“L’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de la biodiversité”

Développement durable : les îles des trois océans ont rendez-vous à La Réunion

3 juillet 2008, par Manuel Marchal

A l’initiative de l’ONERC et en collaboration avec l’UICN, la Région, le Département et l’Etat, se tiendra la semaine prochaine à La Réunion un congrès international sur les thèmes de la biodiversité et des changements climatiques. Cette rencontre de haut niveau sera le premier grand rendez-vous de la présidence française de l’Union européenne, ce qui donne une dimension particulière à cet événement. Il se tient à La Réunion, où le mot d’ordre d’autonomie énergétique pour 2025 a déjà permis la réalisation d’expériences positives et est un moyen spécifiquement insulaire de relever le défi du développement.

Initiée par la Région et organisée par l’ONERC, l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), le Conseil régional, le ministère de l’Intérieur, la conférence "L’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de biodiversité" est le premier événement de la présidence française de l’Union européenne, une présidence placée notamment sous le signe du développement durable, comme l’a rappelé le préfet. Du 7 au 11 juillet, plus de 400 participants venus des trois océans sont attendus. Ils représenteront les pays de la COI, les 7 Régions ultrapériphériques de l’Union européenne, les 21 PTOM (Pays et Territoires d’Outre-mer), des pays membres des PEID (Petits Etats Insulaires en Développement), des organisations internationales, des instituts de recherche, la société civile et le secteur privé.
Présentant ce congrès, le préfet Pierre-Henri Maccioni souligne le « potentiel économique, social et culturel » des RUP et des PTOM et précise les menaces qui pèsent, pestes végétales, pollution et les effets du réchauffement climatique. « Dans ce contexte, les RUP et les PTOM méritent l’attention de toute l’Union européenne ». « Avec l’appui de l’Union européenne, ils peuvent devenir des pôles d’excellence en matière de recherche pour le développement durable (...) d’énergies renouvelables et d’adaptation au changement climatique ». Tout comme au début de son intervention, le préfet conclut en rendant hommage à Paul Vergès, président de l’ONERC, initiateur de cet événement qui prendra une dimension toute particulière parce qu’il est le premier événement de la présidence française de l’Union européenne.

Partage d’expériences insulaires

Rappelant la démarche qui a amené à la tenue à La Réunion de cette conférence, ainsi que la diversité et l’importance politique des participants (voir encadré), Paul Vergès rappelle un objectif essentiel : rassembler les îles du monde. Des îles qui, quels que soient leur statut où leur situation géographique, ont des défis communs. C’est par exemple l’énergie, la protection de la richesse de leur biodiversité et l’adaptation aux effets du réchauffement climatique. « Sur tous les plans, ce congrès permettra de tirer des enseignements pour l’ensemble des îles du monde », précise le président de l’ONERC.
Paul Vergès a insisté également sur les expériences positives dans ces domaines qui existent à La Réunion. C’est l’application du mot d’ordre d’autonomie énergétique électrique en 2025 et toutes ses conséquences en termes d’innovation, de création d’emplois, et de réduction de la facture énergétique et environnementale du développement. C’est également le basculement des transports vers des moyens de déplacement utilisant l’électricité. D’ici quelques années, un tram-train électrique sera en service, et des voitures électriques pourront se brancher sur des stations alimentées par les panneaux solaires implantés tout au long de la route des Tamarins. Le président de l’ONERC précise qu’en 2025, il est possible de prévoir un parc automobile de 600.000 unités. L’objectif est de transformer ces 600.000 véhicules en voitures électriques. Paul Vergès rappelle que « La Réunion va essayer d’être un pôle d’excellence ». Et d’ajouter que « maintenant, nous sommes au pied du mur ». Avant 2030, La Réunion sera un exemple dans le développement durable, ajoute-t-il en substance.

Dimension internationale et citoyenne

Tout comme le préfet, Nassimah Dindar rend également hommage au travail du président de l’ONERC. « Cette petite île qu’est La Réunion se félicite que cette conférence soit labellisée par l’Union européenne ». La présidente rappelle l’importance jouée par l’agriculture réunionnaise dans le développement durable. Elle note également l’importance de penser au mode de transport de demain, « qui préservera l’environnement » et qui amènera les Réunionnais à changer de comportement.
Présidente également du Comité opérationnelle 27 du Grenelle de l’Environnement, elle insiste sur l’importance pour l’Outre-mer de se faire entendre à ce niveau.
Cette conférence internationale « sera l’occasion pour les élus et les citoyens de se rendre compte des enjeux au quotidien », poursuit-elle, mettant en avant la politique de l’eau et la gestion des déchets. Cet événement contribuera à « montrer que le modèle réunionnais peut trouver un écho international et auprès de tous les citoyens ».
Outre le fait qu’elle placera sous les feux des projecteurs le mot d’ordre d’autonomie énergétique, la conférence se conclura par un programme d’actions pluriannuel et par une déclaration politique de la présidence française de l’Union européenne.

