Prévention et gestion des risques naturels

La COI impliquée dans l’adaptation

6 avril 2013

Lors d’une conférence de presse tenue hier au siège de la Commission de l’océan Indien (COI) à Ebène, à l’Ile Maurice, le secrétaire général, Jean-Claude de l’Estrac, s’est exprimé sur le rôle de la COI dans la prévention et la gestion des risques naturels.

Jean-Claude de l’Estrac, secrétaire général de Commission de l’océan Indien, lors de la conférence de presse.

Au moment où l’île Maurice s’interroge encore sur les raisons des pertes en vies humaines et d’autant de dégâts matériels causés par les fortes pluies qui se sont abattues sur la capitale Port-Louis samedi dernier, à la Commission de l’océan Indien, le débat est lancé. La question de la gestion des risques naturels dans les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien faisant partie de son mandat.

Depuis 2011, il existe au sein de l’organisation une Unité technique Risques (UTR) qui est actuellement dirigée par un expert en gestion de risques naturels, Eric Leroi, un ingénieur géologue. Elle met en œuvre actuellement un éventail de projets directement liés aux questions que les Mauriciens se posent sur la gestion des risques.

« Cette Unité a été créée parce que nos Etats ont pris conscience que le changement climatique est un phénomène mondial dont les effets se font ressentir de façon très locale et ponctuelle, notamment par des évènements météorologiques extrêmes tels que ces pluies torrentielles que nous venons de subir », a dit Jean-Claude de l’Estrac. Et d’ajouter que « leur fréquence et leur intensité iront en s’aggravant au cours des prochaines années ».

En l’espace de deux mois, tous les pays de la région ont essuyé de lourdes pertes suite à des pluies torrentielles (Seychelles, Comores, La Réunion, Madagascar et maintenant Maurice). La région de l’Indianocéanie compte parmi les régions du monde les plus exposées aux catastrophes naturelles.

Des dommages attribuables à l’Homme

Sur les 30 dernières années, dans les cinq Etats membres de la COI, les dégâts causés directement par des catastrophes naturelles représentent près de 2,8 milliards de dollars.

Mais le changement climatique et la gestion des risques sont aujourd’hui des questions très étudiées et de mieux en mieux connues par la science. « Il est possible de s’armer pour mieux y faire face à l’avenir », a indiqué le secrétaire général.

Ce dernier a ensuite rappelé la responsabilité humaine dans l’ampleur de ces catastrophes. C’est pourquoi, estime-t-il, « il est considéré que l’intégration, bien en amont, de la problématique des risques naturels dans les schémas d’aménagement du territoire est la garantie d’une réduction importante des impacts ».

Renforcer les institutions des pays de la région

Toute la Stratégie internationale pour la Prévention des Catastrophes formulée dans le cadre d’Action de Hyogo (2005-2015) vise à réduire de manière substantielle des pertes en vies humaines et en dommages subis, par l’intégration de la réduction des risques liés aux catastrophes dans les politiques et la planification du développement durable.

Pour ce faire, il convient de renforcer les institutions des pays de la région.

La stratégie de la COI en matière de réduction des risques s’appuie sur les actions de plusieurs projets de coopération entre ses pays membres.

Le projet Risques naturels (financé par l’AFD sur trois ans (2011-2014) à hauteur de deux millions d’euros) travaille selon une double approche “Aménagement du territoire et gestion des risques naturels”. Il couvre l’ensemble de cette problématique à trois niveaux : prévention, gestion des risques, appui aux interventions en cas de catastrophes.

Onze personnes ont perdu la vie à cause de l’inondation qui a lieu samedi dernier à Port-Louis.

• Prévention

Le projet Risques naturels a mis en place depuis novembre dernier quatre projets, à hauteur de 80.000 euros, animés par les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge. Ces projets visent à former la population, et en particulier les plus jeunes, aux risques de catastrophes auxquels ils pourraient faire face en les aidant à s’y préparer. Ils s’adressent directement à plus de 30.000 personnes à Madagascar, à Maurice, aux Comores et aux Seychelles.

• Intégration des risques dans l’aménagement

Le projet vient en appui aux Etats membres de la COI pour qu’ils puissent mieux anticiper les risques en présence et les gérer plus efficacement quand une catastrophe se produit.

Dans cette perspective, trois études ont été lancées (financement de 600.000 euros par l’AFD) — dont les conclusions sont attendues pour la fin de l’année.

Dans le cadre de ces trois études, il s’agit essentiellement :

- d’établir un diagnostic régional des politiques de risques naturels et d’aménagement du territoire ;

- de relever les bonnes pratiques dans la région et de les intégrer à l’analyse des politiques publiques ;

- d’identifier précisément les besoins des services concernés dans chaque pays en termes de formation ;

- de formuler des recommandations pour améliorer les politiques publiques en la matière et les adapter à l’ampleur des phénomènes naturels visés ;

- de conseiller les pouvoirs publics pour améliorer les procédures d’urgence qui sont appliquées en cas de catastrophes naturelles.

Ce travail d’analyse, au service des pays, s’accompagne de formation et de dotations d’équipements.

• Appui aux interventions en cas de catastrophes

C’est à ce stade que peut se mesurer la performance d’une politique publique de prévention et de gestion des risques. C’est souvent aussi à ce stade, trop tard hélas, que le public prend la mesure de l’ampleur des risques auxquels il est confronté. Cet aspect ne doit pas occulter l’importance du travail qui est fait en amont pour réduire autant que possible les dommages.

A ce niveau, l’action du projet Risques naturels tend à améliorer l’efficacité, la rapidité et la coordination des divers services qui doivent intervenir lorsqu’une catastrophe se produit.

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