Conséquence de la fonte des glaces de l’Arctique

L’accélération de la crise mondiale de l’environnement

7 mai 2013, par Manuel Marchal

Avec la fin programmée de la banquise dans l’océan Arctique pendant une grande partie de l’année s’ouvrent de nouvelles perspectives pour la navigation maritime, mais aussi pour l’exploitation de gisements pétroliers off-shore. Si la première concerne directement La Réunion, la seconde a un effet mondial, car chaque fois qu’une goutte de pétrole est brûlée, le réchauffement climatique s’aggrave.

Voici une conséquence de la fonte des glaces de l’Arctique : le basculement de la principale route maritime mondiale plus au Nord.

Dans le rapport qu’elle vient de publier, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) met en relief une conséquence indiscutable du réchauffement climatique : la disparition progressive de la banquise dans l’océan Arctique.

Au plus tard en 2020, l’océan du Pôle Nord sera libre de glace l’été. Cela signifie qu’en hiver, la banquise ne descendra plus aussi bas vers le Sud qu’auparavant. Ce sont donc des millions de kilomètres carrés qui seront rapidement accessibles aux activités humaines.

La première qui vient à l’esprit, c’est la navigation maritime (voir encadré).

La seconde, c’est celle de l’exploitation de ressources jusqu’alors inaccessible. Le recul des glaces rendra possibles la prospection et l’exploitation de gisements de pétrole et de gaz naturels qui ont de grandes probabilités d’être découverts.

Puisque le modèle de développement dominant continue de reposer sur la consommation du pétrole et du charbon, ces ressources ne manqueront pas de susciter des convoitises, et d’être extraites du sous-sol où elles reposaient depuis des dizaines de millions d’années.

Or, chaque goutte de pétrole brûlée est une contribution à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre. Le risque est donc grand que la fonte des glaces de l’Arctique accélère encore la crise mondiale de l’environnement.

M.M.

Une nouvelle route maritime

Rappelons que c’est cela qui explique la découverte puis la colonisation de La Réunion. À l’époque de la marine à voile, La Réunion était en effet une escale sur la route reliant l’Europe qui dominait le monde, à l’Asie.

Avec la navigation à vapeur et le percement du canal de Suez, tout le trafic a basculé vers le Nord. C’est l’émergence d’Aden et de Singapour. La Réunion était alors à l’écart de ce qui allait devenir la principale route maritime reliant les trois grands océans : une circumnavigation reliant les ports de Chine et du Japon, le canal de Panama, la côte Sud et Ouest des Etats-Unis, Rotterdam en Europe, le canal de Suez, Aden, Singapour et retour en Chine et au Japon.

Cette déviation du trafic vers le Nord favorisa l’enclavement de La Réunion, et la domination de compagnies ayant le monopole sur la liaison entre notre île et l’Europe.

Mais avec la fonte des glaces de l’Arctique, c’est le fameux mythe des passages du Nord-Est et du Nord-Ouest qui peut se concrétiser. Pour ce qui concerne les relations entre l’Europe et l’Asie, le trajet par le nord de la Russie est plus court de plusieurs milliers de kilomètres que le passage actuel par Suez, Aden et Singapour. De plus, l’itinéraire polaire n’est pas sous la menace de raids de pirates.

Une telle éventualité éloignera encore davantage La Réunion de la grande route maritime mondiale. Ce qui pourra nous sauver de l’enclavement, c’est le développement des pays émergents. Car notre île se situe sur la route maritime reliant l’Asie à l’Afrique du Sud, avec le prolongement vers le Brésil. C’est l’intensification des relations entre ces pays qui sera notre atout.
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