Des pluies de mousson tardives font craindre le pire

Des millions de personnes menacées par des inondations au Pakistan

16 septembre 2014

Les pluies de mousson tardives dans le nord du Pakistan ont emporté des communautés et dévasté des terres agricoles. Elles risquent de provoquer des « inondations monstres » dans tout le pays, ce qui pourrait rendre des millions de personnes vulnérables. Extrait d’un article de IRIN.

Un membre de l’équipe de secours de la Société du Croissant-Rouge pakistanais lance une alerte dans le district de Muzaffarabad. (Photo : Pakistan Red Crescent Society)

L’Autorité nationale de gestion des catastrophes (National Disaster Management Authority, NDMA) signale que plus de 200 personnes ont péri dans les inondations qui ont commencé au début du mois de septembre. Jusqu’à présent, 600 000 personnes ont été touchées par les inondations d’environ 1 200 villages. Des milliers de maisons ont été détruites, de même que près de 436 000 acres (176 443 hectares) de récoltes. Ces chiffres augmentent tous les jours.

« Le problème le plus urgent est d’évacuer les habitants des zones inondées pour les emmener dans les camps de secours - ensuite, il faut répondre à leurs besoins en matière d’abri, d’eau et de nourriture », a déclaré à IRIN le porte-parole de la NDMA, Ahmad Kamal. L’accès aux populations touchées est difficile en raison de l’ampleur de la catastrophe.

Les régions montagneuses du nord du Gilgit-Baltistan et du Cachemire sous administration pakistanaise ont déjà connu les effets dévastateurs des inondations qui ont submergé de nombreux villages et déplacé des milliers de personnes. Les glissements de terrain et l’effondrement des infrastructures, y compris celui de milliers de maisons, ont fait des dizaines de morts.

Dans les montagnes, les rivières en crue qui se déversent vers le sud dans le Pendjab, la province la plus peuplée du pays, ont commencé à faire sauter les digues de protection contre les inondations, causant encore plus de dégâts, car d’énormes volumes d’eau se sont engouffrés au coeur des terres agricoles.

Mais ce ne sont pas seulement les terres agricoles à proximité des cours d’eau qui sont touchées. Certaines zones de la capitale provinciale, Lahore, sont sous l’eau, comme la ville voisine de Wazirabad. Le Pendjab a récemment décrété l’état d’urgence.

La NDMA et ses homologues au niveau du district et de la province travaillent en collaboration avec les forces armées pakistanaises, afin de coordonner les efforts de secours. Plus de 2 300 soldats et des dizaines de bateaux ont été déployés, et des hélicoptères ont été envoyés en renfort.

Les besoins immédiats concernent la recherche et le sauvetage, le rétablissement de l’accès, l’évacuation des eaux, la nourriture, l’eau potable, les soins d’urgence et les besoins en abris pour le nombre croissant de personnes déplacées par les inondations, dans les 271 camps qui sont éparpillés dans le Pendjab.

« Le bilan sera plus clair dans les prochains jours, car des rapports continuent d’arriver », a déclaré Ghulam Muhammad Awan, directeur des opérations de la Société du Croissant-Rouge du Pakistan. « À l’heure actuelle, sachant que l’inondation est attendue dans le Sindh au cours des prochains jours, il est prévu que la catastrophe se situera entre les inondations de 2013, qui ont touché environ 1,5 million de personnes, et les inondations monstres de 2010 qui ont sinistré près de 20 millions de personnes. »

Quelques points positifs

Mais la crise a révélé un certain nombre de points positifs. « De meilleurs moyens et systèmes pour faire face aux inondations, ainsi que des évacuations préventives ont sauvé des vies », a déclaré M. Kamal, qui a loué les efforts des autorités locales et des équipes de secours de l’armée. Ainsi, des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées en prévision des inondations.

Pendant ce temps, la montée des eaux continue d’exercer une pression sur les Headworks Trimu (un système de barrage d’écluses destinées à juguler l’écoulement de l’eau), où confluent les rivières Jhelum et Chenab près de la ville de Jhang, dans le centre du Pendjab. Des milliers de familles des environs sont en train d’être évacuées. Certaines zones du Pendjab sont déjà sous trois mètres d’eau.

Annette Hearns, directrice par intérim du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) au Pakistan, a qualifié la série d’inondations en cours de « crise évolutive ». « Nous suivons la situation de très près et nous sommes en contact permanent avec les autorités locales et nationales compétentes », a-t-elle affirmé.

« Des volumes d’eau exceptionnellement grands se déplacent vers le sud, à travers le Pendjab, et convergeront à divers endroits dans les prochains jours. L’impact de la situation va évoluer avec la progression de l’eau », a-t-elle dit.

Saluant les efforts des autorités qui mènent des opérations de sauvetage et de secours, elle a reconnu que les enseignements tirés des inondations majeures de 2010 et l’investissement dans la réduction des risques de catastrophes (RRC) avaient porté leurs fruits.

« L’évacuation préventive des personnes menacées est évidente, et les systèmes d’alerte précoce efficaces et l’expérience des précédentes inondations majeures ont en partie aidé à sauver la vie des personnes et à protéger leurs biens », a-t-elle déclaré.

Le gouvernement n’a pas officiellement demandé l’aide de la communauté humanitaire internationale.

Inondation

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