Nairobi : 12è Conférence de Nairobi sur le climat

La FAO s’inquiète des retombées du changement climatique

9 novembre 2006

Le changement climatique aura des retombées directes sur les disponibilités alimentaires futures, entraînant des difficultés croissantes pour nourrir la population de la planète en rapide expansion, a déclaré la FAO à l’ouverture d’une conférence des Nations Unies sur le changement climatique hier à Nairobi.

Dans une allocution devant l’organe scientifique et technique de la conférence, M. Castro Paulino Camarada, représentant de la FAO au Kenya, a insisté sur le fait qu’il faudrait accorder une plus grande attention à l’impact du changement climatique sur l’agriculture, les forêts et les pêches et sur les mesures d’atténuation et d’adaptation.
Selon M. Camarada, les compétences de la FAO peuvent contribuer à atténuer les effets du changement climatique sur plusieurs fronts.

Le rôle de la bioénérgie

« On assistera vraisemblablement à une transition significative vers les biocarburants au cours des 50 prochaines années, l’agriculture et la foresterie étant les sources principales de combustibles à la fois liquides et solides », a-t-il indiqué.
« Il n’existe de solution unique pour aucun pays, la bioénergie a un rôle à jouer tant dans l’adaptation au changement climatique que dans son atténuation. »
Avec les technologies adéquates, la conversion de la biomasse (bois et résidus de récolte, herbes, paille et brindilles) en carburant pourrait fournir des disponibilités abondantes d’énergie propre et à faible coût, tout en stimulant le développement économique des communautés rurales (augmentation des revenus et amélioration de la sécurité alimentaire), selon la FAO.
Des cultures comme la canne à sucre, le maïs et le soja sont déjà utilisées pour produire de l’éthanol ou du biofuel.
La Plate-forme internationale de la bioénergie de la FAO et son récent accord avec le Gouvernement italien pour accueillir le Partenariat mondial sur les bioénergies sont des premiers pas fondamentaux vers la promotion d’un développement et d’une utilisation durables et équitables des bioénergies, a déclaré M. Camarada.

Pour une meilleure gestion des forêts

Dans le domaine de la foresterie, la FAO estime qu’une meilleure gestion des forêts peut jouer un rôle crucial dans les efforts déployés au niveau mondial pour affronter le changement climatique.
Si elles sont surexploitées et brûlées, les forêts deviennent des sources d’émission de gaz à effet de serre. Parallèlement, les forêts et leur bois piègent et stockent le dioxyde de carbone contenu dans l’atmosphère, jouant un rôle essentiel dans la mitigation du changement climatique.
M. Camarada a fait remarquer que la FAO a récemment organisé un atelier de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation dans les pays en développement, soulignant que l’Organisation était prête à offrir son soutien technique dans ce domaine.

Adapter les politiques agricoles

Oeuvrer pour renforcer la résilience des systèmes de culture à la variabilité du climat est une priorité pour la FAO.
Selon M. Camarada, les contributions les plus efficaces de la FAO dans le domaine de l’adaptation au changement climatique résident dans la dotation des pays en outils et en informations afin qu’ils adaptent leurs politiques et pratiques agricoles, halieutiques et forestières aux régimes de changement climatique.
Cela englobe : des données agro-météorologiques et des outils d’évaluation de l’impact des phénomènes extrêmes et des directives pour s’y adapter ; des outils d’analyse de la vulnérabilité ; la cartographie du couvert végétal ; des évaluations à l’échelle mondiale des ressources agricoles et forestières ; et des conseils sur le développement des moyens d’existence ruraux liés aux décisions de culture des agriculteurs.


L’AIE publie son rapport annuel

Repenser la politique énergétique

Selon l’Agence internationale de l’énergie, le monde doit repenser sa politique énergétique pour éviter de futures catastrophes climatiques.

