« Le changement climatique plonge des millions de personnes dans la famine. Il détruit des espoirs, des opportunités, des foyers et des vies. Ces derniers mois, des avertissements urgents sont devenus des réalités mortelles, encore et encore, partout dans le monde », a déclaré Volker Türk à l’occasion de l’ouverture de la 54e réunion du Conseil des droits de l’homme des nations Unies à Genève.

« Nous n’avons pas besoin d’autres avertissements. Le futur dystopique est déjà là. Nous avons besoin d’une action urgente, maintenant. Et nous savons ce qu’il faut faire. La vraie question est : qu’est-ce qui nous en empêche ? », a-t-il lancé.

Nouvel échec du G20 sur le climat

Ce coup de gueule fait suite à l’échec du G20 en Inde, les 9 et 10 septembre. En effet, les dirigeants ne sont pas parvenus à appeler à une sortie des énergies fossiles, contrairement aux espoirs de plusieurs observateurs.

Les pays du G20 sont responsables de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique. Cependant, les mesures à prendre en matière de changement climatique font l’objet de désaccords entre les pays.

Les espoirs de voir les lignes directrices de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique de 2022 (COP27) adoptées par le G20 et transformées en décisions et engagements politiques ne semblent pas se concrétiser.

Lors des réunions préparatoires au sommet, il a été rapporté qu’il n’y avait pas de consensus entre les pays sur l’acceptation de la recommandation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies selon laquelle 2025 devrait être accepté comme le "point culminant" des émissions de carbone.

De plus, le G20 a échoué à appeler à une sortie des énergies fossiles dans sa déclaration finale, mais soutient pour la première fois l’objectif de tripler les renouvelables d’ici à 2030, un "strict minimum" à trois mois de la 28e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques.

La question d’une éventuelle sortie des énergies fossiles, cause essentielle de la crise climatique de plus en plus sévère, est cette année au cœur des négociations internationales censées culminer en décembre à la COP28 de Dubai.

Indifférence, nonchalance, le chef des droits de l’homme de l’ONU choqué

Les changements climatiques renforcent les déplacements de populations, pourtant les dirigeants du monde sont indifférents face la tragédie des migrants qui périssent sur les routes migratoires, a dénoncé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.

« Je suis choqué par la nonchalance qui se manifeste face aux plus de 2.300 personnes qui ont été déclarées mortes ou disparues en Méditerranée cette année » dont plus de 600 lors d’un seul naufrage au large de la Grèce en juin, a-t-il dit.

« Il est évident qu’un nombre bien plus important de migrants et de réfugiés meurent » ailleurs dans le monde, « y compris dans la Manche, dans le Golfe du Bengale et dans les Caraïbes, où les personnes en quête de protection sont constamment repoussées et expulsées », a-t-il dénoncé.

Volker Türk a également pointé du doigt les situations « le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, où les expulsions et les procédures de renvoi accélérées soulèvent de graves questions » ainsi qu’« à la frontière du Royaume d’Arabie saoudite, où mes services demandent des éclaircissements urgents sur les allégations d’assassinats et de mauvais traitements ».

Réunion prévue le 6 octobre sur les Coran brûlés

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a condamné la série d’incidents survenus en Europe dans le courant de l’année, au cours desquels le Coran a été brûlé.

Le Danemark, les Pays-Bas et la Suède ont connu plusieurs manifestations ces derniers mois, au cours desquelles des exemplaires du Coran ont été brûlés ou endommagés, provoquant l’indignation de pays musulmans.

Ainsi, un exemplaire du Coran a été piétiné et déchiré aux Pays-Bas lors d’une manifestation d’extrême droite devant l’ambassade de Turquie à La Haye. Les autorités néerlandaises avaient condamné cette action au préalable, tout en assurant ne pas avoir les moyens légaux de l’interdire.

Fin juillet, deux hommes ont mis le feu à un exemplaire du Coran devant le Parlement au Danemark. Le gouvernement danois a annoncé vouloir limiter d’éventuelles nouvelles manifestations prévoyant des profanations du coran, en raison des problèmes de sécurité qu’elles impliquent, et non dans le cadre du respect des cultures et religions.

Ces derniers ont exigé que les gouvernements de ces pays du Nord mettent un terme à ces actions. Dans ses observations, Volker Türk a appelé à « la préservation de la dignité humaine ».

Le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des nations unies (ONU) devrait également discuter d’un certain nombre de questions liées aux droits de l’homme, notamment la haine religieuse qui est une incitation à la discrimination, la xénophobie et les formes d’intolérance qui y sont associées, entre autres questions liées aux droits de l’homme.