Les 200 morts en Espagne seront-ils considérés comme un nouvel avertissement par les décideurs ?
L’urgence de protéger les Réunionnais de la crise climatique
4 novembre, par
L’Espagne a été touchée par de graves inondations causées par de fortes pluies, plus de 200 morts sont à dénombrer. C’est un nouvel avertissement pour La Réunion, sera-t-il pris au sérieux ? Combien de temps va-t-on continuer à dépenser des millions d’euros dans des constructions sur le littoral plutôt que d’utiliser cet argent pour protéger la population en construisant notamment des villes nouvelles dans les hauteurs ?
Le sud-est de l’Espagne a été touché par de fortes pluies. Elles sont à l’origine de brusques inondations qui ont été à l’origine de plus de 200 morts. L’aménagement du territoire de ce secteur n’a pas été pensé en prévision d’un tel événement.
Ce genre de phénomène est favorisé par la crise climatique provoquée par le capitalisme. L’atmosphère se réchauffe, elle peut contenir un volume plus important de vapeur d’eau. Cela signifie un volume d’eau plus important qui s’abat sur le sol. Ceci a déjà été observé dans d’autres pays qui font partie du club des pollueurs historiques de l’atmosphère, tels que l’Australie.
La Réunion a contribué de manière très marginale à la crise climatique causée par l’accumulation rapide dans l’atmosphère de gaz à effet de serre, conséquence de la course au profit des capitalistes.
Mais elle est bien plus exposée aux phénomènes climatiques extrêmes que ces pollueurs historique. Notre île se situe sur la trajectoire des cyclones. Les dégâts peuvent être amplifiés par le relief. Les plus grandes villes sont construites sur une étroite bande littorale, entre l’océan dont le niveau ne cesse de monter, et les montagnes qui abritent de nombreux lits de ravine. Ces ravines se gonflent en cas de forte pluie.
Saint-Leu rayée de la carte en 1948
Les plus anciens ont encore en mémoire la catastrophe de 1948 à Saint-Leu. Le passage du cyclone avait entraîné la crue des ravines. Mais l’eau ne pouvait plus s’écouler dans l’océan en raison de la houle cyclonique. Le résultat fut le suivant : toute la ville de Saint-Leu fut transformée en lit de rivière. Des centaines de personnes furent disparues.
Des enseignements furent tirés pendant quelques décennies : les principaux équipements allaient être construits en hauteur. Ce fut le cas notamment du lycée de Stella, des collèges de Piton Saint-Leu et de la Pointe des châteaux. Mais avec le temps, le principe de précaution s’est atténué. Le littoral a été bétonné par des propriétaires privés, et la nouvelle médiathèque est construite sur le front de mer.
A Saint-Denis, le quartier de la Trinité et celui du Butor ont été construits dans le lit majeur d’une rivière. Il reste à espérer que la canalisation des cours d’eau sera suffisante en cas de cyclone intense.
Le danger plus grand qu’en 1948
Par rapport à 1948, le danger couru par la population des villes du littoral est plus important. En effet, la zone du littoral à mi-hauteur a été largement investie par les promoteurs immobiliers. A la place des champs de canne à sucre, des lotissements ont poussé. Le goudron et le béton ont remplacé la terre qui absorbait l’eau de pluie. Le ruissellement sera forcément plus important.
Dans ces conditions, il est important d’anticiper pour protéger la population. Le dernier bulletin de l’Organisation météorologique mondiale est sans équivoque. Le niveau de concentration actuel du CO2 dans l’atmosphère correspond à un niveau de la mer 10 à 20 mètres plus haut qu’aujourd’hui. Cela veut dire que le niveau de la mer ne va cesser de monter pendant encore plusieurs générations.
Autrement dit, il est nécessaire d’avoir à l’idée que tôt ou tard, il faudra abandonner les villes du littoral pour vivre en hauteur, à moins d’entourer La Réunion par une digue étanche d’au moins 10 mètres de haut. Cela signifie commencer à construire dès maintenant des villes nouvelles en hauteur. Ce sont des investissements importants.
Le littoral concentre toujours les investissements les plus importants
Malheureusement, les investissements publics les plus importants se font toujours dans la région littorale. Par exemple, au moins 800 millions d’euros seront dépensés pour tenter de terminer la demi-route en mer léguée par Didier Robert et ses complices. Des sommes importantes sont également dépensées pour moderniser un aéroport qui sera un jour sous l’eau. Le bétonnage du littoral continue.
La génération actuelle des décideurs a un avantage considérable sur ces prédécesseurs. Il a en main toutes les prévisions qui disent précisément ce qu’il va se passer. Cette génération de décideur a donc le temps d’agir pour protéger la population, mais à condition qu’elle en fasse une priorité. A La Réunion, 24 maires et 2 présidents de collectivité ordonnent 4,5 milliards d’euros de dépenses par an. Avec une telle somme à disposition, il y a de quoi agir pour protéger la population.
Espérons que la prise de conscience interviendra avant qu’un cyclone ne soit à l’origine de centaines de morts à La Réunion.
M.M.