Manuel Marchal


Philippe Berne - Région Réunion

Changement climatique : la mise en œuvre d’une stratégie

Vice-président de la Région délégué à l’Aménagement, Philippe Berne constate que « ce n’est pas un hasard si cette conférence se tient à La Réunion en 2008 ». Il rappelle un événement fondateur, la conférence de presse de 1997 tenue par Paul Vergès et lui-même à La Réunion sur les changements climatiques.
Il précise que face aux changements climatiques, la stratégie se décline sous deux aspects.
C’est tout d’abord l’atténuation, avec la mise en œuvre du mot d’ordre d’autonomie énergétique pour 2025 et la mise en service du tram-train. Autant de réalisations qui feront diminuer significativement les émissions de gaz à effet de serre à La Réunion.
C’est ensuite l’adaptation. Philippe Berne annonce un Plan climat dans le prochain Schéma d’Aménagement Régional (SAR). Une des priorités doit être de maintenir les récifs coralliens dans la meilleure santé possible, car se sont des remparts naturels indispensables pour faire face à des cyclones qui seront de plus en plus fréquents et intenses.
Concernant la promotion de la biodiversité, Philippe Berne rappelle que la Région a été à l’initiative de la création du Parc national en lançant la réflexion sur le type de protection à adopter pour préserver la biodiversité des Hauts. La collectivité a été également un acteur de pointe de la création de la Réserve marine. Concernant la lutte contre les pestes végétales, il rappelle que la Région s’implique dans ce secteur depuis 20 ans. Elle a contribué à la création du Pôle 3P du CIRAD.
Il conclut en insistant sur une donnée très importante : la connaissance et la recherche. Philippe Berne rappelle que La Réunion est coordinatrice du programme Netbiome, qui vise à créer un réseau avec les PTOM afin de faire émerger des pôles pouvant répondre à des appels à projets lancés au niveau européen.


Jean-Philippe Palasi - UICN (UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE)
Faire entendre la voix des îles de l’Union européenne

Jean-Philippe Palasi insiste sur le fait que c’est la première fois que seront réunies les RUP et les PTOM lors du congrès que l’UICN co-organisent, avec l’ONERC, la Région et l’Etat.
Créée en 1948, l’Union internationale pour la conservation de la nature comprend 200 États adhérents et 800 ONG. Jean-Philippe Palasi indique que sous l’impulsion de l’UICN, « une initiative mondiale sur les îles est en train d’être mise en place ». Un des objectifs de la conférence de la semaine prochaine est de montrer « ce que l’Outre-mer peut apporter à l’Union européenne ». Cela sera un atout pour « renforcer le rôle et la voix des entités de l’Union européenne sur le plan régional et international ».
Cette conférence devra aboutir à trois actes : un message de La Réunion, un programme d’actions pluriannuel et une déclaration de la présidence française de l’Union européenne.


L’ONERC : le résultat d’un vote unanime

D’une proposition de loi à l’organisation d’un événement officiel de l’Union européenne

Paul Vergès rappelle que l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) est le fruit d’un texte de loi qu’il a proposé au Sénat. Cette proposition de loi faisait de la lutte contre le réchauffement climatique comme une priorité nationale. Elle a tout d’abord été signée par tous les groupes parlementaires du Sénat, puis elle a été votée à l’unanimité. C’est cette même unanimité qui a prévalu à l’Assemblée nationale et a abouti à la promulgation de cette loi le 19 février 2001.
L’ONERC a pour mission d’informer les collectivités territoriales sur les mesures à adopter pour s’adapter aux conséquences du changement climatique.
Paul Vergès souligne que l’ONERC avait organisé à Marseille une rencontre avec tous les pays de la Méditerranée. Il rappelle qu’en décembre 2006, un congrès co-organisé par l’ONERC avait rassemblé des représentants de toutes les îles de la Caraïbe, ainsi que les Etats riverains du Golfe du Mexique.
C’est à cette occasion qu’a été initiée l’idée d’organiser une rencontre à La Réunion sur les thèmes de l’adaptation au changement climatique et la protection de la biodiversité, en partenariat avec l’UICN.
L’inscription de cet événement à l’agenda de la présidence française de l’Union européenne élargit considérablement la dimension de cet événement.
Rappelons que cela fait 11 ans que Paul Vergès et Philippe Berne avaient, en pleine campagne électorale, organisé une conférence de presse sur le thème des enjeux du réchauffement climatique. Cela fait 9 ans que le Conseil régional a lancé le mot d’ordre d’autonomie énergétique pour 2025 à partir des énergies renouvelables, 7 ans que la loi faisant de la lutte contre le changement climatique est une priorité nationale. Un des résultats de cette longue lutte est l’organisation à La Réunion d’une conférence internationale sur un des thèmes fondamentaux de la présidence de l’Union européenne.


