Les espoirs de la COP28 : mette en place des actions plus efficaces

Il reste moins de temps pour tenir les objectifs de l’accord de Paris

31 octobre 2023

Les derniers rapports scientifiques montrent que le monde est actuellement sur une trajectoire de réchauffement à +2,4 degrés ou plus d’ici la fin du siècle. Les auteurs pressent les gouvernements d’agir rapidement, à un mois de la COP28 de Dubaï où la baisse rapide des émissions, et les moyens d’y parvenir, sera l’un des thèmes de négociation les plus difficiles.

Combien de CO2 l’humanité peut-elle encore émettre si elle veut tenir les objectifs de l’accord de Paris ? Une nouvelle étude atteste qu’il reste sans doute moins de temps que prévu pour limiter les émissions et le réchauffement, tout en soulignant les incertitudes entourant cette question.

Selon cette analyse parue dans Nature Climate Change, au rythme actuel des émissions de carbone, soit environ 40 milliards de tonnes (Gt) tous les ans, il reste environ 6 ans avant que la barre de 1,5°C de réchauffement ne soit franchie.

Sur la base de données spécifiques et d’une méthodologie réévaluées par rapport aux précédentes estimations, dont le dernier rapport du GIEC, Robin Lamboll de l’Imperial College et son équipe ont recalculé le "budget carbone" restant (RCB). Cela correspond à la quantité nette de CO2 pouvant encore être émise sans dépasser un seuil de réchauffement donné.

Selon les experts mandatés par l’ONU, en 2020, le budget carbone permettant de rester sous +1,5°C était de 500 Gt et de 1.150 Gt pour +2°C. Les calculs de la nouvelle étude concluent que pour avoir 50% de chances de rester sous 1,5°C, le RCB devrait être de 250 GtCO2 à compter de janvier 2023.

"La fenêtre pour éviter les 1,5 degrés se réduit", a souligné Robin Lamboll. De son côté, Joeri Rogelj, l’un des contributeurs de l’étude, "il est clair que les options probables pour limiter le réchauffement à 1,5°C ont disparu, et ce depuis un certain temps".

La planète s’est déjà réchauffée de 1,2°C en moyenne

Depuis l’ère industrielle, la planète s’est déjà réchauffée de 1,2°C en moyenne. Les dernières estimations de l’observatoire européen Copernicus montrent que +1,5 °C pourrait intervenir d’ici 2034, et non au milieu du siècle comme le prévoient les politiques climatiques établies à travers le monde.

Pour que cette limite soit atteinte, elle devra être mesurée sur plusieurs décennies, mais son franchissement pourrait être observé ponctuellement beaucoup plus tôt. Ces estimations ouvrent la voie à des conséquences funestes en cascade comme la fonte des calottes glaciaires, le dépérissement des forêts, l’extinction des coraux... Il est ainsi "hautement probable que 2023 excède 1,5 degré", a estimé Robin Lamboll.

Pour rester sous les 2 degrés, "dernier recours" selon les scientifiques, la marge de manoeuvre n’est pas très élevée. Pour avoir 50% de chances de rester dans les clous, si les émissions restent au niveau actuel, la fenêtre de tir est de 30 ans. Et pour 90% de chances, environ 13 ans.

Il reste toutefois de nombreuses incertitudes : le réchauffement par les autres gaz à effet de serre comme le méthane, l’effet refroidissant des aérosols (particules fines), etc. "C’est comme jouer à la roulette russe avec deux balles. Peu de gens seront surpris si quelqu’un se fait tirer dessus avec de telles chances", prévient Joeri Rogelj.

Chaque dixième de degré compte

Les auteurs insistent sur le fait qu’il ne faut pas baisser les bras, car "il reste une chance", a affirmé Christopher Smith de l’université de Leeds. "Cela ne veut pas dire que la bataille contre le changement climatique sera perdue dans six ans", a abondé Robin Lamboll.

"Même si nous ne limitons pas le réchauffement à 1,5 degré, nous en tenir à des émissions limitées nous donnera de meilleures chances de rester à 1,6/1,7 degrés, ce qui serait un très bon résultat compte tenu de la direction dans laquelle nous nous dirigeons actuellement", a souligné ce dernier.

Or les derniers rapports scientifiques montrent que la Terre est actuellement sur une trajectoire de réchauffement à +2,4 degrés ou plus d’ici la fin du siècle. "Cela vaut le coup de continuer à se battre pour chaque dixième de degrés", a martelé Christopher Smith.

Les scientifiques de cette étude insistent pour que les gouvernements agissent rapidement, à un mois de la COP28 de Dubaï où la baisse rapide des émissions, et les moyens d’y parvenir, sera l’un des thèmes de négociation les plus difficiles.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus