Un phénomène extrême touche notre île

Comment nous adapter à la sécheresse ?

13 janvier 2011, par Manuel Marchal

Le mois de décembre a été « le mois le plus sec depuis que l’on relève les pluies à La Réunion », affirme Météo France. Ce phénomène s’inscrit dans une dynamique bien plus large : 2010 sera sans doute l’année la plus chaude jamais observée.

Depuis le mois d’octobre, la sécheresse sévit à La Réunion. Notre île n’est pas la seule à connaître ce phénomène. L’an passé, la Russie a connu une grave sécheresse qui a favorisé de gigantesques incendies. En Argentine, l’accentuation du phénomène La Niña explique une sécheresse dans ce pays.
Plus près de nous, la sécheresse dans le Sud de Madagascar provoque un risque de famine dans le Sud du pays, Maurice et les Seychelles sont également concernés par le manque d’eau.
Avec le réchauffement climatique, les phénomènes climatiques intenses vont devenir plus fréquents. Cela veut dire que le genre d’épisode que La Réunion est en train de vivre pourrait devenir plus fréquent. Cela pose le problème de l’adaptation. 2 degrés de hausse des températures moyennes, cela correspond à 3,5 degrés de plus pour l’Afrique australe selon les estimations annoncées aux conférences sur le climat.
La Réunion est le pays qui détient de nombreux records mondiaux de pluviométrie. Un des enjeux de ce siècle, c’est de trouver des solutions pour capter un maximum de cette eau afin qu’elle puisse être stockée afin de diminuer la forte pression sur la ressource. Cela nécessite de multiplier les retenues collinaires au service de l’agriculture. Ces retenues pourront aussi fournir de l’électricité en étant équipées de micro-centrales hydrauliques.
La récupération de l’eau de pluie est un autre moyen d’économiser l’eau puisée dans le sous-sol (voir encadré). Il reste également à explorer l’utilisation de l’eau recyclée par les systèmes d’assainissement.
Tout cela devra également s’accompagner par des mesures visant à éviter au maximum le gaspillage de l’eau. Ce sont de nouveaux comportements à adopter.
Ce 21ème siècle pourrait être marqué par des guerres de l’eau, du fait de la hausse considérable de la population et de l’impact de sécheresses de plus en plus forte. Ce problème est donc sérieux, et il met à l’épreuve la cohésion de notre société. La Réunion se dirige vers le million d’habitants, et l’une des conditions de son développement c’est qu’un million de personnes puissent avoir accès à une eau de qualité pour un prix correspondant aux capacités contributives des Réunionnais.

Manuel Marchal


Selon l’Office réunionnais de l’eau :

- 20% de l’eau consommée est utilisée pour les toilettes

- 7% de l’eau consommée correspondent à nos besoins pour la boisson et l’alimentation


Une alternative : capter l’eau de pluie

Pour limiter la pression sur les nappes phréatiques, l’Office réunionnais de l’eau propose de développer la récupération d’eau de pluie. Voici pourquoi :

« La récupération d’eau de pluie permet de préserver l’environnement et de réserver l’eau potable aux usages nécessitant un certain niveau de qualité.
L’eau est une ressource limitée indispensable au quotidien. Cependant, tous les usages ne nécessitent pas une qualité relevant de l’eau potable distribuée au robinet. En effet, 20% de l’eau consommée est utilisée pour les toilettes, alors que seulement 7% de l’eau consommée correspondent à nos besoins pour la boisson et l’alimentation.
La récupération d’eau de pluie permet ainsi de préserver l’environnement en réservant l’eau potable aux usages nécessitant un certain niveau de qualité : les eaux pluviales recueillies permettent de répondre aux besoins pour certains usages intérieurs et extérieurs ne nécessitant pas d’eau potable (arrosage des espaces verts, lavage de voiture, chasse d’eau des toilettes, lavage de sols).

Les avantages de la récupération d’eau de pluie sont multiples :

- au niveau environnemental, elle participe à la préservation des ressources en eau des rivières et des nappes phréatiques,

- au niveau économique, l’eau de pluie est gratuite et livrée à domicile,

- au niveau pratique, elle permet d’avoir à disposition des réserves d’eau mobilisables en cas de panne de réseau.

La récupération d’eau de pluie est toutefois encadrée par la réglementation. L’arrêté ministériel du 21 août 2008, relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, complète l’arrêté introduisant un crédit d’impôt sur les installations et vient préciser les types d’usages autorisés, et les conditions d’installation, d’entretien et de surveillance des équipements. Initialement prévu jusqu’au 31 décembre 2009, ce crédit d’impôt a par la suite été prolongé de manière à s’appliquer sur les dépenses payées jusqu’au 31 décembre 2012. Cette mesure fut entérinée par la publication au bulletin officiel des impôts le 19 juin 2009. Les principaux points soulevés par cette réglementation sont les suivants :

- Restrictions des usages : afin d’assurer la sécurité sanitaire des usagers, seuls certains usages sont autorisés, tels que l’arrosage du jardin ou pour les toilettes,

- Conformité des installations : les équipements doivent répondre aux exigences de la réglementation,

- Obligations du propriétaire : il est notamment contraint de veiller au bon entretien de son installation pour prévenir tout risque de dysfonctionnement ou contamination.
(…) ».

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