Conférence de Paul Vergès

L’adaptation une nécessité pour l’humanité

27 août 2011, par Céline Tabou

Au cours d’une conférence sur les Changements climatiques, Paul Vergès a mis en avant les conséquences du réchauffement climatique à La Réunion. En effet, la hausse du niveau de la mer, la hausse des températures, et l’aggravation de la sécheresse et des inondations à venir auront des répercussions sur la vie des Réunionnais.

Dans une contribution, l’Alliance, présidée par Paul Vergès a développé les risques vécus et prochains de La Réunion face au million d’habitants et aux conséquences des changements climatiques. « Territoire soumis à des risques récurrents (cyclone, glissements de terrain, inondations/submersions, éruptions volcaniques, maladies vectorielles, etc.), La Réunion est aussi un haut lieu de l’endémisme et un site de valeur sur le plan patrimonial et scientifique puisqu’elle fait partie des trente-quatre « hot spots » de la biodiversité mondiale, c’est sur fond de cette situation que nous devons élaborer une politique réunionnaise d’adaptation ».

La Réunion a perdu sa biodiversité

Les documents, fournis lors de la conférence, évoquent un rappel historique qui met en avant la disparition d’une partie de la biodiversité réunionnaise. En effet, les récits passés faisaient état d’une « nature exubérante et fertile », mais aujourd’hui, l’industrialisation et la pollution ont faire disparaître les tortues, les poissons sont rares et des espèces endémiques ont été exterminées.
Conséquences « directes et quasi immédiates des activités humaines », le réchauffement climatique pourrait entraîner une hausse du niveau de la mer, une intensification des cyclones, une pluviométrie plus dense ainsi qu’une sécheresse plus forte et longue. Mettant en exergue les impacts du changement climatique sur le territoire, Paul Vergès a prévenu que la hausse démographique, celle-ci atteindra un million d’habitants d’ici 2030, la contrainte de l’espace et la dépendance en énergies fossiles porteront atteinte au développement économique, politique et social réunionnais.

Relevé les défis passés et à venir

« La Réunion doit relever en quelque sorte un double défi : réparer les erreurs du passé et anticiper sur les menaces de l’avenir », a indiqué la contribution de l’Alliance. À travers une série de thèmes transversaux et sectoriels, le président de l’Alliance a montré que l’adaptation « devra s’articuler sur la politique d’atténuation en évaluant correctement les risques et en les réduisant par une stratégie appropriée » notamment dans le domaine sécuritaire avec les risques d’inondation, de glissements de terrain, de montée des eaux ainsi que les risques sur l’approvisionnement énergétique et alimentaire. En effet, l’Alliance a fait une série de propositions, que vous pourrez retrouver dans les encadrés sur les thèmes transversaux et sectoriels.
La politique d’adaptation conduit à inventer un nouveau modèle, une nouvelle civilisation, éloignée des énergies fossiles et prenant en compte les conséquences du changement climatique. Infrastructures, urbanisme, gouvernance, éducation et formation sont des éléments essentiels à la prise de conscience de la population de la nécessité de l’adaptation et de sa mise en œuvre rapide et efficace, afin de prévenir tous risques et de réparer les erreurs passées.

Céline Tabou


Adaptation, les propositions de l’Alliance

L’eau, récupération et assainissement
· Recherche et réactualisations de grandes retenues collinaires.
· Récupération des eaux de ruissellement sur les cases avec obligation pour les constructions nouvelles d’installations de récupérateurs d’eau.
· Formation des entreprises installatrices de ces structures et campagne de sensibilisation.
· Campagne de sensibilisation du grand public sur le crédit d’impôt lié à la récupération de l’eau.
· Mise en place de système d’assainissement moins coûteux en investissements et en fonctionnement.
· Sensibilisation pour scolaire et grand public sur les économies d’eau.
· Évaluer la baisse prévisible de productible électrique.

Biodiversité, préservation et restauration
· Faire un état des lieux des atteintes à la biodiversité terrestre et marine.
· Faire un état des lieux des sols réunionnais afin de déterminer leur dégradation au terme de plusieurs siècles de monoculture cannière.
· Identifier avec précision les impacts de l’agriculture sur la biodiversité terrestre et marine.
· Faire un état des lieux du trait exogènes en affinant les distinctions entre espèces acclimatées et les espèces invasives qui constituent une menace et doivent être éradiquées.
· Création d’un réseau d’aires protégées spécifiques pour les ravines réunionnaises et leur écotype.
· Faire de la trame verte et bleue un véritable outil de lutte contre la fragmentation des milieux naturels.
· Afin de renforcer la prise de conscience de tous les acteurs, nous proposons de chiffrer les services rendus par la biodiversité locale : lagons, récifs coralliens, forêts, ravines.
· Création d’un Observatoire Régional de la Biodiversité.

