Conclusion de la conférence de Cancun

Des avancées pour préparer le sommet décisif de Durban

13 décembre 2010, par Manuel Marchal

La Conférence de Cancun s’est conclue sur l’adoption d’un texte qui, à la différence de l’accord de Copenhague, a pu être mis aux voix. Si le cadre de discussion est préservé, la décision devra être prise l’année prochaine à Johannesburg, car le Protocole de Kyoto prend fin en 2012 et actuellement, rien n’est prévu pour le remplacer.

Pas d’accord mais des avancées à Cancun, l’unanimité n’a pas été obtenue sur le texte final. Néanmoins, l’essentiel est préservé pour ce qui concerne la négociation. Le cadre des discussions est maintenu, et quelques confirmations peuvent être actées. Pour la seconde fois en deux ans, les pays riches s’engagent à participer à un fonds de compensation pour atténuer les effets du changement climatique dans les îles et les pays les plus pauvres. Le montant continue de faire débat entre les tenants de la dette climatique qui exigent dès maintenant plus de 100 milliards de dollars par an, et ce qui est accepté par les pays riches, à savoir 10 milliards par an tout de suite, et 100 milliards dans 10 ans. Le principe de la solidarité est donc acté, reste à définir la forme.

Le cadre maintenu

Le texte issu de la conférence de Cancun réaffirme aussi l’objectif annoncé à Copenhague de limiter la hausse des températures à 2 degrés au-dessus du niveau de l’époque d’avant la Révolution industrielle en Europe. D’autres mesures concernent la lutte contre la déforestation, et le transfert de technologie.
Les documents adoptés par la Conférence maintiennent le cadre des discussions. Il existe toujours deux catégories, les pays développés et les pays en développement. Chacun a donc une responsabilité commune mais différenciée en fonction de son appartenance au monde développé ou en développement.
Si le président des Etats-Unis a pris la peine de prendre son téléphone pour féliciter le chef de l’État mexicain de ce résultat, le texte adopté suscite des réactions contrastées. Car pour des pays déjà gravement touchés par les conséquences du changement climatique, il était possible de faire beaucoup mieux. C’est ce qui explique pourquoi la Bolivie a refusé de voter ce texte, ce qui lui enlève toute portée juridique. Car selon Pablo Solon, ambassadeur bolivien du Climat, l’absence de toute contrainte dans le texte de Cancun signifie une hausse de 4 degrés de la température moyenne de la Terre. 300.000 personnes meurent chaque année des catastrophes liées au changement climatique, a-t-il ajouté. Selon la Bolivie, ce texte est donc une victoire de la diplomatie occidentale.

L’échéance se rapproche

Si le cadre de discussion est préservé pour encore un an au moins, beaucoup reste à faire. Manifestement, l’objectif de 2 degrés manque d’ambition, et cela a été rappelé lors des interventions des chefs de délégation lors du segment de haut niveau. Ainsi, Ronald Jumeau, ambassadeur des Seychelles, avait rappelé que plus de 100 États, c’est-à-dire la majorité, revendiquent une hausse des températures limitée à 1,5 degré. 1,5 degré, c’est aussi la position défendue par la plupart des ONG, qui constitue une voix importante dans les conférences internationales.
C’est donc sur quelques timides avancées que se conclut la conférence de Cancun. Tout se jouera donc l’année prochaine à Durban en Afrique du Sud lors de COP-17. Car c’est en 2012 que se termine la première période d’engagement fixée par le Protocole de Kyoto. L’urgence sera donc de trouver un accord qui réussisse l’exploit d’être plus contraignant encore pour les pays riches, tout en remportant leur adhésion. Le GIEC a encore souligné que l’échéance c’est 2015. Si la pollution continue à augmenter après cette date, alors les conséquences pourraient être totalement hors de contrôle.

Manuel Marchal

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