Le manque de changement des entreprises est un "crime"

Greenpeace accuse les gaziers et pétroliers européens de ne "rien faire" pour la transition énergétique

23 août 2023

Greenpeace accuse les gaziers et pétroliers européens de ne "rien faire" pour la transition énergétique et de "ne pas respecter du tout leurs engagements climatiques". L’ONG a appelé les gouvernements à les contraindre d’arrêter leur production d’énergie fossile pour sauver le climat.

"Alors que le monde subit des vagues de chaleur sans précédent, des inondations meurtrières et des tempêtes qui s’intensifient, les grandes sociétés pétrolières s’accrochent à leur modèle économique destructeur et continuent d’alimenter la crise climatique", a souligné Hélène Bourges, responsable de la campagne Énergies fossiles à Greenpeace France.

"Le refus des grandes entreprises pétrolières et gazières de mettre en œuvre un véritable changement est un crime contre le climat et les générations futures", a assuré cette dernière.

Le rapport de 110 pages écrit par un politologue allemand spécialisé dans l’énergie, Steffen Bukold, met en exergue le "Greenwashing massif" pratiqué par les entreprises, qui multiplient les stratégies de communication pour se donner une image verte et minimiser les impacts négatifs de leurs activités réelles.

Selon ce rapport, basé sur les résultats 2022 de douze groupes européens (dont BP, TotalEnergies et Shell), seulement 0,3% de leur production totale a été effectuée dans le domaine des énergies renouvelables. En moyenne, "seulement 7,3% des investissements" des 12 entreprises ont porté sur les énergies vertes, alors que 92,7% ont financé des activités liées aux énergies fossiles comme le gaz et le pétrole qui émettent du CO2 et réchauffent le climat, a dénoncé l’ONG environnementale. "Et la situation a empiré en 2023".

Ainsi, "dans plusieurs cas, les engagements de réduction des émissions visent seulement les émissions liées aux processus de production. Le reste serait compensé par des solutions très controversées telles que le captage et le stockage du carbone (CSC) ou la compensation des émissions de carbone. Dans la plupart des cas, la plus grande partie des émissions, à savoir les émissions liées à la vente de pétrole et de gaz, est simplement ignorée ou rebaptisée de manière fallacieuse", a expliqué le communiqué de Greenpeace.

D’ailleurs, la majorité des compagnies pétro-gazières européennes prévoient "de maintenir, voire d’augmenter leur production de pétrole et de gaz au moins jusqu’en 2030", alors qu’elles se sont pour la plupart engagées à supprimer leurs émissions de CO2 d’ici 2050.

L’ONG appelle les gouvernements européens à réguler l’activité des gaziers et pétroliers européens pour les obliger à "réduire" leur propre industrie, car "l’auto-régulation ne fonctionne pas". Elle souhaite ainsi que les États et la Commission fixent "un objectif obligatoire de réduction de la consommation de pétrole", a indiqué Jakub Gogolewski.

Le rapport intitulé "La sale douzaine", compile les données des rapports annuels 2022 de six majors internationales du pétrole basées en Europe : Shell (Grande-Bretagne-Pays-Bas), TotalEnergies (France), BP (Grande-Bretagne), Equinor (Norvège), Eni (Italie) et Repsol (Espagne).

Et de six compagnies pétrolières ou gazières nationales (OMV (Autriche), PKN Orien (Pologne), MOL (Hongrie), Wintershall Dea (Allemagne, filiale de BASF), Petrol Group (Slovenie) et Ina Croatia (Croatie).

Greenpeace appelle les gouvernements à "lourdement taxer" les entreprises de combustibles fossiles "pour financer la transition énergétique et la solidarité avec les pays touchés par la crise climatique. Enfin, toutes les subventions accordées à l’extraction, à la production, au raffinage et au transport des combustibles fossiles en Europe doivent être progressivement supprimées".

Quelques éléments-clés du rapport :

  • En moyenne, en 2022, seul 0,3 % de la production des entreprises étudiées provenait des énergies renouvelables.
  • Seuls 7,3 % (6,57 milliards d’euros) des investissements réalisés par les 12 entreprises en 2022 ont été consacrés aux énergies vertes – les 92,7 % restants (81,52 milliards d’euros) financent les activités habituelles des entreprises fossiles et même leur expansion, dans certains cas [2].
  • BP, Equinor, Wintershall Dea et TotalEnergies ont même réduit leurs investissements dans les produits sobres en carbone ou renouvelables en 2022, par rapport à 2021.
  • Les bénéfices des entreprises ont augmenté en moyenne de 75 % en 2022. Leurs investissements n’ont en revanche augmenté que de 37 %. Une très grande partie de ces bénéfices (liés à la crise énergétique) n’a donc pas été réinvestie, mais répartie en dividendes ou en rachats d’actions.

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