À cinq jours du début de la Conférence de Durban

L’urgence d’agir pour sauver le monde

23 novembre 2011

Le dernier Bulletin de surveillance des émissions de gaz à effet de serre de l’Organisation météorologique mondiale est très inquiétant. Il signale un nouveau pic des émissions de gaz à effet de serre en 2010. La conséquence, c’est une nouvelle hausse de la concentration de ces gaz dans l’atmosphère, ce qui favorise l’augmentation de la température moyenne de la Terre. Cette donnée raccourcit encore le délai qu’il reste pour rompre avec un modèle de développement occidental, à base de consommation de pétrole et de charbon.

Le niveau des émissions de gaz à effet de serre a atteint en 2010 des niveaux sans précédent depuis des milliers d’années, c’est le constat du dernier Bulletin thématique de l’Organisation météorologique mondiale.
Plus inquiétant, la hausse entre 2009 et 2010 de la concentration des trois gaz à effet de serre les plus importants est supérieure à la moyenne annuelle sur les dix dernières années. C’est donc une accélération de la pollution.
L’OMM relève que la concentration du CO2 a augmenté de 39% depuis 1750, le méthane de 158%, et le protoxyde d’azote, 298 fois plus dangereux que le CO2, de 20%.
Si cette hausse se poursuit, les conséquences seront d’une ampleur totalement inconnue. L’augmentation des températures, liée à la plus forte concentration de ces gaz à effet de serre, pourra en effet largement dépasser les 2 degrés, ce qui peut déclencher des réactions en chaine aux graves conséquences, des peuples sont menacés de disparition car leur pays sera inhabitable, submergé ou asséché.

L’impasse du modèle occidental

À cinq jours du début de la conférence de Durban, ce rapport montre l’urgence de prendre des décisions limitant la production de ces gaz à effet de serre. Selon les dernières prévisions du GIEC, il ne reste plus que quatre ans pour stopper la hausse des émissions de gaz à effet de serre, sous peine de contraindre les humains d’aujourd’hui et de demain à vivre sur une planète de moins en moins adaptée à la vie.
Les moyens de relever ce défi sont connus. Il s’agit d’arrêter de consommer du pétrole et du charbon, et de lutter contre les inégalités dans le monde afin que chacun puisse avoir le droit de se développer sans détruire son environnement. L’autre priorité, c’est de donner les moyens aux plus vulnérables d’atténuer les effets du changement climatique. C’est l’application du principe de la dette climatique due par les pays riches, premiers pollueurs mondiaux par habitant, aux pays en voie de développement.

Quelle énergie ? Quelle agriculture ?

Cette lutte ne pourra être gagnante qu’à condition de revoir de fond en comble le modèle de développement que l’Occident a réussi à imposer au monde depuis plus de deux siècles.
Le changement ne se situera pas seulement dans l’énergie, mais aussi dans l’agriculture. L’utilisation d’engrais azotés contribue à l’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre. La course à la productivité dans ce secteur mène donc lui aussi à l’impasse, or c’est ce modèle qui est à l’œuvre pour assurer l’autosuffisance alimentaire de l’Occident.
La recherche de solutions passe donc par une responsabilité commune et différenciée en fonction du niveau de la pollution déjà émise.
Le bulletin de l’OMM rappelle cette donnée incontournable, il souligne aussi l’urgence d’agir.

Manuel Marchal

Michel Jarraud, secrétaire général de l’OMM : « des niveaux jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle »

« La teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre d’origine anthropique a atteint une fois de plus des niveaux jamais enregistrés depuis l’époque préindustrielle », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Michel Jarraud. « Même si nous parvenions à stopper aujourd’hui nos émissions de gaz à effet de serre, ce qui est loin d’être le cas, les gaz déjà présents dans l’atmosphère y subsisteraient encore pendant des dizaines d’années et continueraient de perturber le fragile équilibre de la Terre, planète vivante, et du climat. »

« Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de comprendre les interactions complexes, parfois inattendues, entre les gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère, la biosphère et les océans. Pour les besoins de la science, l’OMM continuera de rassembler des données par le biais du réseau de la Veille de l’atmosphère globale (VAG) qui couvre plus de 50 pays et comporte notamment des stations situées à haute altitude dans les Andes et l’Himalaya, dans les étendues reculées de l’Alaska et à l’extrême Sud du Pacifique », a-t-il ajouté.

Plus que 4 ans pour agir

Le 7 décembre 2009, lors de l’ouverture de la conférence de Copenhague, Rajendra Pachauri, président du GIEC avait averti. Sur la base du dernier rapport du GIEC, il ne restait plus alors que 6 ans pour prendre des mesures permettant de stopper la croissance des émissions de gaz à effet de serre.

Le dernier bulletin de l’Organisation météorologique mondiale indique que ces émissions ont continué à augmenter en 2009 et en 2010. Ce sont donc deux années de perdues, et le moment à partir duquel le climat pourrait s’emballer se rapproche. Il ne reste plus que quatre ans pour prendre des mesures drastiques afin d’éviter ces phénomènes :

- disparition possible de la banquise vers la fin du 21ème siècle.

- augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes, des vagues de chaleur et des violentes précipitations.

- diminution des ressources en eau des plusieurs régions du monde : pays de la Méditerranée, Ouest des États Unis, Afrique australe et Nord-Est du Brésil.

- élimination possible de la calotte glaciaire du Groenland ce qui entrainerait une hausse de 7 mètres du niveau des mers.

- 20 à 30% des espèces vivantes menacées d’extinction à court terme si la température moyenne augmente au-delà de 1,5-2,5 degrés.

- tensions sur les ressources en eau dues à la croissance de la population et à l’urbanisation. En 2080, 2 milliards de personnes pourraient manquer d’eau. Et dès 2020, ce sont entre 75 et 250 millions d’Africains qui seront dans cette situation. Ce manque d’eau pourra faire diminuer les rendements des récoltes de 50%.

Le rôle d’un élu

Cela fait maintenant plus de 10 ans qu’un communiste réunionnais a montré comment un élu pouvait faire de son mandat un levier pour changer la société. L’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique fête en effet ses 10 ans. Il est présidé par Paul Vergès, qui en est l’initiateur. L’élu réunionnais avait fait adopter à l’unanimité une proposition de loi faisant de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre une priorité nationale.

À cinq jours de la conférence de Durban, le résultat de cette décennie de lutte sera au cœur des débats, et pourtant force est de constater le peu d’intérêt de certains médias à montrer l’action de cet élu.

Est-ce parce qu’il est communiste ? Est-ce parce qu’il est Réunionnais ? Ou alors est-ce tout simplement parce que c’est un élu qui agit au service de la population qui lui a confié un mandat ?

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