Nairobi : 12ème Conférence sur le climat

L’Union européenne pressée d’agir

16 novembre 2006

Des organisations de défense de l’environnement ont affirmé lundi que l’Union européenne (UE), qui a demandé des actions urgentes en matière de réchauffement de la Terre, « ne se montrait pas à la hauteur » lors de la 12ème Conférence internationale sur le climat.
« Nous rappelons à l’UE qui s’est autoproclamée leader (dans les négociations sur le changement de climat) qu’elle ne se montre pas à la hauteur », a déclaré Stephan Singer de l’organisation du Fonds international pour la nature (WWF).
« Nous disons à l’UE d’être en accord » avec ses déclarations, a-t-il ajouté en marge de la conférence sur le climat qui se déroule à Nairobi du 6 au 17 novembre.
La semaine dernière, l’UE a prévenu qu’une augmentation de 2°C de la température sur la Terre, à compter de 1900, aurait des conséquences « dangereuses et à grande échelle ». La planète a déjà enregistré une augmentation de O,7°C depuis le début du siècle dernier.
« Ce que nous avons vu jusqu’à présent (depuis le début de la conférence) est une UE tiède et hésitante. L’UE a malheureusement abandonné sur beaucoup de sujets son statut autoproclamé de leader », a souligné M. Singer lors d’une conférence de presse.
« L’UE échoue à parler d’un calendrier adéquat nécessaire pour assurer la continuité du Protocole de Kyoto ici à Nairobi, alors qu’elle s’est publiquement engagée à des actions urgentes sur le changement du climat », ajoute un communiqué de Réseau action climat (RAC), un réseau d’organisations de défense de l’environnement, dont WWF et Greenpeace.
Le Protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005, impose à 35 pays industrialisés et à l’UE des réductions, sur la période 2008-2012, des émissions de gaz à effet de serre, principaux responsables du réchauffement de la planète.
Un des objectifs de la Conférence de Nairobi est de discuter de l’après 2012.
« Si personne ne dirige (les négociations de Nairobi), il est inévitable que ce sera un échec », a prévenu M. Singer.
Le Danemark, les Pays-Bas et la Suède ont « traditionnellement joué un rôle leader dans la réduction des émissions (de GES) en Europe, mais ils semblent avoir changé de position », selon le communiqué du RAC.
« Avec le rapport Stern (...), les arguments financiers pour prendre des actions urgentes afin d’éviter un changement dangereux du climat sont connus. Si l’UE est sérieuse pour arrêter un réchauffement encore plus important, il n’y a pas de raison pour ne pas dire ouvertement ce qui doit être fait ici », ajoute RAC.
Selon le rapport publié fin octobre par l’économiste britannique Sir Nicholas Stern, le réchauffement climatique pourrait coûter à l’économie mondiale 7 trillions de dollars (5,5 trillions d’euros) si les gouvernements ne prennent pas des mesures radicales dans les 10 prochaines années.
L’UE représente 14% des émissions mondiales de GES, qui sont liés à la combustion d’énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole).


L’Australie va réfléchir à un système de commerce des gaz à effet de serre

Le Premier ministre australien a exprimé son soutien à un système de commerce du dioxyde de carbone pour lutter contre le réchauffement climatique, s’il n’handicape pas l’économie du pays, largement dépendante des énergies fossiles.

Dans un discours prononcé devant le Conseil économique d’Australie lundi soir, le Premier ministre John Howard a déclaré qu’il allait commissionner un groupe de travail, composé de dirigeants économiques et du gouvernement. Celui-ci devra réfléchir à la mise en place d’un système de commerce du dioxyde de carbone en Australie et dans le reste du monde, qui « contribuerait à répondre au défi des gaz à effet de serre ». Cette annonce marque un changement de ton important pour John Howard, qui a souvent estimé que les programmes contre les gaz à effet de serre seraient néfastes à l’économie australienne, le pays étant un exportateur important d’énergies fossiles génératrices de tels gaz.
L’Australie est l’un des 2 seuls pays industrialisés, avec les Etats-Unis, à n’avoir pas ratifié le Protocole de Kyoto sur le réchauffement de la planète, qui appelle à des réductions drastiques d’émissions de gaz à effet de serre.
John Howard considère que l’accord élaboré en 1997 handicaperait l’Australie, notamment parce qu’il ne fixe pas de limites d’émissions de gaz pour les économies émergentes comme la Chine ou l’Inde.


