L’UE défendra à la COP28 la quasi-élimination des combustibles fossiles

18 octobre 2023

L’Union Européenne défendra à la COP28 l’élimination des combustibles fossiles brûlés sans captage du CO2, avec un pic de leur consommation mondiale dès "cette décennie", selon la position commune des Vingt-Sept adoptée le 16 octobre.

Les Européens vont appeler à éliminer "aussi tôt que possible" les subventions aux combustibles fossiles qui ne servent pas à combattre la pauvreté énergétique ou à assurer "une transition juste" - mais sans fixer de calendrier comme l’espéraient les ONG.

"La transition vers une économie climatiquement neutre exigera l’élimination à l’échelle mondiale des combustibles fossiles unabated", c’est-à-dire brûlés sans captage ou stockage du CO2, a indiqué le Conseil européen, à l’issue d’une réunion des ministres de l’Environnement de l’UE.

Les Vingt-Sept vont prôner "un secteur énergétique (qui soit) de façon prédominante sans combustibles fossiles bien avant 2050". Il s’agit d’une formule exprimée sans la mention "unabated".

Les ministres de l’UE, réunis à Luxembourg, se sont affrontés sur l’inclusion de ce mot controversé "unabated" dans le mandat de négociation donné au nouveau commissaire européen au Climat, le Néerlandais Wopke Hoekstra. Ce dernier les représentera lors de la COP28, conférence des Nations unies sur le climat prévue du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.

A l’instar des ONG, une partie des pays souhaitait retirer l’adjectif "unabated" ou l’assortir de restrictions sur l’usage des technologies de captage du carbone, de crainte que cela ne serve de prétexte pour continuer à brûler des fossiles et offre une échappatoire au secteur pétro-gazier.

"Nous aurons besoin de ces technologies dans les secteurs où les émissions dans la production sont inévitables, comme le ciment (...) Mais il n’y a pas d’alternative à l’abandon progressif des fossiles, cela doit être clair", a averti la ministre autrichienne Leonore Gewessler.

"Ces technologies sont intéressantes, mais ne peuvent seules prendre en charge l’essentiel des émissions : il faut les réserver (aux secteurs) qu’on ne sait pas décarboner autrement", a souligné son homologue française Agnès Pannier-Runacher.

Finalement, l’adjectif "unabated" a été conservé dans le texte, mais n’est plus mentionné dans la formulation de l’objectif de long terme d’un "système énergétique" majoritairement sans fossiles "bien avant 2050".

Actuellement, les technologies de captage du CO2 seront nécessaires mais "devront être réservées aux secteurs pour lesquels il est difficile de se sevrer des fossiles pour une partie du processus industriel", a expliqué la ministre espagnole Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.

"L’objectif à long terme reste que les fossiles soient progressivement éliminés du mix énergétique", a-t-elle insisté.

Beaucoup de pays pousseront le sujet à la COP28 pour décrocher un engagement inédit de l’humanité à sortir des énergies fossiles "unabated". Ce sera cependant "extrêmement difficile", a prévenu Wopke Hoekstra. "C’est une équation à plus de 190 entités, mais il n’y a pas d’autre choix", a-t-il estimé.

Les Européens appellent aussi à viser une production d’électricité "entièrement ou très majoritairement décarbonée" à l’échelle mondiale à partir "des années 2030".

L’UE s’est aussi engagé à tripler d’ici 2030 ses capacités installées d’énergies renouvelables, et doubler l’efficacité énergétique, en ligne avec la feuille de route du président de la COP28

Les Européens devaient maintenir à Dubaï leur objectif, juridiquement acté, d’une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre dans l’UE d’ici 2030 par rapport à 1990, mais il est possible que la baisse soit de 57% compte tenu des politiques vertes déjà adoptées.

"57%, ce serait une excellente annonce, nous démontrerions clairement que l’Europe est leader" sur l’action climatique, a estimé le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic.

Au bout du compte, les Vingt-Sept ont simplement actualisé leur "contribution" pour indiquer qu’ils visaient une baisse d’"au moins 55%" d’ici 2030.

"Nous insistons sur l’effet des mesures adoptées, le message étant que nous dépasserons l’objectif fixé", a expliqué Teresa Ribera, estimant que l’UE s’imposer "en moteur de changement".

Enfin, les Vingt-Sept appelleront à "renforcer les dispositifs de financement" pour le fonds pertes et dommages, créé à la COP27 et destiné à aider les pays pauvres. La COP28 devrait s’efforcer de parvenir à un accord sur son fonctionnement.

Les Européens pointent "le potentiel des banques multilatérales de développement et institutions financières internationales" et appellent à "mobiliser toutes les sources de financement".

Wopke Hoekstra avait plaidé pour chercher des ressources propres susceptibles de financer ce fonds. Il avait évoquer des taxes internationales sur le kérosène ou le transport maritime, ou encore les recettes du marché du carbone.


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