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Kyoto II, dernière chance pour la planète
Conférence de Doha
mercredi 5 décembre 2012, par
L’un des objectifs de la Conférence de Doha, au Qatar, est de signer l’acte II du Protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005. Cet accord serait l’unique instrument légalement contraignant engageant les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
Les ministres de l’Environnement et de l’Énergie ainsi qu’une vingtaine de chefs d’État se sont rendus à Doha le 4 décembre pour signer, d’ici la fin de la semaine, un accord sur le climat au terme de négociations qui peinent à aboutir sur Kyoto 2. Ces derniers se penchent également sur l’aide aux pays les plus vulnérables au changement climatique.
Dernier délai le 7 décembre 2012
Une séance plénière a lancé les travaux de cette dernière partie des pourparlers onusiens, débutés le 26 novembre par les équipes de négociateurs de plus de 190 pays. Cette séance de travail s’achèvera vendredi 7 décembre. Date à laquelle les pays devront signer l’acte II du protocole. En dépit de l’urgence de la situation, le protocole aura une valeur plus symbolique que législative, car les engagements, essentiellement portés par l’Union européenne et l’Australie, après le désistement du Japon, de la Russie et du Canada, ne concernent plus que 15% des Gaz à effet de serre (GES) globaux.
Les principaux points de tensions concernent la durée du protocole et ses objectifs chiffrés. En effet, l’Union européenne, principal acteur de Kyoto, souhaite huit ans, tandis que les pays du Sud veulent réduire la durée à cinq ans. Ces derniers expliquent qu’ils ne veulent pas garder trop longtemps des objectifs de réduction de GES qu’ils jugent trop faibles. De leurs côtés, le Japon, le Canada, la Russie et la Nouvelle-Zélande ne veulent pas faire partie de ce protocole.
Les pourparlers onusiens se déroulent sous l’égide de mauvaises nouvelles sur le réchauffement du globe. Selon des études, au rythme où croissent les émissions de CO2, soit plus de 3% par an entre 2000 et 2011, la hausse de la température pourrait excéder 5°C en 2100, soit 3 degrés de plus que ce que les scientifiques présentent comme le seuil au-delà duquel la machine climatique risque de s’emballer. De plus, l’estimation la plus précise faite actuellement sur la fonte des glaces polaires a montré qu’elle s’est accélérée ces 20 dernières années, contribuant pour 20% à la montée des océans sur cette période.
Face à ces annonces, Christiana Figueres, responsable climat de l’ONU, a déclaré : « Ce qui me frustre, c’est que nous sommes très loin de ce que la science nous dit de faire » pour contenir le réchauffement, mais « ce qui me donne de l’espoir, c’est que depuis 2 ou 3 ans, ce processus a fait plus de progrès que dans les 10 années précédentes ».
Des tensions persistantes
L’UE a annoncé une réduction de 20% des émissions de GES d’ici 2020, un objectif déjà fixé en 2008 dans le cadre du paquet énergie-climat. Alors que l’Australie a proposé une réduction de 5%.
Concernant l’air chaud, c’est-à-dire le surplus de quotas d’émissions accordés aux ex-pays de l’URSS dans le cadre de Kyoto 1, ceux-ci pourraient être reconduits, faussant les résultats attendus d’une deuxième phase de Kyoto.
Lors de la précédente conférence à Durban, en Afrique du Sud, un groupe de travail avait été mis en place, pour une durée de trois ans, afin de trouver un consensus sur la forme juridique de cet accord qui devra impliquer tous les pays et entrer en vigueur en 2020.
Cette semaine, les débats se sont orientés sur la répartition des efforts entre pays du Nord et du Sud afin de contenir le réchauffement. Ce point épineux a été au cœur des tensions, car les pays du Sud posent la responsabilité historique des pays du Nord dans le dérèglement climatique et sur le fait qu’ils ont, à leur tour, droit au développement, a indiqué l’“Agence France Presse”.
Pour pouvoir faire face à la hausse du réchauffement climatique, les États devront être plus ambitieux. Ce qui signifie une réduction plus drastique vis-à-vis des émissions de GES d’ici 2020 afin d’espérer une limite du réchauffement à +2°C.
Confiante, Christiana Figueres a indiqué : « A la fin de la Conférence de Doha, nous aurons passé les amendements nécessaires pour entrer dans une seconde période d’engagement du protocole dès le 1 er janvier 2013 » .
L’aide aux pays du Sud sur la table des négociations
En 2009, à Copenhague, les États membres s’étaient engagés à débloquer 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays les plus vulnérables à lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses effets. Trois ans plus tard, la question reste ouverte, les pays demandent 60 milliards de dollars d’ici 2015, afin d’assurer la transition entre l’aide de 30 milliards (2010-2012) et la promesse des 100 milliards par an d’ici 2020.
La provenance de ces aides n’est pas encore définie, sera-t-elle publique ou due à des financements innovants ? Cette question inquiète les pays en développement, car dans un contexte de crise économique et financière, les pays ne voudront pas mettre la main à la poche pour soutenir les pays du Sud.
De son côté, la Chine dénonce par voie de presse « un Fonds vert pour le climat destiné à amasser jusqu’à 100 milliards de dollars par an pour les pays pauvres (qui-NDLR) n’est toujours pas fonctionnel, alors que le mécanisme de financement rapide a été édulcoré par un reconditionnement de l’aide financière déjà promise ». Excédés, les médias chinois parlent d’une « attitude condescendante des pays développés » et les appellent à « rejeter leur orgueil et leurs préjugés » afin de « se joindre aux pays en développement pour élaborer les détails d’une période de prolongation au Protocole de Kyoto, avant l’expiration de sa première période d’engagement prévue le 31 décembre ».
La fin des négociations portera sur des questions techniques, notamment le fonctionnement du Fonds vert, par lequel doivent transiter l’aide financière pour les pays vulnérables, la mise en place du mécanisme de transfert de technologies et le lancement du comité chargé de l’aide à l’adaptation des pays du Sud.
Céline Tabou