Le pape François publie une encyclique à quelques mois de la conférence de Paris

L’Église catholique entre dans le débat sur le changement climatique

19 juin 2015

Le pape François a diffusé hier une encyclique évoquant notamment le changement climatique. Elle permet à l’Église catholique de peser dans le débat qui doit amener à la signature d’un accord lors de la conférence de Paris sur le climat qui se tiendra dans 5 mois. Voici quelques extraits de ce document :

Effets du changement climatique

« Le climat est un bien commun, de tous et pour tous. Au niveau global, c’est un système complexe en relation avec beaucoup de conditions essentielles pour la vie humaine. Il existe un consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique. Au cours des dernières décennies, ce réchauffement a été accompagné de l’élévation constante du niveau de la mer, et il est en outre difficile de ne pas le mettre en relation avec l’augmentation d’événements météorologiques extrêmes, indépendamment du fait qu’on ne peut pas attribuer une cause scientifiquement déterminable à chaque phénomène particulier. L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou l’accentuent. Il y a, certes, d’autres facteurs (comme le volcanisme, les variations de l’orbite et de l’axe de la terre, le cycle solaire), mais de nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde de nitrogène et autres) émis surtout à cause de l’activité humaine.
L’élévation du niveau de la mer, par exemple, peut créer des situations d’une extrême gravité si on tient compte du fait que le quart de la population mondiale vit au bord de la mer ou très proche, et que la plupart des mégapoles sont situées en zones côtières.
Le changement climatique est un problème global aux graves répercussions environnementales, sociales, économiques, distributives ainsi que politiques, et constitue l’un des principaux défis actuels pour l’humanité. Les pires conséquences retomberont probablement au cours des prochaines décennies sur les pays en développement. »

Réponses insuffisantes des responsables

« Beaucoup de ceux qui détiennent plus de ressources et de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes, en essayant seulement de réduire certains impacts négatifs du changement climatique. Mais beaucoup de symptômes indiquent que ces effets ne cesseront pas d’empirer si nous maintenons les modèles actuels de production et de consommation. Voilà pourquoi il devient urgent et impérieux de développer des politiques pour que, les prochaines années, l’émission du dioxyde de carbone et d’autres gaz hautement polluants soit réduite de façon drastique, par exemple en remplaçant l’utilisation de combustibles fossiles et en accroissant des sources d’énergie renouvelable. »

Les inégalités

« L’élévation du niveau de la mer affecte principalement les populations côtières appauvries qui n’ont pas où se déplacer. L’impact des dérèglements actuels se manifeste aussi à travers la mort prématurée de beaucoup de pauvres, dans les conflits générés par manque de ressources et à travers beaucoup d’autres problèmes qui n’ont pas assez d’espace dans les agendas du monde.
L’inégalité n’affecte pas seulement les individus, mais aussi des pays entiers, et oblige à penser à une éthique des relations internationales. Il y a, en effet, une vraie “ dette écologique ”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays.

Dégradation de l’environnement et dégradation humaine

Les pouvoirs économiques continuent de justifier le système mondial actuel, où priment une spéculation et une recherche du revenu financier qui tendent à ignorer tout contexte, de même que les effets sur la dignité humaine et sur l’environnement. Ainsi, il devient manifeste que la dégradation de l’environnement comme la dégradation humaine et éthique sont intimement liées.

Propositions

« L’interdépendance nous oblige à penser à un monde unique, à un projet commun.
Pour affronter les problèmes de fond qui ne peuvent pas être résolus par les actions de pays isolés, un consensus mondial devient indispensable, qui conduirait, par exemple, à programmer une agriculture durable et diversifiée, à développer des formes d’énergies renouvelables et peu polluantes, à promouvoir un meilleur rendement énergétique, une gestion plus adéquate des ressources forestières et marines, à assurer l’accès à l’eau potable pour tous. »

A la Une de l’actuAccord de Paris sur le climat

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Messages

  • Avec l’encyclique du pape François et l’organisation, par la France, de la Conférence internationale sur les changements climatiques (Cop 21), l’année 2015 est celle de l’écologie. Face aux menaces d’ampleur qui pèsent sur la planète, les chrétiens ont des propositions. Et la société française s’ouvre à une approche spirituelle de la crise écologique. Pour répondre à ce besoin d’échange, l’hebdomadaire La Vie coorganise, avec le diocèse de Saint-Étienne, la 2e édition des Assises chrétiennes de l’écologie : 3 jours de rencontres et de forums avec les meilleurs experts et penseurs de l’écologie les 28, 29 et 30 août 2015. Plus de 2 000 participants sont attendus.

    Parmi les temps forts proposés, on trouvera notamment des conférences plénières et des tables-rondes avec des intervenants de renom tels que Jean-Marie Pelt, directeur de l’Institut européen d’écologie, Patrick Viveret, philosophe, Corinne Lepage, ancienne ministre, présidente de LRC Cap 21, Gaël Giraud, économiste, Marie-Monique Robin, journaliste, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne, Marc Stenger, évêque de Troyes, Bruno Feillet, évêque auxiliaire de Reims, Christian Krieger, vice-président de la Fédération protestante de France, Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman, Yeshaya Dalsace, rabbin à Paris, Joshin Bachoux Sensei, nonne bouddhiste. De nombreuses organisations de la société civile seront également présentes.

    Près de 80 forums, ouverts aux familles et aux jeunes, sont au programme, parmi lesquels : « La terre nourricière, un trésor à préserver », « Devenir une famille à énergie positive », « Jeûner pour le climat », « Comment mettre notre argent au service d’une transition vers des sociétés soutenables ? », « Animer un éco-hameau chrétien », « Soigner l’esprit, guérir la terre ». Au-delà des temps de réflexion, le programme propose aussi des ateliers portés sur l’expérience sensible du monde (randonnée, travail de la terre) et des temps de recueillement (célébration eucharistique, prière, méditation).

    www.rencontres-ecologie-2015.assises-chretiennes.fr

    "J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous.
    [...]
    Malheureusement, beaucoup d’efforts pour chercher des solutions concrètes à la crise environnementale échouent souvent, non seulement à cause de l’opposition des puissants, mais aussi par manque d’intérêt de la part des autres. Les attitudes qui obstruent les chemins de solutions, même parmi les croyants, vont de la négation du problème jusqu’à l’indifférence, la résignation facile, ou la confiance aveugle dans les solutions techniques. Il nous faut une nouvelle solidarité universelle. Comme l’ont affirmé les Évêques d’Afrique du Sud, « les talents et l’implication de tous sont nécessaires pour réparer les dommages causés par les abus humains à l’encontre de la création de Dieu ».Tous, nous pouvons collaborer comme instruments de Dieu pour la sauvegarde de la création, chacun selon sa culture, son expérience, ses initiatives et ses capacités". (N°14 Encyclique sur la sauvegarde de la maison commune - Pape François)

    Les Assises Chrétiennes de l’Ecologie veulent vivre cette invitation à un nouveau dialogue... Inscrivez-vous !
    www.rencontres-ecologie-2015.assises-chretiennes.fr


Témoignages - 80e année


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