Santé, information et prévention
· Amélioration de l’information/sensibilisation de la population.
· Instauration d’une journée annuelle du climat sur les effets du changement climatique, ses modes de prévention, ses conséquences notamment sur la santé et les moyens de prévention.
· Augmentation significative de la communication grand public.
· Renforcement des connaissances par le biais de programmes de l’éducation nationale qui devront réserver une part plus grande à cette problématique dans toutes ses composantes.
· Renforcement des systèmes de surveillance et de veille sur les différentes pathologies humaines, et mise en place d’un système de riposte, notamment les maladies vectorielles, les zoonoses, les maladies infectieuses, la qualité de l’air, les maladies animales et végétales.
· Changement d’échelle dans les actions de co-développement en santé et en environnement avec les pays de la zone.
· Mise en place d’un groupe de travail puis de soins, sur les conséquences psychologiques et psychiatriques du réchauffement.
· Mise en place d’actions visant à l’amélioration de l’accès à l’eau potable pour la population et/ou à la potentialité rapide de l’eau.

Agriculture, forêts et pêche : trois secteurs essentiels
· Assurer la maitrise du changement d’usage des sols induits par le changement climatique (CC).
· Restaurer la qualité des sols par des pratiques appropriées.
· Favoriser l’agriculture vivrière péri urbaine.
· Développer la recherche sur l’adaptation des forêts tropicales au CC.
· Mener une politique de reforestation.
· Promouvoir une nouvelle gestion de la présence humaine avec des règles visant à conscientiser les acteurs.
· Ordonner un programme de recherche internationale pour comprendre la nature et la fonctionnalité de ces changements et ainsi anticiper pour préserver la pêche.
· Développer l’aquaculture.

Énergie, se libérer des énergies fossiles
· Mettre en place un plan structuré de maitrise de la demande fixant des objectifs progressifs chiffrés.
· Réaffirmer une volonté politique commune se fixant l’objectif de l’autonomie énergétique.
· Autoriser la mise en place de fermes photovoltaïque et d’autres structures générant de l’énergie renouvelable dans les zones d’endiguement des rivières et ravines.
· Poursuivre le mouvement initié de développement du confort technique du bâti et de limitation de l’usage de la climatisation.
· Faire évoluer le RAT DOM en intégrant les données recueillies sur le CC.
· Lancer un véritable programme de recherche géothermique.
· Poursuivre les expérimentations en cours visant à utiliser l’énergie de la mer.

Tourisme, préserver le potentiel
· Tous les aménagements doivent être évalués à la lumière de notre connaissance actuelle des effets du CC.
· Élaborer par micro région un plan d’hébergement en urgence pour des touristes soit privés d’hébergement, soit bloqué par l’arrêt de l’activité aéroportuaire.
· Favoriser les structures d’hébergement adapté au CC.

Les risques naturels vont s’aggraver avec les années
· Réactualiser les schémas de protections contre les crues en évaluant ce qui peut être mis au compte des « coups partis » et de l’urbanisation « réelle » des communes et ce qui peut être modifié.

· Inclure dans les PLU des critères limitant l’imperméabilisation du sol par les constructions.
· Zones récifales : moduler les densifications urbaines à la baisse dans les zones ayant un impact sur le récif corallien.
· Mettre en place une équipe permettant de trouver les solutions techniques à mettre en place, mettre en place un plan de gestion de l’écoulement des eaux pluviales pour programmer une diminution des apports d’eaux douces et chargées sur le récif corallien.
· Concernant les PPI : mettre en place des contre-expertises pour délimiter les zones réellement dangereuses des autres, différencier les zones extrêmement dangereuses et vulnérables liées aux crues des rivières et ravines, des secteurs où la nappe d’eau douce peut remonter. Préciser ces zones dans le PPI.
· Bâtir une méthodologie par scénari à trois degrés : faible, modéré et extrême. Évaluer par exemple les menaces résultant d’une montée des eaux en stimulant la situation créée par une montée effective d’un mètre.
· Engager une réflexion collective de tous les acteurs sur un engagement dans des stratégies « sans regret ».
· Créer un observatoire des risques naturels en milieu tropical et se fixer comme objectif de capitaliser l’expérience acquise et la politique menée à l’échelon régional en faisant de La Réunion un « labo territoire » expérimental permettant de mieux comprendre et donc de mieux prévenir les effets du changement climatique.

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