Extrait du résumé pour les décideurs du dernier rapport de l’ONERC

L’anticipation pour réduire les coûts de l’adaptation

25 mai 2011

En décembre dernier, l’Observatoire national sur les effets du changement climatique (ONERC), présidé par le Réunionnais Paul Vergès, a publié son rapport annuel à destination du Premier ministre et du Parlement. L’ONERC a décidé de mettre l’accent sur les villes, qui constituent une des clés de la lutte contre les effets du changement climatique. Tout comme les travaux d’UN-HABITAT, les conclusions de l’ONERC concernent tout particulièrement La Réunion. En effet, la plus grande partie de notre population vit dans des villes, et qui plus est, elles se situent à proximité du littoral. Voici un extrait du résumé pour décideur du rapport de l’ONERC.

La lente submersion de certaines côtes du fait de la montée du niveau moyen de la mer peut être la source de pertes matérielles non négligeables. Cette hausse conduit aussi à des menaces accrues sur des vies humaines du fait d’une augmentation de l’aire géographique susceptible d’être submergée par « les marées de tempête », ces augmentations temporaires du niveau de la mer créées par le vent et la baisse de la pression atmosphérique au passage d’une tempête. Cet effet est particulièrement important dans les zones urbanisées qui concentrent la population et le patrimoine, et qui sont très dépendantes des réseaux (de transport, d’énergie, de communication). (…)

Les coûts d’adaptation sont relativement moins élevés lorsque les politiques sont anticipées. Par exemple, il est moins cher de bâtir un ouvrage de protection surdimensionné, que d’avoir à le redimensionner ultérieurement, il est moins cher de rendre une zone non urbanisable, que d’avoir à re-localiser une zone déjà habitée. Un arbitrage doit ainsi être fait entre des politiques tardives, donc chères, mais effectuées avec un sentiment de nécessité, et une politique effectuée très tôt, meilleure marché, mais effectuée alors qu’aucun sentiment d’urgence n’est là et nécessitant donc un investissement politique important. Pour les politiques anticipées, la prise en compte de l’incertitude sur les changements climatiques futurs est indispensable, et une coordination entre acteurs est nécessaire.
Le changement climatique n’étant pas le seul changement auquel les villes doivent se préparer, il faut également tenir compte d’autres facteurs. Ainsi, l’adaptation aux impacts du changement climatique devra se faire en parallèle de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui créera des synergies, mais aussi des conflits. Dans le choix d’une politique de réduction de la vulnérabilité, il est donc nécessaire de travailler dans un cadre extrêmement large, tenant compte de multiples éléments et objectifs. Un élément décisif provient souvent des effets secondaires positifs ou négatifs des mesures. Au-delà des aspects environnementaux, il est possible que la population des villes décroisse significativement dans la seconde moitié du XXIème siècle du fait du vieillissement de la population, ce qui représenterait un choc important sur les dynamiques urbaines.
Il faudra donc peut-être gérer les problématiques spécifiques du changement climatique dans un contexte très différent du contexte actuel.
Il reste aujourd’hui impossible d’évaluer le coût du changement climatique pour les villes, ou d’estimer les montants qu’il faudra investir dans l’adaptation. Il apparaît toutefois clairement dans la littérature scientifique que des politiques d’adaptation adéquates mises en place d’une manière suffisamment anticipée seraient à même de limiter de manière extrêmement importante l’impact total du changement climatique.


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