Dans son rapport annuel "World Energy Outlook" publié mardi 7 novembre, « l’Agence internationale de l’énergie indique que les pays doivent faire évoluer leur système énergétique s’ils veulent éviter "de nouvelles perturbations de l’approvisionnement, des désastres météorologiques ou les deux ».
« Avec les tendances actuelles, nous allons vers un système énergétique cher et sale, qui ira de crise en crise », a déclaré le directeur de l’Agence Claude Mandil au cours d’une conférence de presse à Londres. « Les gouvernements peuvent soit accepter cet avenir, soit décider de s’unir pour faire dévier son cours. Non seulement c’est possible, mais c’est une bonne idée du point de vue économique », a-t-il ajouté.
Le rapport avait été commandé par les dirigeants des pays du G8 au cours du sommet de Gleneagles.
L’AIE projette le scénario suivant : la demande d’énergie va augmenter de 53% entre 2004 et 2003, dont 70% proviendrait des pays en voie de développement. Toujours selon cette hypothèse, la Chine deviendrait avant 2010 le premier émetteur de dioxyde de carbone, dépassant ainsi les États-Unis. Le rapport indique que ce scénario « démontre combien il est urgent que les pouvoirs publics agissent. Chaque année de retard pris dans la mise en œuvre des politiques analysées aurait un effet hors de proportion sur les émissions" de CO2 ».
Pour changer la donne, l’AIE préconise, entre autres, un recours accru au nucléaire. L’agence conseille d’augmenter les capacités de production, de 368 gigawatts actuellement à 519 GW en 2030. Claude Mandil a aussi souligné la nécessité d’utiliser les ressources locales des pays importateurs et d’accroître l’utilisation des énergies renouvelables.

Une grave menace contre l’humanité

Le problème des émissions de CO2 est précisément l’objet de la 12e conférence internationale sur le climat de Nairobi. Le ministre kenyan de l’Environnement a rappelé à son ouverture que : « le réchauffement climatique menace des milliards de personnes dans les pays les plus pauvres de la planète et des mesures doivent être prises d’urgence pour prévenir une catastrophe ». « Le changement climatique se présente comme l’une des plus graves menaces que doit affronter l’humanité », a-t-il dit.
Les délégués de 189 pays sont réunis à Nairobi sous l’égide des Nations unies pour cette conférence internationale qui tentera également de consolider les acquis de Kyoto. Le protocole de Kyoto, ratifié par 156 pays, à l’exception notable des États-Unis et de l’Australie, limite les émissions de gaz à effet de serre dans 35 pays industriels jusqu’à 2012.


La bonne nouvelle des élections américaines

Les organisations de défense de l’environnement Greenpeace et WWF ont qualifié mercredi la victoire des démocrates aux élections américaines de « bonne nouvelle pour le climat », mais qui n’aura pas d’effet immédiat sur la politique de Washington.
« Le principal message de ces résultats électoraux est que les Etats-Unis avancent dans la bonne direction. Le climat figure désormais en bonne place dans l’agenda politique américain », a commenté auprès de l’AFP Steve Sawyer, porte-parole de Greenpeace, interrogé en marge de la 12e conférence internationale sur le climat à Nairobi.
Ces résultats « sont une bonne nouvelle pour le climat », a renchéri auprès de l’AFP Hans Verolme, directeur du changement climatique pour le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Interrogé pour savoir s’il était trop tôt pour parler d’un retour des Etats-Unis dans le protocole de Kyoto - signé mais non ratifié par Washington -, M. Velrome a répliqué : « il n’est jamais trop tôt pour parler de ce retour, mais la nouvelle administration aura besoin de temps pour accélérer l’application de sa politique en matière environnementale ».
« Le mouvement va dans la bonne direction ; si les Etats-Unis veulent revenir dans le processus (de Kyoto), ils le feront, ce n’est pas un problème. Tout le monde sait que nous avons besoin d’eux pour régler le problème du réchauffement climatique », a relevé de son côté M. Sawyer.
Selon WWF, « on va assister (grâce à cette victoire de l’opposition) à une forte pression exercée sur l’administration américaine pour agir au niveau de la politique intérieure, ce qui aura un impact positif sur l’environnement ».
Les États-Unis (un tiers des émissions à eux seuls) s’opposent à une réduction contraignante des émissions de gaz à effet de serre - responsables du réchauffement - prévue dans le protocole de Kyoto, accord principal de lutte contre le changement climatique conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en 2005.
L’opposition démocrate américaine a conquis mardi la Chambre des représentants.


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