La Conférence sur le climat pas à la hauteur des enjeux

Clôture mitigée de la COP27

21 novembre 2022

Après des négociations tendues concernant le calendrier prévu, la COP27 s’est terminée le 20 novembre avec un texte très disputé sur l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique et sur l’impossibilité de fixer de nouvelles ambitions pour la baisse des gaz à effet de serre.

Ouverte le 6 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte, la conférence de l’ONU sur le climat est devenue l’une des COP les plus longues de l’histoire en prenant fin le 20 novembre à l’aube. "Ça n’a pas été facile" mais "nous avons finalement rempli notre mission", a indiqué son président, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri.

Une déclaration finale faite de compromis a été adoptée, appelant à une réduction "rapide" des émissions mais sans aucune ambition nouvelle par rapport à la COP26 de Glasgow en 2021.

"Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant, et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu", a regretté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. L’Union européenne s’est dite "déçue", alors que le Premier ministre britannique Rishi Sunak a appelé à en "faire plus".

La particularité de cette édition 2022 est l’adoption d’une résolution sur la compensation des dégâts du changement climatique subis par les pays les plus pauvres. Ces "pertes et dommages" climatiques ont failli créer une rupture lors de la conférence, avant qu’un compromis de dernière minute soit trouvé.

Le texte n’est pas parfait, car il laisse de nombreuses questions en suspens et acte le principe de la création d’un fonds spécifique. Le ministère sud-africain de l’Environnement a salué un "progrès" mais réclamé "une action urgente" pour "assurer le respect des obligations des pays développés".

D’ailleurs, la partie concernant les réductions d’émissions a été également très disputé, de nombreux pays dénonçant un recul sur les ambitions définies lors de précédentes conférences. Particulièrement, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris : contenir le réchauffement à 1,5°C, toutefois réaffirmé dans la décision finale.

Les engagements actuels des pays signataires ne permettent pas de tenir cet objectif, ni même celui de contenir l’élévation de la température à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, lorsque les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique.

Ces engagements, s’ils sont intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C en 2100 et, au rythme actuel des émissions, sur celle d’un catastrophique +2,8°C.

Or, à près de +1,2°C actuellement, les impacts se multiplient depuis quelques années. En 2022, le monde a fait face à des sécheresses, méga-feux et inondations dévastatrices, impactant récoltes et infrastructures.

Les coûts s’envolent également avec une estimation de la Banque mondiale avoisinant les 30 milliards de dollars le coût des inondations ayant couvert d’eau un tiers du Pakistan pendant des semaines et fait des millions de sinistrés.

Les pays pauvres sont les plus exposés mais ils sont généralement très peu responsables du réchauffement. Raison pour laquelle, ils demandent depuis des années un financement des "pertes et dommages".

Certains points controversés devraient être débattus prochainement, car les détails opérationnels doivent être définis pour adoption à la COP28, fin 2023 à Dubaï, ce qui promet de nouveaux affrontements sur la question des contributeurs, les pays développés, États-Unis en tête, insistent pour que la Chine mette la main à la poche, bien que pas responsable.


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