Une dimension planétaire

Le président de l’ONERC note que l’inscription de la conférence dans l’agenda de la présidence française de l’Union européenne élargit la dimension de cet événement, ainsi que le cercle des participants. Paul Vergès en donne un aperçu. Il y aura donc, entre autres :
Trois ministres du gouvernement français : Jean-Louis Borloo (Ecologie et Développement durable), Michèle Alliot-Marie (Intérieur et Outre-mer),et Yves Jégo (Outre-mer).
Les ministres des pays de la Commission de l’Océan Indien.
Le ministre de Finances et des Affaires étrangères du Groenland.
Le ministre de l’Environnement des Maldives.
Le ministre de l’Environnement de la Polynésie.
Le ministre de l’Agriculture de Montserrat.
Des représentants de la Commission européenne et des Directions générales de la Commission Développement régional, Environnement, Mer et Pêche.
Le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie.
Le ministre de l’Environnement de la Province sud-africaine du Western Cape.
Le Prix Nobel de la Paix et directeur du GIEC, le Dr. Pachaury.
Loin d’être exhaustive, cette liste reflète la diversité des participants, venus de tous les océans.


Dans nos prochaines éditions, nous reviendrons sur le programme de cette conférence internationale qui se tiendra du 7 au 11 juillet à Saint-Denis et à la Plaine des Palmistes.

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  • La Terre à l’orée d’un refroidissement climatique ?
    Dans les toutes prochaines années, la Terre va hésiter entre réchauffement et refroidissement, avant de basculer dans les décennies à venir vers un refroidissement, affirme un chercheur russe, spécialiste du rayonnement solaire. Ces prévisions vont à l’encontre des théories ayant cours actuellement.
    Dans les 5 à 7 années à venir, notre planète va hésiter entre un réchauffement et un refroidissement global, estime Khabiboullo Abdoussamatov, chef du Laboratoire d’études spatiales de l’Observatoire astronomique principal de Poulkovo, relevant de l’Académie des sciences russe.
    "Nous avons trouvé un nouveau témoignage de la baisse, depuis deux siècles, de l’intensité du rayonnement solaire. Cette baisse, qui est déjà là, conduira à une diminution de la température globale sur la Terre à partir de 2013-2015. Pour l’instant, durant quelques années, avant que ne débute ce prochain refroidissement, nous nous trouvons dans une phase d’équilibre, pendant laquelle la température va tourner autour du maximum déjà atteint, sans augmenter davantage", a déclaré Khabiboullo Abdoussamatov à RIA Novosti.
    Le chercheur est parvenu à la conclusion que depuis le début des années 90, le Soleil a déjà commencé à diffuser moins d’énergie. Mais grâce à l’inertie thermique de l’océan mondial, notre planète se trouve pour l’instant en équilibre du fait de l’énergie "accumulée".
    Ce nouveau témoignage de la baisse de l’intensité du rayonnement est apporté, selon M. Abdoussamatov, par l’analyse du "petit" cycle solaire actuel. "L’intensité du rayonnement et l’activité de notre astre changent de manière cyclique tous les 11 ans et tous les 200 ans, ajoute l’astronome. Le caractère exceptionnel du cycle actuel de 11 ans réside dans le fait qu’il a été le plus long de tous les "petits" cycles solaires étudiés de manière fiable depuis 150 ans." Le "petit" cycle solaire actuel dure depuis déjà 12 ans, ce qui ne constitue pas une anomalie, mais témoigne simplement du fait que le cycle de 200 ans de variation de l’intensité du rayonnement solaire est entré dans une phase de baisse.
    "Cette baisse de l’énergie solaire nous parvenant, qui se reproduit tous les deux siècles, entraînera à partir de 2013-2015 une longue période de refroidissement de notre planète qui atteindra son minimum - un froid profond - vers 2055-2060, et cette période de froid durera de 45 à 65 ans, pronostique le chercheur."
    Khabiboullo Abdoussamatov voit également la preuve d’un prochain refroidissement dans le fait qu’après le réchauffement global de la période 1998-2005, la température sur Terre a cessé d’augmenter, de nombreux scientifiques annonçant même une légère baisse en 2008.

    http://fr.rian.ru/science/20080618/111117702.html

    Alors pourquoi s’entêter et dépenser des milliards pour réduire le CO2 soit-disant responsable du réchauffement ?
    Préparons nous au froid, bien plus dangereux qu’un réchauffement...


Témoignages - 80e année


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