt isolé au sein du G7. "Il y a une unité très forte des autres membres du G7 pour éviter tout langage favorable aux énergies fossiles et à l’exploration de gaz dans ces négociations", a assuré le ministère français de la Transition énergétique, reconnaissant cependant des discussions "difficiles".

"Avec l’ensemble de nos partenaires européens notamment, nous sommes déterminés à éviter tout retour en arrière", selon la même source. "Un langage fort" du G7 sur la sortie des énergies fossiles dans l’électricité "conviendrait très bien au Canada", a aussi assuré à l’AFP Steven Guilbeault, le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique.

D’ailleurs, dans la déclaration commune du G7, les dirigeants soulignent que "le Japon ne peut pas simplement financer des accords de transition énergétique, d’une part, et exporter une technologie obsolète de combustibles fossiles, de l’autre".

Accélérer la sortie du charbon

"Compte tenu de la faiblesse des attentes (vis-à-vis de cette réunion), le résultat semble aujourd’hui meilleur que ce que beaucoup prévoyaient", a indiqué Ed King du réseau de communication sur le climat GSCC.

Dans la déclaration commune, les ministres réitèrent surtout leur volonté d’œuvrer à la réduction des émissions de GES, par des actions "rapides et de grande envergure", dans tous les secteurs, afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, selon le site Actu Environnement.

Les dirigeants du G7 appellent toutes les pays à aligner leurs trajectoires sans plus attendre, en mobilisant tous les leviers : décarbonation du secteur routier, maritime et aérien, tarification carbone, développement des produits et services zéro émission, économies d’énergie, changement des comportements de consommation, réduction de l’utilisation des énergies fossiles…

Concernant le gaz naturel, dont la demande mondiale a été amplifiée l’an dernier par la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, des garde-fous devraient finalement s’imposer dans le langage du G7.

La nouvelle mouture du communiqué final parle de restreindre les investissements dans ce secteur et de donner la priorité à la "transition vers une énergie propre grâce aux économies d’énergie et à la réduction de la demande de gaz".

"Les dirigeants reconnaissent que le gaz n’est pas la solution" a salué Ed King du réseau GSCC. Cependant, la proposition du Japon de faire reconnaître l’ammoniac et l’hydrogène comme des co-combustibles "propres" pour les centrales thermiques a été modérée. Ces technologies doivent être développées à partir de sources "bas carbone et renouvelables", a indiqué la dernière version du texte du G7.

COP28

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