Le Programme des Nations Unies pour l’environnement préconise une économie réduisant considérablement les émissions de CO2

Face au changement climatique : changeons de civilisation

27 novembre 2014

Un rapport des Nations Unies affirme que la neutralité carbone dans le monde doit être atteinte d’ici la seconde moitié du siècle et donne des pistes pour ne pas franchir le seuil des 2 °C d’augmentation. Les émissions totales de gaz à effet de serre (Co2 et autres GES) doivent diminuer pour atteindre une valeur nette de zéro en 2100. L’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions pourrait se creuser d’ici à 2030, mais les modèles de développement à faible émission de carbone offrent des opportunités pour l’avenir. Voici le résumé du rapport :

Lutter contre le changement climatique, c’est mettre fin aux activités humaines polluantes comme les embouteillages.

Afin de maintenir la hausse des températures en dessous des 2 °C et parer aux conséquences les plus graves du changement climatique, l’objectif de la neutralité carbone à l’échelle de la planète doit être atteint d’ici la seconde moitié du siècle, selon un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Cela permettrait également de ne pas dépasser la quantité maximum de dioxyde de carbone (CO2) qui peut être émise dans l’atmosphère tout en maintenant l’augmentation de la température moyenne de la planète en deçà du maximum de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
En cas de dépassement de cette quantité maximum de CO2, appelée « budget carbone mondial » et estimée à tout juste 1 000 gigatonnes d’équivalent CO2 (GT éq-CO2) entre aujourd’hui et 2100, le risque d’impacts graves, étendus et, dans certains cas, irréversibles des changements climatiques augmenterait.

Mesures nécessaires maintenant

Le rapport 2014 du PNUE sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction d’émissions, auquel ont participé 38 scientifiques renommés issus de 22 groupes de recherche dans 14 pays, est le cinquième d’une série de rapports destinés à évaluer si les engagements pris par les pays permettent de réaliser l’objectif fixé par la communauté internationale de maintenir le réchauffement global moyen en deçà de 2 °C. Sa publication intervient à quelques jours de l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Lima, au Pérou.
S’appuyant sur les conclusions du cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le rapport 2014 du PNUE sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction d’émissions dévoile des mesures pouvant permettre de ne pas franchir le seuil des 2 °C, telles que le pic des émissions au cours des dix prochaines années, la réduction de moitié des émissions totales de gaz à effet de serre d’ici 2050 et la neutralité carbone suivie de zéro émission nette de GES au cours de la seconde moitié du XXIe siècle.
« L’augmentation des températures est proportionnelle à l’accumulation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre (GES) à longue durée de vie, notamment le CO2. En prenant des mesures supplémentaires maintenant, nous pourrions éviter d’avoir à recourir plus tard à des mesures plus radicales pour réaliser l’objectif de 2 °C d’augmentation maximum », a déclaré Achim Steiner, Sous-secrétaire général des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE.

Seuil de l’irréversible bientôt atteint

« En cas de statu quo, c’est-à-dire en l’absence de progrès significatifs en matière d’élaboration et de mise en oeuvre de politiques climatiques mondiales, les émissions de gaz à effet de serre pourraient atteindre 87 GT éq-CO2 en 2050, un chiffre bien au-delà du seuil de sécurité. »
« Les pays se préoccupent de plus en plus de savoir quels objectifs ils doivent se fixer, de manière réaliste, pour 2025, 2030 et au-delà afin de maintenir l’augmentation des températures mondiales sous le seuil des 2 °C. Ce cinquième rapport du PNUE sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction d’émissions souligne qu’il faudra parvenir à la neutralité carbone et, à terme, à une situation de zéro émission nette (aussi appelée « neutralité climatique ») afin que le cumul des émissions restantes puisse être complètement absorbé par les ressources naturelles de la planète comme les forêts et les sols », a ajouté M. Steiner.

Objectif Zéro émission nette

« Les Objectifs de développement durable font apparaître les nombreuses synergies existant entre les objectifs de développement, d’une part, et les objectifs d’atténuation des changements climatiques, d’autre part. Intégrer ces derniers aux politiques de développement aidera les pays à construire les infrastructures écologiques (faible consommation d’énergie et faibles émissions de carbone) du futur, ainsi qu’à réaliser des changements réellement pertinents du point de vue du développement durable », a conclu M. Steiner.
Afin d’éviter de dépasser le budget, l’objectif de neutralité carbone devra être atteint entre 2055 et 2070, ce qui signifie que les émissions annuelles anthropogéniques nettes de CO2 devront être complètement éliminées d’ici là. Zéro émission nette signifie que les émissions de CO2 restantes doivent être compensées en retirant un même volume de CO2 de l’atmosphère (émissions « négatives »), afin que le rejet net d’émissions dues aux activités humaines soit égal à zéro.
Si l’on prend en compte les gaz à effet de serre autres que le CO2 (méthane, protoxyde d’azote et hydrofluorocarbures), le total des émissions mondiales de gaz à effet de serre doit atteindre une valeur nette de zéro entre 2080 et 2100.

