Réchauffement climatique

La fonte des glaces polaires s’accélère

3 décembre 2012

Plus que jamais il est urgent de cesser les émissions de gaz à effet de serre et donc le ’tout pétrole’, en aménageant La Réunion et le monde entier pour nous adapter au réchauffement climatique, comme le préconisent Paul Vergès et le PCR depuis des dizaines d’années. En effet, la fonte des glaces polaires s’est accélérée ces vingt dernières années sous l’effet du réchauffement climatique, surtout au Groenland, contribuant pour 20% à la montée des océans sur cette période, selon l’estimation la plus précise jamais faite à ce jour et publiée jeudi dernier.

Une équipe internationale de chercheurs a effectué cette étude importante, qui a été publiée dans la revue américaine "Science" du 30 novembre, au moment où se déroule la dernière conférence de l’ONU sur le climat à Doha, au Qatar. Selon cette équipe d’experts, le niveau de la mer s’est élevé en moyenne depuis 1992 de plus de 55 mm (3 mm par an), dont la plus grande partie est attribuable à l’expansion thermique de l’eau. Ces scientifiques ont estimé à 11,1 mm au total l’élévation des océans ayant résulté de la seule fonte des deux plus grandes calottes glaciaires de la planète.

Estimations plus précises

Environ deux tiers des glaces fondues se situaient au Groenland et le reste dans l’Antarctique, précisent ces chercheurs, qui se sont appuyés sur un grand nombre d’images satellites de la NASA et de l’ESA, l’agence spatiale européenne. Ces dernières estimations se situent dans la fourchette du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en 2007. Mais, soulignent ces scientifiques, les écarts constatés étaient alors tellement grands qu’il était impossible de déterminer si la masse de glace de l’Antarctique se réduisait ou s’accroissait.

Ces dernières estimations, beaucoup plus précises, confirment que l’Antarctique et le Groenland ont perdu plus de glace qu’ils n’en ont regagné chaque année depuis 1992, et que ce phénomène s’est amplifié. Ainsi, le Groenland et l’Antarctique perdent ensemble aujourd’hui plus de trois fois plus de masse glaciaire que dans les années 1990, faisant passer leur contribution à la montée des océans de l’équivalent de 0,27 mm à 0,95 mm par an.

Mieux prédire la montée des eaux

Mais la fonte des glaces s’est surtout fortement accélérée au Groenland où elle a quintuplé, souligne Erik Ivins du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, l’un des principaux co-auteurs de l’étude. En contraste, les changements dans la calotte glaciaire de l’Antarctique ont été moins drastiques, des pertes notables dans l’Ouest du continent ayant été compensées en partie par des gains dans l’Est.

« Je pense qu’une des leçons que nous avons apprises dans cette recherche avec le Groenland, c’est que contrairement à ce que nous pensions, nous ne comprenons pas vraiment la dynamique des calottes glaciaires » et surtout la raison de l’accélération de la fonte, a expliqué le chercheur lors d’une conférence de presse téléphonique.

« Nous devons à présent mieux comprendre la physique des plaques de glace durant la période que nous venons d’observer, afin d’élaborer des modèles capables de mieux prédire la montée du niveau des océans d’ici la fin du siècle » , a-t-il ajouté.

La fonte devrait s’accélérer

« Cette estimation des pertes de la masse de glace aux pôles depuis 1992 n’est qu’une photographie de la situation pour cette période, mais on s’attend à ce que le réchauffement continue, ce qui devrait accélérer la fonte des glaces durant le reste de ce siècle » , a prévenu Ian Joughin, glaciologue au Polar Science Center Applied Physics Laboratory de l’Université de l’État de Washington (Nord-Ouest).

Cette dernière étude, fruit de la collaboration de 47 chercheurs de 26 laboratoires, a permis d’harmoniser toutes les approches pour obtenir de bien meilleures estimations. « Maintenant, nous avons les mêmes critères de comparaison », s’est félicité Ian Joughin.

Depuis 1998, les scientifiques ont publié au moins 29 estimations différentes des pertes de glaces polaires et de leur contribution à la montée des océans, allant d’une augmentation de 1,9 mm par an à une baisse de 0,2 mm.

Climat : des chiffres très inquiétants

Chaque fin d’année est propice à la prévision énergétique et climatique. C’est en effet le moment où se réunissent les États signataires de la convention des Nations unies sur le climat. Et où paraît le "World Energy Outlook" , le très attendu rapport prospectif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ses prévisions pour 2035, sans être surprenantes, sont très inquiétantes.

La consommation mondiale d’énergie va encore augmenter d’un tiers d’ici là. Elle sera tirée par la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient, les pays occidentaux devant voir leur demande progresser de 3% seulement. Ce sont essentiellement les énergies carbonées qui seront mobilisées (+14% pour la consommation de pétrole, + 21% pour le charbon et +50% pour le gaz).

Résultat : les émissions de CO2 liées à l’énergie devraient passer de 31,2 gigatonnes en 2011 à 37 en 2035. Ce qui devrait entraîner, vers la fin du siècle, une hausse des températures moyenne de 3,6°C par rapport à l’ère préindustrielle. Presque le double des 2°C estimés supportables pour l’humanité et que la communauté internationale s’était engagée à ne pas dépasser. Ces chiffres sont d’autant plus alarmants qu’ils intègrent les efforts déjà promis par les pays développés et les émergents.

Selon l’étude "Low Carbon Economy Index", c’est même un réchauffement de 6°C qui pourrait être atteint. Pour le cabinet d’audit, la messe est pratiquement dite. L’intensité carbone (la quantité de carbone émise rapportée au Produit intérieur brut) de la planète a diminué de 0,8% par an en moyenne durant les années 2000. Pour ne pas dépasser les 2°C, il faudrait qu’elle baisse six fois plus vite tout au long des quarante prochaines années.
Le niveau des mers augmente plus vite que prévu

Publiée ce 28 novembre dans la revue britannique "Environemental Research Letters", une étude estime que les prévisions sur la montée des mers, publiées dans les troisième et quatrième rapports d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), doivent être revues à la hausse.

Elle montre que le niveau des mers a augmenté de 3,2 millimètres par an entre 1993 et 2011, selon les données observées par le Centre national d’études spatiales, soit 60% de plus que la prévision du GIEC, qui tablait en 2007 sur une hausse de 2 mm par an sur la même période, à partir de données enregistrées jusqu’en 2003.

Cette sous-estimation serait due à l’accélération de la fonte des calottes glaciaires, estiment les trois experts du climat, Stephan Rahmstorf, de l’institut de recherche sur le climat de Potsdam, Grant Foster, de la société américaine Tempo Analytics, et Anny Cazenave, du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales.

Si le GIEC a estimé que la hausse du niveau des mers serait comprise entre 18 et 59 cm d’ici la fin du siècle, notamment à cause de la dilatation de l’eau liée au réchauffement, ces scientifiques concluent qu’elle pourrait être supérieure et dépasser 1 mètre.

« Cela signifie que les zones situées à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, comme au Bangladesh, vont disparaître » , a déclaré Grant Foster, l’un des co-auteurs.

Mais de nombreuses régions côtières sont également menacées, comme les côtes Pacifique et Atlantique des Etats-Unis, considérées comme des points chauds de la montée des eaux.

« Il va y avoir des centaines de millions de réfugiés climatiques, ainsi que de possibles guerres et toutes sortes de conflits pour l’accès aux ressources. Pour les grandes villes côtières comme New York, les effets attendus sont probablement ce qu’on a vu pendant l’ouragan Sandy » , a ajouté Grant Foster.
Conférence de Doha sur le climat

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