La réalité commande de construire le chemin de fer

Droit dans le mur avec la route en mer

11 septembre 2014

L’Organisation météorologique mondiale vient une nouvelle fois d’alerter dans son rapport annuel. La concentration des gaz à effet de serre a encore augmenté. Pour le CO2, elle a atteint en 2013 le nombre de 396ppm, c’est 142% de la valeur d’avant le développement de l’industrie. L’urgence est donc de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et de protéger la population de la menace de la hausse du niveau de la mer. A La Réunion, l’objectif est de faire le contraire car l’essentiel des crédits est destiné à tenter de construire une route en mer pour les automobiles. Le ridicule va-t-il bientôt cesser ? Car les conclusions de l’OMM sont implacables, en voici des extraits :

« Les lois de la physique ne sont pas négociables », rappelle l’OMM. Mais ceux qui veulent dépenser plus de 2 milliards dans la route en mer persistent à ignorer la réalité.

En 2013, la concentration de CO2 dans l’atmosphère représentait 142% de ce qu’elle était à l’époque préindustrielle (1750), et celles du méthane et du protoxyde d’azote respectivement 253% et 121%.
Le Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre rend compte des concentrations – et non des émissions – de ces gaz dans l’atmosphère. Par émissions, on entend les quantités de gaz qui pénètrent dans l’atmosphère et, par concentrations, celles qui y restent à la faveur des interactions complexes qui se produisent entre l’atmosphère, la biosphère et les océans. L’océan absorbe aujourd’hui environ le quart des émissions totales de CO2 et la biosphère un autre quart, limitant ainsi l’accroissement du CO2 atmosphérique.

« Les lois de la physique ne sont pas négociables »

Or l’absorption du CO2 par les océans est lourde de conséquences : le rythme actuel d’acidification des océans semble en effet sans précédent depuis au moins 300 millions d’années, selon les résultats d’une étude.
« Nous savons avec certitude que le climat est en train de changer et que les conditions météorologiques deviennent plus extrêmes à cause des activités humaines telles que l’exploitation des combustibles fossiles », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Michel Jarraud.
« Le bulletin sur les gaz à effet de serre souligne que la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, loin de diminuer, a augmenté l’an dernier à un rythme inégalé depuis près de 30 ans », a poursuivi M. Jarraud. « Nous devons inverser cette tendance en réduisant les émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre dans tous les domaines d’activité. Le temps joue contre nous. »

« Le dioxyde de carbone demeure pendant des centaines d’années dans l’atmosphère et encore plus longtemps dans l’océan. L’effet cumulé des émissions passées, présentes et futures de ce gaz se répercutera à la fois sur le réchauffement du climat et sur l’acidification des océans. Les lois de la physique ne sont pas négociables. »

L’océan au centre du débat

« Le bulletin sur les gaz à effet de serre fournit aux décideurs des éléments scientifiques sur lesquels ils peuvent s’appuyer. Nous possédons les connaissances et nous disposons des leviers nécessaires pour prendre des mesures visant à limiter à 2°C l’augmentation de la température et donner ainsi une chance à notre planète tout en préservant l’avenir des générations futures. Plaider l’ignorance ne peut plus être une excuse pour ne pas agir. »
« La décision d’inclure dans ce numéro du Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre une section sur l’acidification des océans était nécessaire et vient fort à propos. Il est grand temps que l’océan, qui est le facteur déterminant du climat de la planète, soit dorénavant au centre du débat sur le changement climatique », a fait valoir Wendy Watson-Wright, Secrétaire exécutive de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO.

« Si l’on estime que le réchauffement planétaire n’est pas une raison suffisante de réduire les émissions de CO2, il devrait en être autrement pour l’acidification des océans, dont les effets se font déjà sentir et ne feront que se renforcer dans les décennies à venir. Je partage l’inquiétude du Secrétaire général de l’OMM : le temps, effectivement, joue contre nous. »

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