Phénomènes climatiques extrêmes et hausse de la population

Enawo rappelle le défi du siècle : adaptation au changement climatique

10 mars 2017, par Manuel Marchal

Selon un bilan des autorités malgaches diffusées hier, le passage du cyclone Enawo est responsable de la mort de 5 personnes. Plus de 50.000 sont sinistrées. Ce bilan est provisoire. Face à la catastrophe, des appels à la solidarité sont lancés. Ce fut le cas notamment dès le 7 mars, de celui de l’association REAGIES. La PIROI est mobilisée et la COI a appelé hier « à la solidarité de tous ». Cette catastrophe rappelle un défi de ce siècle : l’adaptation au changement climatique.

Volontaires de la Croix-Rouge de Madagascar mobilisés aux côtés des sinistrés. (photo Croix-Rouge de Madagascar)

Le cyclone Enawo a lourdement frappé Madagascar. Au moment d’aborder les côtes du Nord-Est, il était classé cyclone tropical intense. Cela voulait dire des vents de plus de 200 kilomètres par heure, et des vagues de plusieurs mètres.

« La trajectoire du système ainsi que son intensité à l’atterrissage rappelle les cyclones Ivan (2008) et de Gafilo (2004). Se basant sur l’expérience de ces précédents cyclones, les projections estiment que 720 000 personnes pourraient être affectées par Enawo tandis que 92 000 pourraient nécessiter une aide d’urgence dans les prochaines semaines. Il est pour le moment difficile d’évaluer l’étendue des dégâts compte-tenu de l’isolement des régions affectées et de l’interruption des réseaux de télécommunication avec la région d’Antalaha », indique la Croix-Rouge.

La solidarité s’organise. Les services de secours malgaches sont totalement mobilisés. Le président de la République se rendra dans la région touchée dès que les communications seront rétablies. Selon les autorités malgaches, le passage du météore est responsable de 5 morts et de plus de 50.000 sinistrés, bilan provisoire. Depuis La Réunion, les équipes de la PIROI se préparent à intervenir.

Forte croissance démographique

Cette année, le Sud de Madagascar a connu une nouvelle sécheresse. Plus d’un million de personnes étaient concernées par une menace de famine. C’était la conséquence d’un phénomène climatique inhabituel. Et aujourd’hui, Madagascar doit faire face aux conséquences d’un cyclone dévastateur qui a parcouru plusieurs régions de la Grande île.

Le changement climatique entraîne une hausse du niveau de la mer, ce qui peut amplifier les effets de ces phénomènes climatiques extrêmes. Ils touchent un pays qui connaît une forte croissance de sa population. Madagascar comptait 4 millions d’habitants quand La Réunion est devenue un département en 1946. Elle en a aujourd’hui 24 millions et sa population dépassera 40 millions d’habitants en 2030. Cela implique donc un nombre toujours plus important du nombre de personnes touchées par ces catastrophes.

Cet événement rappelle que l’adaptation au changement climatique reste un des plus grands défis de ce siècle. Il s’inscrit dans le contexte d’une hausse sans précédent de la population mondiale.

Dans la préface de « Les outre-mer face au défi du changement climatique », rapport 2012 de l’ONERC au Premier ministre et au Parlement, Paul Vergès, président de l’ONERC, soulignait ceci :

« Combien de temps nous reste-t-il pour une action efficace ? »

« Heureusement, nous avons encore la possibilité de maîtriser ce phénomène du changement climatique et d’agir pour en limiter les effets. Mais combien de temps nous reste-t-il pour une action efficace ? Ne faut-il pas engager dès aujourd’hui les transitions qui s’imposent pour maintenir la cohésion de nos sociétés ? Gérer des crises sur la production de céréales aujourd’hui est déjà un défi, mais que dire de cela dans quelques décennies où la population mondiale aura encore crû ? Où ces crises auront lieu plus fréquemment ? Nous sommes 7 milliards aujourd’hui, plus de 9 milliards dans quarante ans mais notre Terre n’aura, elle, pas grandi.

La croissance démographique actuelle est sans précédent dans l’histoire humaine, et elle survient dans cette même période où se déroule l’une des plus rapides évolutions climatiques de l’histoire de la Terre. Traiter ce défi nécessite à la fois de gérer le court terme, de traiter les crises actuelles et d’élaborer une vision de très long terme pour la construction d’une société durable à l’échéance d’un siècle et au-delà. Ceci doit mobiliser toute notre intelligence. »

C’est bien une nouvelle civilisation qu’il est nécessaire de construire, et notre génération a la responsabilité d’en jeter les bases. Si elle faillit à cette mission, alors il sera trop tard pour espérer maintenir l’espoir de vivre dans une société plus juste.

M.M.

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