Le Canada essuie les critiques

Le Canada a essuyé des critiques à la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques, lundi, remportant le prix du "fossile du jour" à égalité avec l’Australie, tout en se classant 51ème sur une liste de 56 pays pour sa lutte contre les changements climatiques, selon un palmarès dressé par des groupes environnementaux.
Entre-temps, des députés de l’opposition et des environnementalistes du Canada ont martelé un thème commun au cours d’une conférence de presse à Nairobi, au Kenya, en soutenant que la position tiède du gouvernement fédéral à l’égard du Protocole de Kyoto ne reflète pas l’opinion publique canadienne.
« La majorité des Canadiens croit fermement qu’il faut respecter nos obligations en vertu de Kyoto », a déclaré John Godfrey, porte-parole libéral en matière d’environnement.
« Nous sommes ici parce que nous voulons que le monde sache que les Canadiens sont unis dans leur soutien au Protocole de Kyoto », a affirmé de son côté Emilie Moorehouse, du Sierra Club.
Citant la Ministre canadienne de l’Environnement, Rona Ambrose, selon laquelle le Canada est en voie de respecter ses obligations en vertu du Protocole de Kyoto mais pas les cibles, Bernard Bigras, du Bloc québécois, a dit que ce n’est pas là la position à laquelle s’attendent des parlementaires de la part de la Ministre de l’Environnement.
Quant à Steven Guilbault, de Greenpeace, il a qualifié les propos de la Ministre Ambrose d’« absurdités ». Et le Ministre de l’Environnement du Québec, Claude Béchard, a soutenu que la Ministre Ambrose devrait réaffirmer d’abord son engagement à respecter les objectifs du traité international avant de discuter de cibles, quelles qu’elles soient.
Le Québec s’est doté de son propre plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre - un programme que le Ministre Béchard voudrait qu’Ottawa adopte. M. Béchard a fait savoir qu’il profiterait de la moindre occasion pour parler du plan québécois avec les délégués internationaux.

Prix "fossile"

Selon un communiqué du cabinet de Mme Ambrose, la Ministre évoquera à Nairobi le « tout premier plan législatif canadien visant à s’attaquer au problème des polluants atmosphériques et des émissions de GES ». Il s’agit apparemment d’une allusion au projet de Loi sur la qualité de l’air, qui a été dénoncé unanimement par les partis d’opposition et a donc peu de chances d’être adopté.
Le prix "fossile" a été attribué par le groupe environnementaliste Climate Action Network aux pays ayant le moins contribué aux progrès des pourparlers sur les changements climatiques.
Et un groupe situé à Bonn, Germanwatch, a placé le Canada presque au bas de la liste des 56 pays dont la performance et les politiques en matière de changements climatiques ont été évaluées. Ensemble, ces pays produisent 90% du total mondial des émissions de dioxyde de carbone.
La Suède, la Grande-Bretagne et le Danemark se classent au sommet de l’échelle, tandis que le Canada se classe parmi les 10 derniers. Les seuls pays moins bien cotés sont le Kazakhstan, les Etats-Unis, la Chine, la Malaisie et l’Arabie saoudite.


Brèves internationales

• Algérie : bientôt la reconnaissance de la paternité par l’ADN
Un projet de loi visant à instituer la reconnaissance de la paternité par l’ADN est actuellement sur le bureau du gouvernement, a expliqué le Ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès. S’il est voté, ce texte permettra à chaque enfant né sous X de connaître l’identité de ses géniteurs, précise “Le Quotidien d’Oran”.

• Création de l’Association des pays africains producteurs de diamants
L’Association des pays africains producteurs de diamants a été officiellement lancée, samedi, à Luanda (Angola), annonce “Afrique Centrale.info”. L’objectif de cette structure est notamment de réguler le marché du diamant, une ressource minière qui sert encore à financer des conflits armés.

• Sénégal : séminaire international contre la piraterie et la contrefaçon
La capitale sénégalaise accueille, du 8 au 10 novembre, un séminaire international sur la contrefaçon et la piraterie, annonce “Le Soleil”. Cette rencontre a pour mission d’élaborer des stratégies de lutte contre ces fléaux qui mettent à mal l’économie et parfois tuent (dans le cas des médicaments contrefaits).

• Zimbabwe : bientôt de nouvelles destructions des bidonvilles

Les autorités zimbabwéennes prévoient de détruire à nouveau des bidonvilles, une opération qu’elles avaient déjà menée en mai, faisant quelque 700.000 sans-abri, annonce “Zim Online”. Le pouvoir espère ainsi mettre fin au crime et améliorer le visage des villes du pays.

• Kenya : le changement climatique favorise le paludisme
Le réchauffement climatique a favorisé, ces dernières années dans les montagnes kenyanes, l’apparition du paludisme, rapporte TV5. « La malaria est devenue un problème constant dans la vie des populations » qui, autrefois, n’étaient pas confrontées à ce problème, atteste John Githure, chef du département santé au Centre international sur la physiologie et l’écologie des insectes.


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