Sortons des émotions et des caprices politiques

Andrew Steer, PDG du World Resources Institute, a déclaré : « La négociation d’un accord mondial sur le climat ne doit pas être gouvernée par les émotions et les caprices politiques. Un tel accord doit être guidé par la science et les faits. Ce rapport est une analyse technique extrêmement lucide des émissions mondiales, qui évalue les engagements des pays et leurs actions à l’aune des données scientifiques disponibles ».
« Malheureusement, pour le moment, le monde ne va pas dans la bonne direction. Cependant, avec l’intensification de la dynamique générale en faveur d’une action climatique à l’échelle de la planète, nous avons l’occasion de combler l’écart des émissions et de rester en deçà des limites au-delà desquelles, si l’on en croit les scientifiques, nous ne pourrons plus éviter les conséquences les plus dramatiques du changement climatique ».
Depuis 1990, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de plus de 45 %. Pour espérer rester en dessous du seuil des 2 °C, ces émissions doivent diminuer d’environ 15 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010 et d’au moins 50 % d’ici à 2050 pour atteindre l’objectif de zéro émission nette de GES.
Les précédents rapports sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction d’émissions ont mis l’accent sur les bonnes pratiques dans différents secteurs, et leur capacité à stimuler l’activité économique et le développement, tout en réduisant les émissions.
Cette année, le rapport examine également comment les objectifs internationaux en matière de développement et les politiques correspondantes à échelle nationale peuvent avoir de nombreux impacts positifs, comme l’atténuation des changements climatiques, en ciblant notamment l’efficacité énergétique.

Combler l’écart


Le rapport 2014 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction d’émissions définit l’écart comme la différence entre les niveaux d’émissions en 2025 et 2030 si les objectifs climatiques fixés sont atteints et les niveaux attendus ces mêmes années même en cas de respect des engagements des pays.
Les scientifiques estiment que l’écart entre les besoins et les réductions effectives pourrait atteindre 10 GT éq-CO2 en 2020 et 17 GT éq-CO2 en 2030. En cas de statu quo (68 GT éq-CO2 d’émissions), cet écart pourrait même atteindre 26 GT éq-CO2.
Bien que cet écart ne se réduise pas, le rapport estime qu’il serait possible de le combler si les opportunités de réduction des émissions mondiales étaient pleinement exploitées. Ainsi, le potentiel de réduction des émissions à l’échéance 2030 (par rapport à un niveau inchangé d’émissions) est estimé à environ 29 Gt éq-CO2 (comparé au scénario du statu quo). Il est donc encore possible de combler l’écart.

Conséquences financières d’une action tardive


Le report de l’intensification des efforts jusqu’à 2020 permettrait de réaliser des économies à court terme sur le coût des mesures d’atténuation, mais entraînerait des coûts bien plus élevés à plus long terme avec notamment :
des taux plus élevés de réduction des émissions mondiales à moyen terme ;
une dépendance accrue vis-à-vis des infrastructures à forte intensité de carbone ;
une obligation à moyen terme d’utiliser toutes les technologies d’atténuation disponibles ;
des mesures d’atténuation plus coûteuses à court et moyen terme, et une plus grande probabilité de troubles économiques ;
l’obligation d’obtenir des émissions nettes négatives ;
la probabilité plus élevée de dépasser le seuil des 2 °C, avec comme corollaire une augmentation substantielle des coûts et des difficultés liés à l’adaptation.

Efficacité énergétique dans le Programme de développement pour l’après-2015


L’efficacité énergétique permet non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, voire de les supprimer, mais elle contribue également à augmenter la productivité et la durabilité en favorisant les économies d’énergie et en soutenant le développement social grâce à la création d’emplois et à l’amélioration de la sécurité énergétique.
Par exemple :
On estime qu’entre 2015 et 2030, les mesures d’amélioration de l’efficacité énergétique à l’échelle de la planète pourraient réduire les émissions annuelles d’au moins 2,5 à 3,3 Gt éq-CO2.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’utilisation efficace des carburants et de l’électricité pourrait permettre d’économiser 6,8 Gt éq-CO2, tandis que l’amélioration de l’efficacité de la production d’énergie et la substitution des combustibles fossiles pourrait permettre de réaliser une économie supplémentaire de 0,3 Gt éq-CO2d’ici à 2030.
Certains pays ainsi que d’autres acteurs mettent d’ores et déjà en oeuvre des politiques favorisant à la fois le développement durable et l’atténuation du changement climatique. Environ la moitié des pays ont adopté des politiques nationales visant à encourager une utilisation plus efficace de l’énergie dans les bâtiments.
De même, près de la moitié des pays mettent en oeuvre des mesures pour améliorer l’efficacité énergétique des appareils électroménagers et de l’éclairage.
D’autres politiques et mesures nationales encouragent la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables, la réduction de la demande en transport et le passage à d’autres modes de transport, la réduction des émissions liées à la production industrielle et le développement d’une agriculture durable.

A la Une de l’actuAccord de Paris sur le climat

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