L’Organisation internationale du Travail sensibilise les assureurs et les investisseurs

L’importance des assurances et des banques dans la lutte contre le changement climatique

3 mars 2018

En Ethiopie, un programme permettant à des personnes pauvres de s’assurer a permis de limiter l’impact de la sécheresse de l’an dernier. Ceci évite le surrendettement qui fait plonger dans la spirale de la pauvreté des agriculteurs victimes des effets du changement climatique. Cette expérience est pilotée par l’Organisation internationale du Travail.

Sécheresse au Mozambique. (Photos : Leopoldino Jeronimo / Kepa)

Alors que les phénomènes météorologiques extrêmes gagnent en intensité et en fréquence, il est vital de renforcer la résilience des populations les plus pauvres – souvent les plus exposées au changement climatique. Les services financiers ont un rôle à jouer à cet égard.

Dans les familles pauvres, l’impact des conditions climatiques extrêmes, comme les inondations et les sécheresses, provoque souvent la perte de vies humaines. Ce qui oblige ces familles à recourir à des stratégies de survie néfastes, comme de sauter des repas, de retirer les enfants de l’école et d’emprunter de l’argent à des taux d’intérêt élevés. Elles seront encore plus vulnérables lors de la prochaine catastrophe.
Les services financiers n’éviteront pas les catastrophes mais les services d’assurance par exemple peuvent atténuer le risque pour les populations les plus vulnérables.

1.400 éleveurs assurés

Prenez l’exemple des éleveurs de bétail en Ethiopie. Début 2017, une sécheresse a dévasté les troupeaux dans de nombreuses régions du pays. Un expert en assurance, Enock Sing’oei a raconté le triste spectacle de bétail mal nourri et de carcasses qu’il a observé le long de la route en se rendant d’Addis Abeba à la ville de Yabello dans le Sud de l’Ethiopie. M. Sing’oei est membre de l’Impact insurance de l’OIT – il fait partie d’un programme de l’OIT qui place des professionnels de l’assurance dans les compagnies qui fournissent des services aux communautés à faibles revenus.

A Yabello, il devait rencontrer des agriculteurs qui avaient perdu leur cheptel pendant la sécheresse. Ces fermiers étaient assurés dans le cadre du programme d’assurance-bétail indicielle (IBLI en anglais) qui protège les éleveurs de bétail en cas de sécheresse. Le niveau de sécheresse se mesure grâce à un indice innovant qui suit les observations satellite du volume de fourrage à la disposition du bétail. Le programme a été mis en place au Kenya et plus récemment en Ethiopie où 1 400 éleveurs étaient déjà assurés quand la sécheresse a frappé.

Nouveaux modes de paiement

M. Sing’oei est en poste à la Kifiya Financial technology. Avec l’appui de l’OIT, la compagnie est en train de tester l’utilisation d’une plateforme de paiement en ligne pour mettre à disposition des services financiers et non financiers, abordables et accessibles, pour les communautés pauvres, notamment grâce à des partenariats public-privé. Quand la sécheresse a sévi, Kifiya a aidé les éleveurs à déposer leurs demandes d’indemnisation dans le cadre du programme IBLI qui a déboursé 75 000 dollars au total.
C’est un exemple de produit qui contribue à protéger les ménages à bas revenu et les petites entreprises des menaces grandissantes liées au changement climatique. Le Programme Finance solidaire de l’OIT soutient des projets similaires dans divers pays en développement en collaborant avec le secteur financier et les gouvernements afin de tester de nouveaux produits et de nouvelles approches qui pourraient servir les intérêts des ménages à faible revenu.

Sensibiliser les investisseurs

Cependant, l’assurance n’est pas le seul service qui puisse contribuer à l’agenda pour le travail décent. Un autre projet de l’OIT traite de l’impact du changement climatique en travaillant avec les investisseurs qui souhaitent générer des rendements financiers assortis d’avancées sur le plan social et environnemental. Ce qu’on qualifie d’investissement à impact social.

Les investisseurs étant de plus en plus conscients de la nécessité de prendre en compte les facteurs sociaux et environnementaux dans la conduite de leur entreprise et dans la sélection des projets qu’ils financent, c’est un marché en plein essor. Pourtant, ils ne possèdent souvent pas les connaissances indispensables pour mettre efficacement en œuvre les principes du développement dans leurs activités. Par conséquent, l’OIT collabore avec ces investisseurs pour utiliser les Objectifs de développement durable comme cadre permettant de mesurer l’impact social, environnemental et développemental – comme nous le faisons avec l’Africa Agriculture and Trade Investment Fund qui vise à exploiter le potentiel de l’agriculture africaine au bénéfice des plus pauvres.
Grâce aux efforts combinés de ces projets, le Programme Finance solidaire a touché plus de 559 000 ménages à bas revenu, petits exploitants agricoles et petites entreprises en 2017. 

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