Marc Gillet, directeur de l’ONERC

L’été caniculaire deviendra l’été moyen

2 novembre 2004

Dans l’émission “Appels sur l’actualité” de jeudi dernier, le directeur de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique a insisté sur l’inéluctabilité du changement climatique au cours de ce siècle en insistant sur un exemple : l’été caniculaire de 2003 en France, qui avait provoqué la mort de plus de 10.000 personnes, sera l’été moyen avant la fin du siècle.

Quand on se souvient de votre présentation de diapositives lors du colloque de l’ONERC qui s’est tenu au Sénat le 30 septembre, cela fait froid dans le dos. Lorsqu’on regarde par exemple l’évolution des températures moyennes en été en France de 1860 à 2100, il est prévu qu’à partir de 2050 les mois d’été métropolitains soient très très chaud, qu’il n’y ait pratiquement pas de température moyenne et qu’on soit toujours dans le très chaud.

Marc Gillet : C’est cela si on se réfère aux résultats de modélisation que donne le réchauffement du climat en France. Nous avons deux modèles très en pointe dans ce domaine, dont celui de Météo France - qui a une antenne à La Réunion -, il y a également des modèles britanniques, des modèles américains, japonais, qui font les simulations de ce qui pourrait arriver.
Sur ce point de l’augmentation des températures, ils sont très cohérents et donc je pense tout à fait fiables. Bien sûr, cela dépendra de la quantité de gaz à effet de serre que nous continuerons à émettre. Si nous continuons à émettre beaucoup de gaz à effet de serre, la température grimpera davantage que si nous commençons à freiner dès maintenant sur les émissions. C’est ce qui est le cas un petit peu avec l’application du protocole de Kyoto. S’il est respecté, il faut vraiment prévoir au minimum une augmentation de 2 degrés de la température en moyenne sur le globe pour la fin du présent siècle, mais cela veut dire qu’au niveau France métropolitaine, on aura à peu près 3 degrés parce que le réchauffement devra être un peu plus important.
Par contre, dans les régions tropicales comme La Réunion, il devrait être peut-être légèrement moins important que les deux degrés qu’on pourrait avoir en moyenne sur la planète. Ces modèles de climat reproduisent bien les fluctuations des températures d’été dans le passé, qui sont de 2 ou 3 degrés d’une année sur l’autre. Maintenant on s’aperçoit que cela a augmenté.
Pour prendre un raccourci, l’été que l’on a eu en 2003 en France devrait être l’été moyen vers 2080 ou la fin du siècle. L’été moyen ça veut dire que la moitié des étés seront encore plus chauds que la canicule en 2003. Alors bien sûr, c’est une chose dont il faut tenir compte maintenant, sans doute pour la façon dont on concevra les habitations, dont on se comportera en cas de canicule. Les dégâts qui seront dus aux canicules seront plus ou moins importants selon la façon dont la population est adaptée ou pas à la chaleur.
Par exemple, on constate que dans le Sud de la France où il fait plus chaud qu’à Paris en été, les gens sont un peu plus habitués à des températures élevées et donc savent prendre les mesures pour qu’il y ait moins de conséquences.


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Messages

  • je crois que d’ici 2020 peut etre avant ,les étes seront invivables parfois lorsque l’été sera caniculaire !
    les hivers très doux voir chaud après 2020.

    et en 2050 tout sera complètement fou et l’Homme va mourrir petit à petit

    sachez que pour l’instant c’est vivable mais d’ici 10 ou 20 ans cela deviendra difficile voir impossible .

  • Le réchauffement climatique ne fait plus partie des hypothèses scientifiques à vérifier mais appartient désormais à une prévision certaine bien que l’on ne sache pas encore si l’augmentation sera de deux degrés ou plus ou moins(on peut rêver). Le hic,c’est que la majorité des gens ne se soucie pas de ce problème. On a bien d’autres chats à fouetter.
    C’est dommage car seules des actions de masse pourraient inciter les principaux responsables de ce réchauffement à prendre en considération l’ensemble des phénomènes dramatiques qui pourraient se produire.
    Au nom du sacré saint profit , on a mis l’humanité en danger et on continue, particulièrement les Etats-unis d’Amérique, les plus gros pollueurs non signataires jusqu’aujourd’hui du protocole de Kyoto,à le
    faire. L’imbécilité des riches est allée jusqu’à nier la possibilité du réchauffement climatique avec la caution de prétendus scientifiques.

  • c’est vrai qu’on parle énormément d’été invivable.Mais pourtant, l’été 2008 était plus que 0.Alors, j’ai une question.
    Quand aura t’ on l’été 2003 bis ?
    Il faut se souvenir : on avait annoncé un été 2007 plus chaud voir caniculaire,et tout ce qu’on a eu , c’était 1 journée de chaleur puis 3 semaines de pluie et de relative fraîcheur.L’année 2009, pour moi, sera encore un de ces été pourris ou la pluie l’emportera largement.


Témoignages - 80e année


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