La Chine va imposer des seuils d’émissions carbone

12 août 2011

La Chine lancera probablement bientôt une campagne visant à limiter la quantité absolue de gaz à effet de serre pouvant être émise par certaines industries dans certaines régions, a déclaré mercredi un responsable supérieur du climat lors d’un forum.

Sun Zhen, un fonctionnaire de la Commission nationale du développement et de la réforme, a expliqué que la campagne de limitation des émissions de gaz à effet de serre serait une étape supplémentaire vers l’objectif que s’est fixé le pays de réduire l’intensité et la quantité de ses émissions de carbone libérées pour chaque unité de PIB. Il a également déclaré que cette politique jetterait les bases de programmes d’échange de carbone.
« Dans tout le pays, nous avons adopté un programme de réduction des rejets carbone : réduire substantiellement nos émissions de carbone pour chaque unité de production économique », a précisé Sun au “China Daily” lors d’un symposium sur le changement climatique, à Pékin, mercredi dernier. « Mais quand il s’agit de vraiment réduire les émissions de certaines activités, cela impose de limiter la quantité absolue d’émissions ».

La déclaration de Sun est l’un des premiers signes de la volonté de la Chine de limiter la quantité totale de gaz à effet de serre pouvant être émises par certaines industries dans certaines régions du pays et pas seulement la quantité pour chaque unité de PIB. En 2020, la Chine prévoit de réduire la quantité de ses émissions de carbone par unité de PIB de 40 à 45% par rapport à son niveau en 2005.
La Commission nationale du développement et de la réforme, qui traite les questions relatives au changement climatique, a déclaré envisager l’introduction d’un seuil et des échanges régionaux de programmes de contrôle des émissions de carbone d’ici 2013.
« Limiter les quantités absolues carbonées pouvant être émises permettra de mettre en place des crédits d’émission en fonction des activités », a expliqué Sun, sans avancer de calendrier pour ce programme.
Les entreprises sidérurgiques, cimenteries et autres entreprises énergétivores pourraient être concernées par le programme. Les régions prospères, comme celles du delta du fleuve Yangtzé et du delta de la rivière des Perles, sont également des lieux où des seuils d’émissions carbone pourraient être appliqués, a-t-il ajouté.
Afin de mettre en place les droits d’échange des émissions de carbone — ce qui serait le cas dans un système de plafonnement et d’échange — un système de suivi et de statistiques serait établi et permettrait de « numéroter (pour vérification) chaque tonne de dioxyde de carbone émise par les entreprises concernées par le programme », a expliqué Sun.
La proposition visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre s’inscrit dans la politique chinoise de réduction de la consommation d’énergie, a déclaré Zhang Jianyu, directeur du bureau chinois du Fonds américain Environmental Defense.
L’Administration Nationale de l’Énergie envisage de limiter l’utilisation de l’énergie dans certaines des plus riches provinces pour tenter de mettre un frein à des développements irréfléchis, a précisé Zhang.
Mais certains experts ont exprimé des doutes sur la faisabilité du programme, en particulier à un moment où plusieurs provinces peinent à répondre à une demande énergétique croissante.
Ainsi, la région autonome zhuang du Guangxi dans le sud de la Chine connaît sa pire pénurie d’électricité en vingt ans, alors même qu’elle doit pouvoir produire 4 gigawatts de plus qu’elle ne peut produire actuellement.
Yang Fuqiang, un consultant senior en changement climatique et en énergie au Conseil des ressources naturelles et de défense aux États-Unis, estime que la Chine continuera à utiliser toujours plus d’énergie dans les années à venir. Et avec 70% de son énergie primaire provenant de charbon, il est peu probable que le pays puisse limiter ses émissions de carbone, même dans ses régions les plus prospères.
Désormais opérationnels, divers projets industriels lancés grâce au 4 trillions de yuans (621 milliards de dollars) du plan de relance adopté en 2008, lors de crises financières mondiales, accroissent également la demande d’énergie, explique Yang.


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